XÜV EF FET S DE L’ ART DE L* HOMME
regardées a la Chine et dans d’autres contrées de l’Asie
comme un mets des plus exquis".
Sur plusieurs rivages peu fertiles , on ne peut compléter
la nourriture de plusieurs animaux utiles, et,
par exemple, celle des chiens du Kamtschatka que la
nécessité force d’atteler à des traîneaux ,<ou des vaches
de Norvège, destinées à fournir une grande quantité
de lait, que par le mojen des vertèbres et des arêtes
de plusieurs espèces de poissons.
Avec les écailles des auimaux dont nous nous occupons
, on donne le brillant de la nacre au ciment
destiné à couvrir les murs des palais les plus magnifiques
, et on revêt des boides légères de verre , de
l ’éclat argentin des: perles les plus belles de l’Orient.
La peau des grandes espèces se métamorphose dans
les ateliers en fortes lanières , en couvertures solides
et presque imperméables à l’humidité , en garnitures
agréables de-bijoux donnés au luxe parle goût \
Les vessies natatoires et toutes les membranes des
poissons peuventêtre facilement converties, dans toutes
les contrées, en cette colle précieuse sans laquelle les
arts cesseroient de produire le plus grand nombre de
leurs ouvrages les plus délicats.
L’huile qu’on retire de ces animaux, assouplit, amé- 1
1 Relation de l'ambassade de lordMacartney d la Chine.
»•Voyez les articles àe la raie sephen, du squale requin, du squale roussette
, des acipen&ères A e[ c,
SUR LA NATURE DES POISSONS. xlv
liore , et conserve dans presque toutes les manufac-,
tu r e s , les substances les plus nécessaires aux produits
q u e lle s doivent fournir ; et dans ces contrées boréales
où régnent de si longues nuits , entretenant seule la
lampe du pauvre , prolongeant son travail au-delà de
ces tristes jours qui fuient avec tant de rapidité , et lu i
donnant tout le temps que peuvent exiger les soins
nécessaires à sa subsistance et à celle de sa fam ille ,
elle tempère pour lui l’horreur de ces climats tén é breux
et gelés, et l ’affranchit lui et ceux qui lui sont
chers des horreurs plus grandes encore d’une extrême
misère.
Que l’on ne soit donc pas étonné que Bellon , partageant
l’opinion de plusieurs auteurs recommandables,
tant anciens que modernes , ait écrit que la Propontide
étoit plus utile par ses poissons , que des champs fertiles
et de gras pâturages d’une égale étendue ne pour-
roient l’être par leurs fourrages et par leurs moissons.
Et douteroit-on maintenant de l’influence prodigieuse
d’une immense multiplication des poissons
sur la population des empires? On doit voir avec
facilité comment cette merveilleuse multiplication
soutient, par exemple, sur le territoire de la Chine,
l’innombrable quantité d’habitaus qui y sont, pour ainsi
dire^ entassés. Et si des temps présens on remonte aux
temps anciens, on peut résoudre un grand problème
historique ; on explique comment l’antique Egypte
nourrissoit la grande population sans laquelle les