CHAPITRE‘XXV.
Du genre Serràsalme (Serrasalmus).
Laeépède, qui avait commencé à séparer plusieurs
genres de celui des Salmo de Linné, en s’appuyant principalement
sur les travaux d’Artedi, a établi le .genre
Serrasalxne, qui ne comprenait dans son ouvrage qu’une
seule esp§çe, le Salmo rhombeus d>e,Linné. M. Cuvier, qui
continua ces réformes par la création des.genres Mylètes
et Chaînées, augmenta la lism des Serrasalmes par la des-,
cription de trois espèces nouvelles. Spix et Agassiz ën âjom
tèrent deux autres. Il est assez étonnant que M. Cuvier,
qui donnait une si grande importance a.u Caractère de la
dentition, et spécialement dans les Salmonoïdeë, puisque
tous ses genres nouveaux sont en quelque sorte fondés
sur la forme des dents, n’ait pas toujours fait un usage
complet d^es; excellents caractères que lui auraient fournis
ces organes, dans les Salmonoïdes qu’il avait sous les yeux.
Il me parait singulier que, dans le-genre des Serrasalmes,
il nait pas insisté sur la présence des dents palatines; car
oet important caractère n’avait pas échappé à la sévère
exactitude de Pallas. Bloch et de Laeépède, ses copistes,
n’en parlent que d’après l’auteur du Specilegia. M. Cüvier
y. avait fait attention; mais en ne le considérant que
comme un caractère spécifique qu’il oppose à celui de la
seconde espèce, dans laquelle il ne trouve aucune dent
aux palatins. Il n’en est pas moins vrai que M. de Lacé-
m n’a point formulé la diagnose du genre qu’il établissait
avec raisonj et qu’on ne-trouve rien de plus positif dans
le Règne animal. Ce travail, qui restait à faire, a ete produit
avec suqcès par M. Muller, dans sa Monographie des
Characins. i
■;Les Serrasalmes sont caractérisés par leurs dents triangulaires
et tranchantes sur un seul rang aux intermaxillaires,
à la mâchoire inférieure et.aux palatins, comme si la nature
avait voulu donner une -plus grande force au jeu de la
mâchoire supérieure 5 elle a développé lintermaxillaire de
manière à ce- qu’il borde tonte l’arcade supérieure de la
boqche. Le maxillaire, presque entièrement caché par cet
os on par le sous-orbitaire, n’est ni très-petit ni même
avorté ; mais placé derrière t ’intermaxillaire et sous le
sous-orbitaire, il donne, par ses âpophyses^aillantes, un
point d’appui solide au bord de la mâchoire; d’où il résulte
que, dans leur jeu>, les dents se rencontrent en s’engrénant;
sans que les branches qui les portent piiissent vaciller.
Cette organisation fait que les dents coupent avec nettete.
Le* corps de ces poissons est? comprimé, en général de
forme rhomboïdale, parce que l’kiseriion du premier
rayon dé la dorsale et de l’anale e s t# point le plus élevé"
de chaque profil; le ventre: caréné et $ dentelé; audevant
de Tanns il y a un double rang'd’aiguillons ; lé
premier interépineux de la dorsale porte une épine couchée
en avant, et deux pointes écartées en arrière; la fente
des branchies est assez large ; il n’y a que quatre rayons à
la membrane brancKiostège; l’iùtestin ne fait qu’une seule
circonvolution ; l’estomac est üii sac conique très-grand;
les appendices pyloriques varient de treize >à' vingt-un.
Tels sont les caractères génériques de' ces poissons célèbres;
dans top te l’Amérique, non pas seulement par leur