
 
		X v iij  E F F E T S   DE  1.’ ART  D É   l ’ HOMME  
 le  croit, à  des  températures  très-différentes  de  celle  à  
 laquelle  la Nature  les  avôit  soumis.  Ils  s’j   habituent  
 même  lorsque,  vivant  dans  une  très-grande  indépendance, 
   ils  pourroieiit  trouver  dans  des  contrées  plus  
 chaudes  ou  plus  froides  que  leur nouveau  séjour,  une  
 sûreté aussi grande, un  espace aussi  libre,  une habitation  
 aussi adaptée à  leur organisation,  une  nourriture  
 aussi  abondante.  Nous en  avons  uh exemple  frappant  
 dans  l’espèce  du  cheval.  Lors  de  la  découverte  de  
 l’Amérique  méridionale,  plusieurs  individus  de  cette  
 espèce,  amenés  dans  cette  partie  du  nouveau  continent, 
   furent  abandonnés,  ou  s’échappèrent  dans  des  
 contré'eis  inhabitéés  Voisines  du  rivage  sur  lequel  on  
 lès  àvôit  débarqués  :  ils  s’j   multiplièrent ;  et  de  leur  
 postérité sont descéndués  dés  troupes très-nombreuses  
 de  chevaux  sauvages,  qui  se sont  répandus  à  des  distances  
 très-considérables delà mer, se sonttrès-éloignés  
 de  la  ligne  équinoxiale,  sont  parvenus  très-près  de  
 l’extrémité australe de l’Amérique,y occupent de vastes  
 désérts, n y  ont perdu  aucun de leurs  attributs,  ont été  
 plutôt  améliorés  qu’altérés par  leur  nouvelle  manière  
 de  vivre,  y   sont  exposés  à  un  froid  assez  rigoureux  
 pour  qu’ils  soient  souvent  obligés  de  chercher  leur  
 nourriture sous la neige qu’ils écartent aVec leurs pieds;,  
 et  néanmoins  on  ne  peut  guère  disconvenir  que  le  
 cheval  ne soit  originaire du  climat brûlant  de  l’Arabie»  
 Il  n j   a  que  les  animaux  nés  dans  les  environs  des.  
 cercles  polaires,  qui  ont  dès  leurs  premières  années 
 SUR  LA'   NATURE  DES  P O I S ƒ  O NS.  
 supporté  le  poids  des  hivers  les  plus  rigoureux,  et  
 dont  la  nature,  modifiée  par  les  frimas,  non  seulement  
 dans  eux,  mais  encore  dans  plusieurs  des  générations  
 qui  les  ont  précédés)  est  devenue,  pour  ainsi  
 .dire,  analogue  à  tous  les  effets  dun  froid  extreme,  
 qui  né  paroissent  pas  pouvoir résister à  une température  
 très-différente de  celle  à laquelle  ils  ont  toujours  
 été exposés.  Il semble que fa raréfaction  produite  dans  
 -les  solides  e,t  dans  les  liquides  par  une  grande  élévation  
 dans  la  température,  est  pour  les  animaux  un  
 changement  bien  plus  dangereux  que  l’accroissement  
 de ton, d’irritabilité et deforce, que les solides peuvent  
 recevoir de  l’augmentation  du  froid; et voilà pourquoi  
 on  n’a  pas  encore  pu  parvenir  à  faire  vivre  pendant  
 .long- temps  dans  le  climat  tempéré  de  la  France  les  
 rennes  qu’on y   avoit.amenés  des  contrées  boréales  de  
 l’Europe. 
 On doit.donc, itout,égal,d’qilleurs,  essayer dedrqns-  
 porter les poissons.du.midi daqs  les  lacs qp  les  rivières  
 du  nord,  plutôt que.ceux  de,s  contrées septentrionales  
 dans  les  eaux,du midi.,Lors.même  que  Iqs,Rivières  ou  
 les : lacs. daps desquels  on  aura .transporté  les  poissons  
 méridionaux, seront situés de manière à avoir leur surface  
 ofacée  pendant  unè  partie  plus pu  moins  longue  
 de  l’année ,i ces  animaux,pourront .y  vivre.  IlSjSe tien-  
 dront. dans.le .fond.de.leurs. habitations  pendant  que  
 l’hiver  régnera;  et  si  dans  cette  retraite:profonde  jls  
 manquent  d’une  communication  suffisante  avec  1 air