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donne une idée auffi claire des chofes , que l’image des mêmes chofes
faite dans le tems SC d’après nature-. De là vient que ceux qui fur le
récit des auteurs ont tracé l’image des choies qu’ils décrivent, quelque,
application qu’ils y aient pu apporter, ne fontprefque jamais arrivez
à les exprimer telles qu’elles font. Cela fe voit quand on vient
à deterrer quelque bas relief chargé de figures-, décrites par d’anciens
auteurs , ôc ci-devant defhnécs par des favans modernes-. L’imagé
naturelle de la chofe éclipfe alors , tout d’un coup celle que nous
nous étions formée fur. le récit du premier, ôc fur les deffeins donnez
par le fécond, qui ne les avoittracez qu’en devinant : tout de
même qu’un voiageur à qui l’on avoit fait cent fois la defcription
d’une ville , trouve tout nouveau quand il la voit de fes propres
yeux. Ce premier afpeéb efface tous les traits imparfaits qu’il s’en
étoit formé fur des récits, q u i, quelque clairs qu’ils puiffent ê tre ,
n’arrivent jamais à apprendre ce que le premier coup d’oeil fait con-
noitre. Les images tirées des monumens font prefque les effets d’une
defcente fut les lieux, 5c nous mettent devant les yeux ce que nous
n’entendions qu’à demi. Lipfe qui avoit tant étudié les Antiquitez
Romaines, a donné des peintures d’après la defcription des auteurs,
il en a fouvent tâté plufieurs pour trouver la véritable. Depuis lui
plufieurs de Ces images fe font trouvées fur des originaux , 5c l’on s’eft
d’abord apperçu que Lipfe avoit prefque toujours mal deviné.
Avec le fecours de ces monumens , on tire incomparablement
plus d’utilité de la ledture des anciens. Les images nous inftruifent
plus furement fur bien des chofes que les auteurs mêmes 3 5c augmentent
de beaucoup le pkifir de la ledture. Ce fecours eft neceffaire à
ceux meme que leur grand favoir éleve le plus au deffus du commun i
il leur aide à comprendre bien des chofes qu’ils n’ont pas entendues ,
5c à corriger leurs idées fur d’autres. C’eft principalement dans cette
parère, quam imago ipfa rcrum , ipfis re-
dus præfentibus depi&a vel exprefta. -Hinc
acciait lit ii qui ex feriptorum narratione
imaginem rerum delineavere j'quantacum-*
que àdhibita diligentia, nunquam fere in
allata figura rei veritatem aüequuti fint;
I-llud autem deprehendimus, verbi caufa/
quando anaglyphum quodpiam eruitur, fi-
guris onuftum, quæ figuræ a veteri quo-*'
dam auctor e deferiptæ , ab alio noftri vel
patnim ævi ad illius fidem delineator fue-
rint; Tune enim imago ilia vera recens
êriita, figuram quam prior verbo defcrip»
ferat , pofteriörque clivinando delineave-
r a t, ex imaginatione noftra ftatim éliminât
, illiiilque locum occupât : hand fecus
quam, ciim peregrinator quifpiam, qui de
tirbis aheujus fitu fbrmaque narrantes plu-
timoS audivitj nóva omnia confpicitj quando
ipfis oculis earn intuetur. Primus enim
conlpe£his illam priorem imaginem delet,
quam ex auditu. multOrum conceperat 3-
quantacumque enim narrèntur , non pofc
fiint ea quas primus ocuiorum confpethis
percipic, reprarfentare. Imagines enim hu-
jufmodi ex monimentis edu6tar rem quafi
pnefencem conftituunt, 8c ea qiue vix ap-
prehendere poceramus , fuböculos ftatuunt.
Lipfius qui Komanórum antiqiiitati explo-
ran das tot armos infumferacex aiuftorum
defcriptione multa delineavir 3 8c quidem
quam accuratiftimé potuit* Poftea autem
verjE rerum imagines in nïomimentis re-*
pertx fiint j tuneque deprebenfum eft ra-
ro Lipliumrem ut erat exprelfillc;
Hommee mönumentorum ope longe major
utilitas öx veterum le’óHoric decerpitur;
Imagines quippe rerum j cum certiorem pari
unt notiuiam, qiiam fcriptores, turn le-
«ftionis yoluptatem admodum adaugent.
