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ou légère, privée de mouvement ou courante, presque
toujours paisible ou fréquemment bouleversée par
d’borribles tempêtes.
Il ne faut pas conclure néanmoins de ce que nous
venons de dire, que toutes les especes de labres aient
absolument la même organisation : les unes ont le dos
élevé, et une hauteur remarquable relativement à leur
longueur, pendant que d’autres , dont le corps et la
queue sont très-alongés, présentent dans cette même
queue une rame plus longue, plus étendue en surface,
plus susceptible de mouvemens alternatifs et précipités.
La longueur, la largeur et la figure des nageoires
offrent aussi de grandes différences, lorsqu’on les considère
dans diverses espèces de labres. D’ailleurs
plusieurs de ces poissons ont les jeux beaucoup plus
gros que ceux de leurs congénères, et conformés de
manière à leur donner une vue plus fine, ou plus
forte, ou plus délicate, et plus exposée à être altérée
par la vive lumière des régions polaires, ou par les
rajons plus éblouissans encore que le soleil répand
dans les contrées voisines des tropiques. De plus, la
forme, les dimensions, le nombre et la disposition des
dents varient beaucoup dans les labres, suivant leurs
differentes espèces. Ceux-ci ont des dents très-grandes,
et ceux-là des dents très-petites; dans quelques espèces
ces armes sont égales entre elles , et dans d’autres
très-inégales ; et enfin, lorsqu on examine successive
ment tous les labres déjà connus, on voit ces mêmes
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dents tantôt presque droites et tantôt très-croclmes,
souvent implantées perpendiculairement dans les os
des mâchoires , et souvent inclinées dans un sens très-
oblique. Il n’est donc pas surprenant qu’il j ait aussi
de la diversité dans les alimens des différentes espèces
que nous allons décrire rapidement; et voilà pourquoi,
tandis que la plupart des labres se nourrissent d’oeufs,
de vers, de mollusques, d’insectes marins, de poissons
très-jeunes ou très-petits, quelques uns de ces osseux,
et particulièrement le tancoïde , qui vit dans la mer
Britannique, préfèrent des crustacées ou des animaux
à coquille, dont ils peuvent briser la croûte, ou concasser
L’écaille.
Au reste , si les naturalistes qui nous ont précédés,
ont bien observé les couleurs et les formes d’un assez
grand nombre de véritables labres, ils se sont peu
attachés à connoître leurs habitudes générales , qui ne
présentant rien de différent de la manière de vivre de
plusieurs genres de thoracins osseux, n’ont piqué leur
curiosité par aucun phénomène particulier et remarquable.
Nous n’avons donc pu tirer de la diversité des
moeurs de ces poissons, qu’un petit nombre d’indications
pour parvenir à distinguer les espèces auxquelles
ils appartiennent. Mais en combinant les traits de la
conformation extérieure avec les tons et les distributions
des couleurs , nous avons obtenu des caractères
spécifiques d’autant plus propres à faire- éviter
toute équivoque, que la nuance et sur-tout les dis