depuis deux jusqu a cinq décimètres ; et quoique
Juvénal ait écrit qu’un mulle. qui paroît devoir être
rapporté à la même espèce que notre surmulet, a pesé
trois kilogrammes, on ne peut pas attribuer à un surmulet,
ni à aucun autre mulie, le poids de quarante
kilogrammes, assigné par Pline à un poisson de la mer
Rouo-e , que ce grand écrivain regarde comme un
mulle , mais qu’il faut plutôt inscrire parmi ces silures
si communs dans les eaux de 1 Égypte, dont plusieurs
deviennent très-grands, et qui, de meme que les
mulles , ont leur museau garni de très-longs barbillons.
Le mulle surmulet a la chair blanche,. un peu feuilletée
, ferme, très-agréable au goût, et, malgré l’autorité
de Galien, facile à digérer, quand elle n’est pas
très-grasse. Nous avons vu dans 1 article précédent,
qu’il étoit, comme le rouget, pour les Romains qui
vivoient sous les premiers empereurs, un objet de
recherche et dé jouissance insensées. Aussi ce poisson
avoit-il donné lieu au proverbe, Ne le mange pas qui
le prend. Les morceaux que l’on en estimoit le plus,
étoient la tête et le foie.
Tl cp nnnrrît ortvTirmîrpmpnt rlp unissons très-ieunes*
de cancres, et d’animaux à coquille. Galîèijsa écrit
que l’odeur de ce poisson étoit désagréable, quand il
avoit mangé des cancres ; et suivant Pline, il répand
cette mauvaise odeur, quand il a préféré des animaux
à coquille. Au reste, comme le surmulet est vorace, il
se jette souvent sur des cadavres , soit d hommes, soit
d’animaux. Les Grecs croy oient même qu’il poursuivoit
et parvenoit à tuer des poissons dangereux ; et le
regardant comme une sorte de chasseur utile, ils
l’avoient consacré à Diane.
Les surmulets vont par troupes, sortent, vers le
commencement du printemps, des profondeurs de la
mer, font alors leur première ponte auprès des embouchures
des rivières, et, selon Aristote, pondent
trois fois dans la même année, comme d’autres mulles,
et de même que plusieurs trigles.
On les pêche avec des filets, des louves *, des nasses,
et sur-tout à l’hameçon ; et dans plusieurs contrées,
lorsqu’on veut pouvoir les envoyer au loin sans qu’ils
se gâtent, on les fait bouillir dans de l’eau de mer
aussitôt après qu’ils ont été pris, on les saupoudre de
farine, et on les entoure d’une pâte qui les garantit de
tout contact de l’air.
N o u s ,pe rapporterons pas le conte adopté par
AthénéfT au sujet de la prétendue stérilité des surmulets
femelles, causée par de petits vers qui s’engendrent
dans leur corps lorsqu’elles ont produit
trois fois. Nous ne réfuterons pas l’opinion de quelques
auteurs anciens qui ont écrit que du viu dans
lequel on avoit fait mourir des surmulets, rendoit
incapable d’engendrer, et que ces animaux attachés
* Voyez , relativement à la louee, l’article du pélromjzon lamproie-.