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 écrit que les merles, ainsi que lestourds, se montroient  
 au  printemps,  après  avoir  passé  l’hiver  dans  les  profondeurs  
 des rochers des  rivages marins, qu’ils  étoient  
 alors  rèvêtus  de  leur  beau  noir  chatoyant  en  bleu,  
 et  que  pendant  le  reste  de  l’année  ils  étoient  blancs.  
 Il  faut tout au plus croire que,  dans certaines contrées,  
 le  défaut  d’aliment,  la  qualité  de  la  nourriture,  la  
 nature  de  l’eau,  la  température de ce  fluide,  ou  toute  
 autre  cause semblable,  afFoiblissent l’éclat  des écailles  
 du  labrémerle,  en  ternissent  les  nuances,  en altèrent  
 les tons,  au  point  de les rendre plutôt pâles et  un  peu  
 blanchâtres  que d’un bleu  foncé  et presque  noir.  Quoi  
 qu’il en soit, il ne faut pas passer sous  silence une  autre  
 assertion  d’Aristote,  analogue  à  des  idées  que  nous  
 exposerons dans un des discours  que doit  offrir encore  
 l’histoire que nous écrivons. Ce philosophe a  dit que les  
 merles  poissons  fécondoient  les oeufs  d’autres  espèces  
 de  labres,  et  que  ces  autres  labres  rendoient féconds  
 les  oeufs  des  poissons  merles.  Ce  f^i.t  n’est  pas impossible  
 :  mais  il  en  a  été  de  cette  remarque  comme  de  
 beaucoup d’apperçus  d'homme de génie;  l’idée  d’Aristote  
 a  été  dénaturée,  et  Oppien  ,  par  exemple,'  l’a  
 altérée  jusqu’à  écrire que  les merles  n’étoient  que  les  
 mâles  des  tourds.  Au  reste,  l’iris  du  merle  labre,  est  
 d’un  beau  rouge,  comme  celui  de  plusieurs  oiseaux  
 dont  le  plumage  est d’un  noir  plus  ou moins  foncé.1 
 L’iris  n’est  pas  rouge  dans  le  labre  fuligineux,  mais  
 d’un  jaune  doré.  Ce  fuligineux  a  d’ailleurs'  la  dorsale 
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 d’un  pourpre  noir  avec  quelques  points  bleuâtres;  les  
 pectorales  rougeâtres  avec une tache noire  à  leur  base;  
 les  thoracines  variées  de  bleu,  de  pourpre,  de  noir  
 et de  verdâtre;  l ’anale,  d’un  noir  tirant  sur  le  bleu;  
 la  caudale,  d’un  verd  mêlé  de  brun ;  et  une  petite  
 tache  noire  à  l’extrémité  de  chaque  ligne  latérale. 
 Le  nom du labre  brun  vient  de  la teinte  de  son  dos  
 et  de  sa  tête ,  qui  est  brune;  sa  dorsale,  sou  anale et  
 sa  caudale  sont  bordées  de  verd,  ses  thoracines  légèrement  
 verdâtres,  et  ses  pectorales  jaunes à leur base,  
 et  brunes  à  leur  extrémité. 
 Nous  n’avons besoin  d’ajouter  à  ce  que  nous  axmns  
 dit,  dans  le  tableau générique.,  des couleurs du labre  
 échiquier,  que  quelques mots  relatifs  aux  nuances de  
 ses  nageoires.  On  voit  des  points  et  des  lignes  rouges  
 sur  la  dorsale  et  sur  l’anale;  une  tache  noire  paroît  
 sur  chacune des  pectorales ;  et la caudale est jaunâtre. 
 Une, couleur bleuâtre ou  d’un  verd  foncé, répandue  
 sur la partie  supérieure  de  la  girelle,  relève  avec tant  
 de grâce les raies larges et longitudinales que le tableau  
 générique  nous  montre  sur  chacun  des  côtés  de  ce  
 labre, qu’il n’est pas surprenant qu’on le regarde comme  
 un  des  poissons  de  l’Europe  dont  la parure  est  la  plus  
 belle  et  la  plus  agréable.  La  dorsale  et  l’anale  offrent  
 une bande jaune, une  bande rouge et une  bande bleue  
 placées  l’une au-dessus de  l’autre,  et  l’on  croit que  les  
 mâles sont  distingués  par  deux  taches,  dont  la  supérieure  
 est  rouge  et  l’inférieure  noire,  et  que  l’on  voit  
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