E F F E T S 1) E L’A R T DE l ’ h OMME
l’océan , les fleuves , les ri vières et les lacs , et qui, par
la nature de leur séjour , sont plus soumises à l’influence
de la nourriture , du climat, de la saison , ou
de la qualité des eaux , présentent des races très-distinctes,
et séparées l’une de l’autre, par leur grandeur,
leur force, leurs propriétés ou la nature de leurs organes.
Qu’on les croise ; c’est-à-dire, qu’on féconde les
oeufs de l’une avec la laite d’une autre.
Les individus qui proviennent du mélange de deux
races , non seulement valent miêux que la race la moins
bonne des deux qui ont concouru à les former, mais
encore sont préférables à la meilleure de ces deux races
qui se sont réunies. C’est un fait très-remarquable, très-
çon&taté , et dont on n’a donné jusqu’à présent aucune
explication véritablement satisfaisante , parce qu’on ne
l ’avoit pas considéré dans la classe des poissons, dont
l’acte de la génération est beaucoup plus soumis à
l’examen dans quelques unes de ses circonstances , que
celui des mammifères et des oiseaux qui avoient été
les objets de l’étude et de la recherche des zoologues.
Rapprochons donc ce qu’on peut dire de ce curieux
phénomène.
Premièrement, une race qui se réunit à une seconde,
éprouve, relativement à l'influence quelle tend à exercer,
une sorte derésistance que produisent les disparités
et les disconvenances de ces deux races : cette résistance
est cependant vaincue, gaçge qu’elle est très-limitée.
Et l’on ne. peut plus ignorer en physiologie, qu’il n’en
SUR LA N A T U R E DE S P O I S S ON S . if
est pas des corps'organisés et vivans comme de la
matière brute et des substances mortes. Un obstacle
tend les ressorts du corps organisé , de manière que*
son énergie vitale en est augmentée , au point que lorsque
cet obstacle est écarté, non' seulement la puissance
du corps vivant est égale à ce qu’elle étoit avant
la résistance , mais même qu’elle est supérieure à la
force dont il jouissoit. Les disconvenances de deux
races qui se rapprochent, font donc naître un accroissement
de vitalité, daction et de développement, dans'
le produit de leur réunion.
Secondement, dans un mâle et une femelle d’une
race, il n’y a que certaines portions analogues les unes'
aux autres, qui agissent directement ou indirectement
pour la reproduction de l’espèce. Lorsqu’une nouvelle1
race s’en approche, elle met en mouvement d’autres'
portions qui, à cause dè leur repos antérieur, doivent
produire de plus grands effets que les premières.
Troisièmement, les deux races mêlées l’une avec
l’autre ont entre elles des rapports desquels résulte un
grand développement dans les fruits de leur union,
parce que ce développement ne doit pas être considéré
comme la somme de l’addition des qualités de l’une
et de l’autre des deux races, mais comme le produit
d’une multiplication, et y ce qui est la même chose,
comme l’eftet d’une sorte d’iutus-susception et de combinaison
intime , au lieu d’une simple juxta-position
et d’une jonction superficielle.