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faire le besoin impérieux de la faim qui les presse;
au milieu des bandes nombreuses de poissons moins
grands et plus foibles qu’eux; mais encore, peu difficiles
dans le choix de leurs alimens, ils voguent en
grandes troupes autour des vaisseaux , les accompagnent
avec constance, et saisissent avec tant d’avidité
tout ce que les passagers jettent dans la mer,
qu’on a trouvé dans l'estomac d’un de ces poissons
jusqu’à quatre clous de fer, dont un avoit plus de
quinze centimètres de longueur.
On profite d’autant plus de leur gloutonnerie pour
les prendre, que leur chair est ferme, et très-agréable
au goût. Pendant le temps de leur frai, c’est-à-dire,
dans le printemps et dans l’automne, on les pêche avec
des filets auprès des • rivages, vers lesquels ils vont
déposer ou féconder leurs oeufs ; et dans les autres
saisons, où ils préfèrent la haute mer, on se sert de
lignes de fond * que la voracité de ces coryphènes
rend très-dangereuses pour ces animaux. Ce qui fait
d’ailleurs que leur recherche est facile et avantageuse,
c’est qu’ils sont en très-grand nombre dans les parties
de la mer qui leur conviennent, parce qu’indépendam-
ment de leur fécondité, ils croissent si vite , qu’on les
voit grandir d’une manière très-prompte dans les
nasses où ori les renferme après les avoir pris en vie.
* Voyez.' sur les lignes de fond, l’article de la mie bouclée, et celui de
la murène congre.
D E S P O I S S O N S . I 8 3
Ils vivent dans presque toutes les mers chaudes et
même tempérées. On les trouve non seulement dans
le grand Océan équatorial, improprement appelé mer
Pacifique, mais encore dans une grande portion de
l’Océan atlantique, et jusque dans la Méditerranée.