grand nombre autour des requins. Ses mouvemens ne
sont pas toujours faciles : mais comme il est plus grand
et plus fort que le rémora, il se nourrit quelquefois
d’animaux à coquille et de crabes ; et lorsqu’il adhère
à un corps vivant ou inanimé, il faut des efforts bien
plus grands pour l’en détacher que pour séparer un
rémora de son appui.
Commerson, qui l’a observé sur les rivages de l’isle
de France, a écrit que ce poisson fréquentoit très-
souvent la côte de Mozambique, et qu’auprès de cette
côte on employoit pour la pêche des tortues marines,
et d’une manière bien remarquable, la facilité de se
cramponner, dont jouit cet échéuéis. Nous croyons
devoir rapporter ici ce que Commerson a recueilli au
sujet de ce fait très-curieux, le seul du même genre
que l’on ait encore observé.
On attache à la queue d’un naucrate vivant, un
anneau d un diamètre assez large pour ne pas incommoder
le poisson, et assez étroit pour être retenu par
la nageoire caudale. Une corde très-longue tient à cet
anneau. Lorsque 1 échénéis est ainsi préparé, on le
renferme dans un vaseplein d’eau salée, qu’on renouvelle
très - souvent ; et les pêcheurs mettent le vase
dans leur barque. Ils voguent ensuite vers les parages
fréquentés par les tortues marines. Ces tortues ont
1 habitude de dormir souvent à la surface de l’eau sur
laquelle elles flottent ; et leur sommeil est alors si
léger, que 1 approche la moins bruyante d’un bateau
pêcheur suffirait pour les réveiller et les faire fuir à
ée grandes distances, ou plonger à de grandes profondeurs.
Mais voici le piège que Ton tend de loin à
la première tortue que l’on apperçoit endormie. On
remet dans la mer le naucrate garni de sa longue
corde : l’animal, délivré en partie de sa captivité,
cherche à s’échapper en nageant de tous les côtés. On
lui lâche une longueur de corde égale à la distance
qui sépare la tortue marine, de la barque des pêcheurs.
Le naucrate, retenu par ce lien , fait d’abord de nouveaux
efforts pour se soustraire à la main qui le maîtrise
; sentant bientôt cependant qu’il s’agite en vain ,
et qu’il ne peut se dégager, il parcourt tout le cercle
dont la corde est en quelque sorte le rayon, pour
rencontrer un point d’adhésion , et par conséquent un
peu de repos. Il trouve cette sorte d’asyle sous le plastron
de la tortue flottante, s’j attache fortement par
le moyen de son bouclier, et donne ainsi aux pécheurs,,
auxquels il sert de crampon , le moyen de tirer à eux
la tortue , en retirant la corde.
On voit tout de suite la différence remarquable qui
sépare cet emploi du naucrate, de l’usage analogue
auquel on fait servir plusieurs oiseaux d eau ou de
rivage, et particulièrement des cormorans , des hérons»
et des butors. Dans la pêche des tortues faite par le-
moyen d’un éehénéis, on n’a sous les yeux qu’un
poisson contraint dans ses mouvemens, mais conservant
la même tendance, faisant les memes efforts