Hoe fübfidii gen ere opus habent etiam illi,
qui in re literaria proceres habentur 5 ut
multa qu^ non probe' perceperant appre-
Jbenderc poflint, 8c alia quac male percepe-
P R E F A C E * m
vue que j’aî formé le defTcin de cet ouvrage, qui réunit toutes les figures
ôc les range en differentes çlaffes marquées. Ceux qui voudront
déformais fe rendre habiles dans'tout ce qui regarde l’Antiquité, doivent
commencer d’abord par ces monumens j c’eft un grand préparatif
pour avancer beaucoup en peu de temsi
Quelle facilite n a-t-on pas a bien entendre l’hiftoire ancienne,
lorfqu on a vu de fès propres yeux la forme des divinitez de toute
efpece , les -temples, les rites des facrifices-j qu’on à remarqué fur des
images fuies les habits de la plupart des anciennes nations connues,
-1 ordie & la difpofition de la table ôc des repas, la forme des vafes, les
poids, lesmefures, lesbatimens publies, les ceremonies des noces,
les bains, les -thermes, les inftrumens de mufique, le détail de la
guerre Sc les funérailles 5 qu’on a v û , dis-je, tout cela d’après des originaux
faits dans les tems mêmes ? ■
Un autre avantage non moins conftderable qu’on peut tirer de ces
monumens , c eft la connoiflance d’un grand nombre de chofes 3 que
les auteurs n apprennent pas. Il n’y a aucune, partie de l’Antiquité
qui lien puifte fournir plufieurs exemples. Quel auteur a jamais parlé
de Cÿbele reprelentce a l entree d’un temple fur la poitrine d’un Ar-
chigalle ? Ou a-t-on vu toutes les parties du tems perfonifiées 5c quelques
unes déifiées i Les auteurs n’en difent prefque ‘rien ’, 5c lès monumens
nous les montrent en grand nombre. Si l’on parcourt les divinitez
connues, on n’en trouvera prefque point dont les marbres ne
nous fourniffent quelque figure inconnue aux mythologues ôc aux hi-
ftoriens. Ce que nous y apprenons de Mithràs , dont le culte étoit fi
célébré aux premiers fieeles du Chriftianifme, fait une longue hiftoire,
donc 011 ne trouve prefque rien dans les anciens livres. Combien d’autres
divinitez n y voit-on pas, dont les auteurs n’ont jamais parlé i
ranc emendenr; H icmihi prarcipuus fuitfti-
tnulus,ut huic operi rnanum .ulmoverem, in
qiio imagines nacivo ordine ponümur. Qüi
rem andquai-iam totam aflequi voluerini,
ab hifee ftatim mönimentis incipiant oportet
; inde enim major celeriorqiie profeftus
.apparabitur;
- ; Quam facile enimhiftöriam veterem capras
, cum ipfis oculis videris deorum om-
rrium formas, rempla y facrificiorum ritus
varros j cum imagines veras perceperis ve-
ftium cujufvis fere nationis ; menfe ordia
nem & figuram confpexeris ,-vafa, pondc-
ray menliiras, ädificia publica y nuptiarum
ritus diverfos , balnea , thermas y inlfru-
nieuta mufica ■ belli rationem & ordinem,
runera; cum ha:c, iuquam, ipfis oculis vi-’
deris , ut prrfeis i-llis temporibus dclincata
func j
Ex liifce porro vctcrum mönimentis
alrud., nec minus habendum, cmolumen-
(tjm percipitur; multarum nempc rerum
notitiaquam apud fcriptores fruftra quæi
ras. Inter diverfas Antiquitatis explanatæ
partes , nulla eft qua: hujufnaodi exempla
noi}. fuppeditet. Qüis fcriptoriim ünquam
Cybelcm memoravit in Archigalli petlore
reprsefentatam, & in oftio templi rbidem
exhibitam ; TJbinam vidimus temporis partes
omues pcrfonaïum more expreflas',
aliquot earnm inter numina habitas ) N U
hil fere hac de re apud fcriptores occur-
rit y fed mafmora & anaglypha hæc palfim
exhibent. Si percurfas numina omnia, vix
quodpiam deprehendas, cujus figttramali-
quam , auftoriblis &mythologis ignotam 3
monumenta non repræfentent. Quæ in
liujufmodi monimentis de Mithta edifeit
mus , cüjus cultus erat prioribus Ch rif,
tianifmi fæculis cclcberrimus ; ilia fane
prxlongam hiftoriam efficiunt , de qua
nihil fere in veterum 1 ibris oceurrit; Qucc
etiam ignora numina ibidem oxliibcntur, de
quibus ne verbum quidem apud fcriptores >