IxÎV EFFETS DE L’ART DE L* HOMME
que l’art de l’homme peut emplojer, ont produit , par
la force de la nature , des espèces Secondaires, lesquelles
par elles-mêmes, ou par leur union avec les
primitives , ont'dait naître des espèces tertiaires , etc.
Chaque degré de cet accroissement successif offrant un
plus grand nombre d’objets que le degré précédent,
les a. montrés séparés les uns des autres par des intervalles
plus petits, et distingués par des caractères moins
sensibles •, et c est ainsi que les produits animés de la
création sont parvenus à cette multitude innombrable
et à cette admirable variété qui étonnent et enchantent
l ’observateur.
D’un autre côté, on peut supposer que, dans les pre-
mieis âges, toutes les maniérés d être ont été employées
par la Nature , qu elle a réalisé toutes les formes , développé
tous les organes, mis en jeu toutes les facultés,
donné le jour à tous les êtres vivans que l’imagination
la plus bizarre peut concevoirg que dans ce nombre
infini d especes, celles qui n avoient reçu que des moyens
imparfaits de pourvoir à leur nourriture , à leur conservation
, à leur reproduction , sont tombées successivement
dans le néant ; et que tout s’est réduit enfin
à ces espèces majeures, a ces êtres mieux partagés, qui
figurent encore sur le globe.
Quelque opinion qu’il faille préférer sur le point du
départ de la Nature créatrice, sur cette multiplication
croissante , ou sur cette réduction graduelle , l’état
RCtuel des choses ne nous permet pas de ne pas consi-
S U R LA NA T U R E D'E S POI S SONS . lxV
dérer la Nature vivante comme se balançant entre les
deux grandes limites que lui opposeroient à une extrémité
un petit nombre d’espèces primitives, et à l’autre
extrémité l’infinité de toutes les espèces que l’on peut
imaginer. Elle tend continuellement vers l’une ou vers
l’autre de ces deux limites, sans pouvoir maintenant eu
approcher, parce qu’elle obéit à des causes qui agissent
en sens contraire les unes des autres, et qui, tour-à-
tour victorieuses et vaincues, ne cèdent lors de quelques
époques, que pour reparoître ensuite avec leur
première supériorité.
Quel spectacle que celui de ces alternatives ! quelle
étude que celle de ces phénomènes ! quelle recherche
que celle de ces causes ! quelle histoire que celle de
ces époques !
Et pour les bien décrire, ou plutôt pour les con-
noître dans toute leur étendue, il faut les contempler
sous les différens points de vue que donnent trois
suppositions, parmi lesquelles le naturaliste doit choisir,
lorsqu’il examine l’état passé, présent et futur du
globe sur lequel s’opère ce balancement merveilleux.
La température de la terre est-elle constante, comme
on l’a cru pendant long-temps? ou la chaleur dont
elle est pénétrée, va-t-elle en croissant, ainsi que quelques
phjsiciens l’ont pensé? ou cette chaleur décroît-
elle chaque jour, comme l’ont écrit de grands naturalistes
et de grands géomètres, les Leibnitz, les
Buffon, les Laplace?
TOME III.