
** P R JE F
la verfion de M. 1 A b b e , le cinquième
nommé Bel, que l’m adore dans les Indes,
ne me paroi t pas recevable'. Pour
ce qui eft de ma trad u é iio n , le cinquième
eft l’ Indien , qui efl appelle Bel, elle ne
dît pas qu’il fu t Indien de naiflance ;
mais elle exprime le lens de Cicéron
fans y rien ajouter : en forte que de
quelque maniéré qu’on veuille entendre
in India, 1 Indien y viendra toujours
b ie n , & félon un ufige reçu. Si
vous entendez par in India, né dans les
In d e s, l Indien quadrera fans doute; on
1 appellera l’Indien, comme on appelle
Apollon Deliaque, & Baccbus The-'
b a in , parce qu’ils font nez l’un à De-
lo s , 1 autre a Thebes. Si • vous voulez
qu A lignifie adoré dans les In d es, on
di a Hercule l’In d ien , Corinne on dit
Jupite r Capitolin , Apollon Palatin ,
Venus E ryc ine, Ju non Samienne , ■&
ta n t d au tre s, q u ittep o rto ien t le nom
■ du pays ou des lieux, que parce qu’ils
y etoient adorez. Si par in India vous
entendez.,- qui a fait un voyage ou. une
expédition dans les Indes , ce q uipour-
roit-bieri être ici. Je lens. de Cicéron ;
o n l’appellqroit l’Indien 3 cômme nous
difons Baccbus 1 Indien , p atc e io u ’ii
a fait une expédition, dans lesJndestjtfiJ
Apollon i ’Hyperboréen ,lparce que fo-
lo nD io d p re d e Sicile & d ’autres, il a
fa it un. voiige au payis des Hyperbo-
réens. Cicéron eft h concis dans: ces livres
d e là Nature-des dieux , qu’il eft
fouyent fiifceptible de differens fons
& qu’on ne p e u t, finis bazarder beaucoup
le. déterminer à un de cés fens-
la. Je croi q u en ce cas. le devoir du
Èràduçleùreftjde le rendre aufli indéterminé
dans la craduétion , qu’il l’eft
dans le.texte. M. 1 A bbe Olivet auroit
donc bien fait‘de traduire ic i, Jjuwtus
ïn India, le cinquième eft l’In d ien , ou
le cinquième, éft celui de l’In d e , comme
l i a traduit p eu après a f article d’Ap
o llo n , Quartiis im--Arcadia, un quatrième
d Arcadie, fins dire qu’il y étoit n é ,
n i qu il y étoit adoré', comme il a fait
ici : car je ne croi pas . que in India, Je
A C E .
rapporte pl us à colitur, qui eft plus liaùt,
que in Arcadia dans le paflàge cité , .fe
rapporte au natus de la phrale précédente*
Voici le paflàge tout entier :
Jftuartus eTl Jovis dy Afterix Latonx foro-
ris , qui Tyri maxime colitur, cujusKartba-
ginemfiliam ferunt. Quintus in India, qui
Belus dickw. Je fuis perfùadé que Quin-
tus in India fe doit prendre ici de même
que JJuartus in Arcadia plus bas,
fans aucun rapport à la phrafè de devant.
S’il falloir ici déterminer l'in India
a quelqu un des fons marquez ci-
deflus, j’aimerois mieux fous-entendre
qui in India fu it. Il fit effectivement félon
la fable un voiage dans lés Indes,
ou il attaqua une roche appellée Aor-
n e , & ne p u t la prendre : c’eft ce que
rapportent Diodore de Sicile ( a ) , Ar-
rien dans la vie d ’Alexandre le g ran d ,
& Quint-Curce (b). Mais le plus fur eft
de laifler dans la rraduefion le fons in déterminé
comme il l’eft dans le texte.
De tout ce que je viens de d ire , il ré-
fulte que cette traduction de M. l’Ab-
be O liv e t, le cinquième nommé Bel, que
l on adore dans les Indes, eft au moins ha-
zardée. Mais s'il a prêté ici à Cicéron
une penlée qu’il n’âvoit apparemment
pas:,:il n ’a pas.aflurément bien pris le
fons-de. cet auteur dans la phrafo fui-
vante. Voici là remarque.
Sextüs hic ex Alcumena, dyc. Le P. de
Montfamon dit .-Le. fixiéme eft le nôtre
&c. Mais Cicéron ne dit point que ce dernier
Hercule fû t précifement celui des Romains
: au contraire,.il vient défaire tout
à l'heure, cette queflion ; Encore faut-il lavoir
quel 1 eft 1Hercule que nous révérons
principalement : il l'auroit bien oubliée
, s’il étoit allé dire rondement peu de. '
lignes après, Le fixiéme eft le nôtte.
