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 bords  très-peu  de  victimes  :  mais  presque  tous  les  
 poissons renfermés dans des  étangs vaseux, encombrés  
 de  joncs  ou  de  roseaux,  et  surchargés  de  débris  de  
 végétaux,  périrent  pendant  la  gelée.  Ce  qui  prouve  
 évidemment  que  la  mort de  ces  derniers  animaux  n’a  
 pas  été  l’effet  du  défaut  de  l’air  de  l’atmosphère  ,  
 comme  le  penseroient  plusieurs  phjsiciens  ,  et  qu’elle  
 ne  doit  être  rapportée  qu’à  la  production  de gaz  délétères  
 qui  n’ont  pas  pu  s’échapper  au  travers  de  la  
 croûte  de  glace,  c’est  que  la  gelée  a  été  aussi  forte  à  
 la superficie  des  étangs  blancs  et  des étangs  nouvellement  
 nettoyés,  qu’à  celle  des  étangs  vaseux.  L’air  de  
 l’atmosphère  n’a  pas  pu  pénétrer  plus  aisément  dans  
 les  premiers  que  dans  les  derniers;  et  cependant  les  
 poissons  de  ces  étangs  blancs  ou  récemment  réparés  
 ont  vécu,  parce  que  le  fond  de  leur  séjour,  n’étant  
 pas  couvert  de  substances  végétales,  n’a  pas  pu  produire  
 les  gaz  funestes  qui  se  sont développés  dans  les  
 étangs  vaseux.  Et  ce  qui  achève,  d’un  autre  côté,  de  
 prouver  l’opinion  que  nous  exposons à  ce  sujet, et  qui  
 est  importante  pour  la  physique  des  poissons,  c’est  
 que  des  oiseaux  de  proie  ,  des  loups-,  des  chiens  et  
 des  cochons mangèrent  les  restes  des animaux  rejetés  
 après  le  dégel  sur  les  rivages  des  étangs  remplis  de  
 joncs,  sans  éprouver  les  inconvéniens  auxquels  ils  
 auroient  été  exposés  s’ils  s’étoient  nourris  d’animaux  
 morts d’une maladie  véritablement pestilentielle. 
 Ce  sont  encore ces  gaz  malfaisans  que  nous devons 
 SUR  LA  NATURE  DES  POISSONS. '   XXÎX  
 regarder  comme  la  véritable  origine  d’une  maladie  
 épizootique  qui  fit  de  grands  ravages,  en  1757,  dans  
 les  environs  de  la  forêt  de  Crécy. M. de Chaignebrûn,  
 qui  a  donné dans  le temps  un  très-bon traité  sur cette  
 épizootie, rapporte qu’elle se manifesta sur tous  les animaux; 
   qu’elle atteignit  les  chiens,  les poules, et s’étendit  
 jusqu’aux  poissons  de  plusieurs  étangs.  Il  nomme  
 cette  maladie fièvre  épidémique  contagieuse,  inflammatoire, 
   putride  et  gangréneuse.  Un  médecin  d’un  excellent  
 esprit,  dont  les  connoissances sont très-variées , et  
 qui sera bientôt célèbre  par des ouvrages  importans,  le  
 citoyen Chavassieu-Daudebert, lui donne,  dans  sa ./Vo-  
 sologie  comparée,  le  nom  de  charbon  symptomatique.  Je  
 pense  que  cette  épizootie  ne  seroit  pas  parvenue  jusqu’aux  
 poissons,  si  elle  n’avoit pas  tiré  son  origine de  
 gaz délétères.  Je  crois,  avec Aristote,  que  les poissons  
 revêtus  d’écailles,  se  nourrissant  presque toujours  de  
 substances  lavées  par  de  grands  volumes  d’eau,  respirant  
 par un organe  particulier,  se servant,  pour  cet  
 acte  de  la  respiration,  de  l’oxygène  de  l’eau  bien plus  
 fréquemment  que  de  celui  de  l’air,  et  toujours  environnés  
 du  fluide  le  plus  propre  à  arrêter  la  plupart  
 des  contagions,  ne  peuvent  pas  recevoir  de  maladie  
 pestilentielle  des  animaux  qui  vivent  dans  l’atmosphère. 
   Mais  les  poissons  des  environs  de  Crécy  n’ont  
 pas  été  à  l’abri  de  l’épizootie,  au-dessous  des  couches  
 d’eau  qui  les  recouvroient,  parce  qu’en  même  temps  
 que  les  marais  voisins  de  la  forêt  exhaloient  les