L ’une d’elles a le dessus du crâne plus large, et moins creux ; le
museau plus -pointu, ainsi que la saillie de la mâchoire inférieure.
Cette acuité est très-sensible dans les individus encore jeunes qui
n’ont guère que huit à neuf pouces de longueur. Les dents sont
plus grêles et plus espaceès, et celles des palatins sont sur une
bande plus large. Le poisson a d’ailleurs le corps pliis long, mais
tout aussi arrondi que celui de nos côtés. La pectorale est un peu
moins tronquée.
B. 1 6 / L 1 3 — ia;jÇ. 25‘i P. 14; V.'8.
La couleur est un gris argenté sur le d.os*et,devenant plus blanc
^sous le ventre. Le lobe inférieur de la caudale a du noirâtre.
Nous avons reçu ces poissons de la Martinique par M\
Plée, et de Saint-Domingue par M. Ricord. Ce médecin
nous apprend que le poisson, peu commun dans la baie
de Port-au-Prince, y>est connu sous le nom de Merlan.
L’espèce me paraît: aussi se porter sur les côtés de fAmé-
rique septentrionale ; car nous en avons reçu un exemplaire
assez grand, long de seize pouces, envoyé par M. le
docteurHolbroock. D’un autre côté, je vois l’espèce gagner
les côtes de l’Amérique méridionale, puisque des exemplaires
se sont trouvés dans les collections envoyées de
Bahia au Musée de Genève, qui les a communiqués! au
Muséum national de Paris ; cette espèce faisait aussi partie
des collections recueillies longtemps avant, & Rio-de-Janeiro,
par M. de Lalande.
Si les naturalistes que nous avons à citer ontrindiqué
avec certitude la localité des individus dont «je vais parler,
ce Sauras serait du petit nombre des poissons qui passent
de l’océan Atlantique dans le grand océan Pacifique autour
du cap Horn. En effet, MM. Lesson et Garnot ont désigné
le port Payta pour lieu d’origine de l’exemplaire qu’ils ont
rapporté Ade l’expédition commandée par le capitaine Du-
perrey. La même^espèce aurait été retrouvée au meme
endroit vingt ans plus tard par M.‘Léclancher, lorsque, cet
officier .de marine récolta quelques poissons, qu il a donnes
au Muséum d’histoire naturelle pendant la campagne de
la frégate la Reine-Blanche., sous les ordres de M. l’amiral
Dupetit-Thouars., v , - <•
C’est une des espèces mal déterminées par les auteurs
systématiques qui nous ont précédés ; elle aurait pu cependant
l’être depuis longtemps; car cé's, ichthyologiStes ont
eu successivement sous lés ÿëüx plusieurs figures de cette
espèce. -On peut' dire| que. la plus ancienne est celle qni
appartient au manuscrit du P. Plumier; mais.il faut avouer
quelle' est une des plus incorrectes que ce botaniste nous
ait laissées ; elle manque de dents ^ et, malgré cette imperfection,
il est impossible de ne pas reconnaître notre
Saurus à museau prolongé dans la figure qui a été arbitrairement
colorée en rouge très-foncé. Le dessin de Plumier
porte cette phrase ï Trutta marina, rictu aculo, P.
Plumier. La copie a été emplôyée. par M. de Lacépède;
pour en faire sa Corégone rouge {Coregonus ruber). Si
l’on n’avait pas sous les yeux.l’original de cette gravure , il
serait difficile de reconnaître notre espèce dans la copie
donnée par l’ichthyologiste français *. Avant la publication
du dessin de Plumier, les naturalistes avaient une figure
de notre espèce dans l’Histoire de la Caroline, de Gatesby.
Le Saurus ex cinereo nigricans représenté, planche 2,
figure 2, me paraît y appartenir; la figure de Gatesby ressemble
assez bien au poisson de Charleston, cite plus haut, 1
1. Lacép., t. V, p. 144, n.° 8.