CHAPITRE XXXII.
Du genre Alépisaure (Alepisaurus, Low.)
Il suffit de jeter les yeux sur lexcellentè figure donne'e
par M.' Low, de sou Alepisaurus ferox, pour reconnaître
que ce poisson appartient aux Sàurus, par ses mterinaxil-
iaires, par la constitution de la mâchoire inférieure et par
celle de l'appareil operculaire. Comme je n’ai pas vu ce
poisson, je n’aurais pu en parler que d’après les renseignements
fournis par.,ce naturaliste, et par M. Bennett, qui
l’avait reçu de son correspondant de Madère, si smon
célèbre confrère et ami, M. R. Owen, n’avàit bien voulu
prendre la peine de suppléer à ce qui pouvait manquer
dans une description faite il y a longtemps, et par un
zoologiste qui se plaçait à un point de vue tout différent.
Le savant professeur du collége des chirurgiens, vient de
m’adresser un dessin de grandeur naturelle, où cet habile
anatomiste a représenté, les pièces de la tête avec le soin
et les détails nécessaires. Il confirmejes idées que j’avais
de l’Alépisaure, en me faisant mieux connaître les quatre
os de- l’opercule ; car les dents ont été figurées £Lve<u,beaucoup
d’exactitude dans les Mémoires de la Société zob-
logique.
De même que la nature semble avoir-“composé l’Aulope
avec des. emprunts faits aux Scorpènes^et à plusieurs genres
voisins, on peut dire qu’elle a voulu réunir dans le poisson
qui va faire.le sujet de cet article, plusieurs traits
caractéristiques tirés des Sphyrènes, des Lépidopes et de
plusieurs autres genres encorç. Les observations que j’ai
faites sur l'Aulope démontrent pourquoi je place l’Alépi-
saure auprès des Sauras. Je ne suis donc pas de l’avis des
naturalistes anglais qui m’ont précédé, et qui ont cru
devoir ranger dans la famille des Tænioïdes le poisson
très-curieux dont ils ont fait la découverte.
■ : M. Webb m’a fourni des documents précieux qui me
font croire à’ l'existence d’une sec.ôndn’tespèce quil a reçue
des- Canaries.
Ces matériaux me font caractériser ainsi le genre Alé-
pisaüfei'i
Les Alépisaures ont la mâchoire supérieure formée par
des intermaxillaires armés' de' petites dents sur toute la
fongùeur ; les palatins ont des dents plus longues, comprimées,
triangulaires comme des lancettes; elles dépassènt
considérablement les autres dents, et elles rappellent tout
à fait celles des Lepidopus. M. Owen en compte quatre
grandes en avant, suivies de sept autres plus petites. Le
chevron du vomer en porte trois plus longues que toutes
lés autres. A la mâchoire inférieure, nous voyons une grande
dent triangulaire, précédée de deux petites, suivies de
sept plus,courtes; le dessin de M. Owen en représente
une trèsr-longue à la place où M. Low en a figuré trois
grandes^ puis viennent les dents triangulaires égales et serrées
; une pareille mâchoire isolée ressemble beaucoup à
celle de notre Sphjroena barracuda. Les différentes pièces
de la mâchoire inférieure doivent être autant distinctes
que celles de l’Aulope. Les auteurs n’indiquent que six ou
sept rayons à la membrane branchiostège. L’opercule est
petit; rinteropercüle est au contraire très-long, et borde
en dessus le sous-opercule et même l’opercule. La dorsale