Depuis le temps d’Aristote jusqu’à nos jours, cet
animal a été l’objet d’uue attention constante; on l’a
examiné dans ses formes, observé dans ses habitudes,
considéré dans ses effets : on ne s’est pas contenté de
lui attribuer des propriétés merveilleuses, des facultés
absurdes., des forces ridicules; on l’a regardé comtpe
un exemple frappant des qualités occultes départies
par la Nature à ses diverses productions ; il a paru
une preuve convaincante de l’existence de ces qualités
secrètes dans leur origine et inconnues dans leur
essence. Il a figuré avec honneur dans les tableaux
des poètes, dans les comparaisons des orateurs, dans
Achandes. Id. lib. 3 , cap. i rfo l- 71 , a..
Echeneks. Gesner3 Aquat.p. 440.
Remora. Aldrovand. lib. 3 , cap. 22 r p. 336.
Id. Raj.p. 71.
Id. Rondelet> Hist, des poissonsy part. 1 , lib\ i 5 ? chap. 17.
Echeneis remora. Appendix du Voyage à la Nouvelle-Galles méridionale}
par Jean While3 premier chirurgien de Vexpédition commandée par le
eapitaine Philipp 3 p. 296, pl. 64 , fig. 3.
Willughby 3 Ichthyol, append, p. 5«, tab. 9,,fig- 2.
Echeneis. Amoenit. academie. 1 , p. 6o3.
Gronov. Mus. 1 , p. 12 , n. 33 j et Zooph. p. 'dm n. z56.
Echeneis cæruleseens, ore retuso. Klein3 Miss. pisc. 4,7?. 5i 9 n. 1,
Remora corpore tereti. Petiverr3 Gazoph. I. 44, tab. 12.
Adam Olearii3 Gottorfische hmstkammer3 p. 42 , tab. z5.
Bellonj Aquat. p. 440.
Sloan. Jamaïç. 1 , p. 8.
Catesb. Carolin. 2 , tcib. 26.
Du Tertre3 Antill. 2? p. 209, 222.
Rémora- Edwards3 tab. 2 1 0 fig . infer.
les récits des' voyageurs , dans les descriptions des
naturalistes ; et cependant à peine , dans le moment
où nous écrivons, l’image de ses traits, de ses moeurs,
de ses effets, a-t-elle été tracée avec quelque fidélité.
Écoutons, par exemple, au sujet de ce rémora, l’un
des plus beaux génies de l’antiquité. « L’échénéis, dit
Pline, est un petit poisson accoutumé à vivre au milieu
des rochers : on croit que lorsqu’il s’attache à la carène
des vaisseaux, il en retarde la marche; et de là vient le
nom qu’il porte, et qui est formé de deux mots grecs,
dont l’un signifie je retiens, et l’autre navire. Il sert à
composer des poisons capables d’amortir et d’éteindre
les feux de l’amour. Doué d’une puissance bien plus
étonnante, agissant par une faculté morale, il arrête
faction de la justice et la marche des tribunaux :
compensant cependant ces qualités funestes par des
pfopriétés utiles, il délivre les femmes enceintes des-
accidens qui pourroient trop hâter la naissance de
leurs enfans ; et lorsqu’on le conserve dans du sel,
son approche seule suffit pour retirer du fond des
puits les plus profonds for qui peut y être tombé * ».
Mais le naturaliste romain ajoute, avant la fin de la
eélèbre histoire qu’il a écrite, une peinture bien plus-
étonnante des attributs du rémora; et voyons comment-
il s’exprime au commencement de son trente-deuxième
livre.
* Pline 7 lip. 9, chap. 25..