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■ rude, que l’on peut comparer à celle de plusieurs cartilagineux,
et notamment de la plupart des squales.
La couleur que présente la surface presque entière
de l’animal, est d’un gris brun ; mais la nageoire du
dos., ainsi que celle de l’anus, sont agréablement
variées par des raies courbes, jaunes ou dorees.
Cette même nageoire dorsale s’étend depuis la nuque
jusqu’à une assez petite distance de la nageoire caudale.
La ligne latérale est voisine du dos, dont elle suit
la courbure j l’anus est situé très-près de la base des
thoracines, et par conséquent plus éloigné de la
nageoire caudale que de la'gorge.
La nageoire de l’anus est un peu plus basse et
presque aussi longue que celle du dos.
La caudale est échancrée en forme de croissant, et
les deux cornes qui la terminent sont composées de
ravons si alongés, que lorsqu’ils se rapprochent , ils
représentent presque un cercle parfait, au lieu de ne
montrer qu’un demi-cercle.
De plus, on voit auprès de la base de cette nageoire,
et de chaque côté de la queue, deux plaques osseuses,
que Commerson nomme de petits boucliers| dont chacune
est grande dit. ce vojageur, comme l’ongle du
petit doigt de l’homme, et composée d’une lame un
peu relevée en carène et échancrée par-devant.
On doit appercevoir d’autant plus aisément ces deux
pièces qui forment un caractère remarquable , que la;
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longueur totale de l’animal n'excède pas quelquefois
trente-cinq centimètres. Alors le plus grand diamètre
vertical du corps proprement dit, celui que l’on peut
mesurer au-dessus de l’anus, est de dix ou onze centimètres
; la plus grande épaisseur du poisson est de
quatre centimètres ; et la partie de la corne frontale
et horizontale, qui est entièrement dégagée du front,
a un centimètre de longueur.
Commerson a vu le licornet auprès des rivages de
l’isle de France; et si les dimensions que nous venons
d’indiquer d’apres le manuscrit de ce natuialiste,
sont celles que ce nason présente le plus souvent dans
les parages que ce vojageur a fréquentés , il faut que
cette espèce soit bien plus favorisée pour son développement
dans la mer Rouge ou mer d’Arabie. En effet,.
Forskael, qui l’a décrite, et qui a cru devoir la placer
parmi celles de la famille des chétodons, au milieu
desquels elle a été laissée par le savant Gmelin et
par le citojen Bonnaterre , dit qu’elle parvient à la
longueur de cent dix-huit centimètres (une aune ou
environ).. Les licornets vont par troupes nombreuses,
dans cette même mer d’Arabie;on en voit depuis deux
cents jusqu’à quatre cents ensemble ; et l’on doit en-
être d’autant moins surpris, que l’on assure quils ne-
se nourrissent que des plantes qu ils peuvent rencontrer
sous les eaux. Quoiqu ils liaient le besoin ni lhabitude
d’attaquer une proie, ils usent avec courage
des avantages que leur donnent leur grandeur et la