Cicéron n ’a très-aflùrément rien oublie
ici ; c eft M. l’Abbé lui-même qui
a oublié que Cicéron avoit fait la q u e f
tion pour la décider, & qu’il la décide
en effet par aa.hic, fupprimé dans la
verfion Françoife, Pour bien entendre
i-I P s«s4-
\b.) Lib. 8.
ceci*
P. R E P
eeci, il faut rapporter lé pafîage Latin
to u t entier. a&pra potijftmum Herculem
colamüs foire fane velim : plures enim tra-
dunt nobis i i , qui interiores ferutantur dy
réconditas literas, antiquifftmum Jove na-
tum, fed antiquijfirno item Jove : nam Jo -
Ves quoque plures in prifeis Grxcorum lite-
ris invenimus s ex, eo igitur dy Lyfito eft is
Hercules, quem concertavijfe cum Apolline
detripode accepimus. Alter traditurNilo natus
Ægyptius, quem aiurtt Phrygias literas
confcripfifte. Tertius eft ex Idxis HaUylis,
cui inferias affenmt. Jjluartùs eft Jovis dy
Afterix, Latonx fororis, qui Tyri maxime
colitur, cujus ICarthaginem filiam ferunt.
Jftuintus in India, qui Belus aicitür. Sex-
tus hic ex Alcumena, quem Jupiter genuit,
fe d tertius Jupiter s quoniam, ut jam doce-
ho, plures Joves etiam accepimus.
. Il eft vifible que Cicéron fe propofo
ici la queftion pour, la réfoudre. A quoi
b o n diroit-il, Je voudrois favoir quel eft
lHercule que nous révérons i.-fi après avoir
fait la recherche de tous les Hercules,
& en avoir compté jufqu’à. fix , il paf-
foit froidement à.une autre matière,
fans dire un m o t fur ce qu’il vouloit
tantfàvoir? Il décide ians doute la queftion
qu’il avoit mife devant fes recherches
: Je voudrois favoir, d it-il, quel eft
l’Hercule que nous révérons principalement s
& après en avoir compté cinq , il s’arrête
au fixieme. Sextus hic, le fixieme
eft celui-ci, ou le. n ô tre , ou celui que
nous adorons. Cicéron fait ici ce que
nous faifons tous les jours ; nous rapportons
plufieurs fontimens pour adopter
le dernier de tous. M. l’Abbé Olivet
qui a traduit ainfi, le fixiéme, celui
que Jupiter a eu d’Alcmene , de voit fans
douce tourner comme m o i, le fixiéme
eft le nôtre j ou rendre l’équivalent d e
cette expreflion, qui marque que Cicéron
recherchant quel étoit l’Hercule
qu’on adoroic à R om e , décide que c’é-
toit le fils d’Alcmene. C'eft dequoi je
m’affure que conviendront tous ceux
qui liront avec attention ce paffage.
Plus bas ou il eft parlé de ceux qui
portoient le nom de Diofcures , on lit
Tome I.
A C E, sexj
dans, toutes les. éditions fie Cicéron s
Prrmi très, qui appellantur Anaces, Athenis
ex Jove rege antiquiftimo j y Proferpina nazi,
dyc. M. l’Abbé O liv e t, qui a ôté
dans fo n texte Latin la virgule de devant
Athenis, .& l’a mife apres, fait cette
note : M. le P refirent Boulier dans fa
remarque fu r cet endroit demande : Jh ù a
jamais dit que ces dieux fujfent nez a Athènes
? Le P. de Jylontfauçon, répond M.
l’A b b é , la dit en traduifant ce paffage.
Il a été trompé par la ponctuation vulgaire,
comme j ’aurais pu t être fans le f cours J un
Critique aufft. exaft dy aufft attentif que
M. le Prefideni Barnier,.
Il me fomhle que Je P. de Montfau-
con, qui a fuivi toutes les éditions", 6d
qui n aiant point en vue fie corriger le
texte , ne traduifoit qu’en paffant certains
en d ro its, ne devoir pas paroitrè
ici. Mais puifque me, voila fur les rangs,
je fuis en droit.d’examiner fila virgule
étoic en fa place, ou non.
J ’avoue,d’abord que fi cette queftion
devoir être decidee par autorité , on
n ’en peut apporter une plus grande
que,-celle de M. le, Prefideot.Bouhier:
chacun connoit le, grand favoir de ce
digne M agiftrat en tout genre de lite-
rature. J ’ai eu autrefois l’honneur de
difputer publiquement avec lui fur les
Thérapeutes de Philon : & quoique
nous nous foions feparez comme Hector
Sc Ajax , chacun ferme dans fon
p a rti, je puis lui rendre ce témoignag
e , que je n’ai jamais vu tant d'érudition
jo in te à rant.de politeffo ; & que
de tous ceux qui avoient foutenù fon
fontiment, perfonne., fans en exceptet
mênle Scaliger ., n ’a vu fi bien que lui
le point de la difficulté. Mais comme
la critique ne plie point fous l'autorité,
je fuis perfùadé que M. le Prefident
Bouhier trouvera bon que j’examine fi
la virgule qui étoic devant Athenis eX
Jove, dyc. doit être après Athenis. Si on
la m e t après Athenis, le lens fora : Les
trois premiers, qu on. appelle Anaces a Athènes
, fils du roi Jupiter le plus ancien, dyc.
Si la virgule fe doit mettre d e v a n t, il
a a