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J. Le culte de la Fortune s’étend à tous les âges. IL Images antiques de la Fortune
théor ies Grecs. 111. Autres tirées des médaillons du Roi. Wft Petite flatu'è fin-
guliere de La Fortune. V. Divinités farticulieres des villes. VI. De Calcédoine.
Vil. D’Egiale. VIII. De Clazomene, & autres.
[ T l n’y avoir point de divinité plus en vogue anciennement que la For-
I tune, ni qui eût tant de temples à Rome, ou qui y fût honorée fous
tant de différentes formes. Les hommes ont corrigé leurs idées fur ce point :
on ne la peint plus en tant de maniérés, mais le culte n’en eft guère môindre
qu’anciennement. Combien y à-t’il de gens de tous états qui font leur dieu
de leur fortune | ■.
II Les Grecs avoient auffi des idées particulières fur la Fortune. Pindare
rapporté par Paufanias 7. 16. difoit que la Fortune etoit une des Parques, plus
puiffante que fes finirs. Il eft dit là-même, qu’à Egire il y avoir une idole de
la Fortune qui portoit la corne d’Amalthée, & qu’auprès d elle étoit un Cu-
pidon ailé, pour fignifier, dit-il, qu’en amour la Fortune réüffit mieux que la
bonne mine. Homere dans fon hymne fur Cerés, h pourtant cette hymne eft
de lui, met la Fortune comme fille de l'Océan : car dans 1 iliade & dans lO -
dyffée il n’eft jamais parlé de la Fortune, du moins fous le nom de U eft
pourtant certain que le culte de la Fortune fous ce nom étoit ancien dans la
Grece. Paufanias dit au même endroit que les Phareates avoient un temple &
une ftatuë antique de la Fortune, ifZ*ïw : ceft^ le terme dont il
fè iert ordinairement pour marquer ces anciens temps ou la ftatuaire n etoit
point encore en là perfe£tion,& qui precedoient de quelques fiecles Phidias Sc
Praxitèle : cependant il dit un peu plus bas que Bupalus habile dans la ftatuaire,
fit le ^premier de tous ceux qu’on connoiffoit une ftatuë de la Fortune pour
ceux de Srriyrne ; mais félon le texte grec, il femble que cela fe puiffe entendre
ainfi, qu’il fit le premier une ftatuë de la Fortune, qui portât le pôle fur la
C A P U T VL
Z. Cultus Fortune omnes p e r v a d it At a t es.
I L Vete r es apud Gracos Fortuna icônes.
1I I % Im agine s e x num m is regiis e d u f f a»
I V . P a r v a Fortuna ß a t u a fin g u la r is .
Va N um in a urbium peculiar!a . V L Chal-
cedonis. V I L E giale s. V I I L Clazomena
& aliarum .
ï, -V -r Ullum olim numen, majore quam Fortuna
i_ \| religione colebatur : nullum tot templaRo-
mæ habuic, torque modis, formis arque nomini-
bus cultum fuir. Longe minori apparatu hodierni
homines Fortunam depingunt ; fed mifla, ut par
erac, ilia imaginum Fortunæ varietate : non mulco
minore tarnen cultu illam profequuntur. Quot
enim adhuc exilant cujufvis conditionis homines,
qui non aliud quam Fortuna: numen colunt ?
II. Graeci quoque non trito vulgarique modo
de Fortuna cogitabant. Pindarus à Paufania allatus
lib. 7. c. ié. dicebat Fortunam elfe Parcarum unam
foröribus potentiorem. Ibidem quoque adjicitur,
fuiflè Egirae Fortuna: fimulacrum , Amalthca: cor-
nu geftantem, & juxta illam Cupidinem adftitiflè
alatum j ut fignificaretur, inquit, ïn amore plus
poflè Fortunam , quam formam. Homerus hymno
in Cererem , fi tarnen hic hymnus eft Homeri ,
Fortunam Ocèani filiam ftatuit. In Iliade namque
& Odyflèa de Fortuna ne yfi quidem occurrit ,
hoe fcilicet nomine ivyri., Exploratum tarnen eft
Fortunae cultum hoe etiam nomine in Graecia veterem
fuiflè. Paufanias eodem loco dicit, Pharea-
tas templum habuiflè, Fortunaeque fimulacrum;
vetus , Tvyni aycLh[j.a ctiy&iov. Hac autem loqucndi
formula utitur, ut antiqua illa tempora indicet,
in qucis ars ftatuaria nondum ad perfeótam ufque
formam proceflcrat, qux tempora aliquot faeculis
Phidiam atque Praxitelem antecederent. Attamen
idem ipfe paucis interpofitis air inferius > Bupalum
peritum elegantemque fculptorem Smyrnreis Fortunae
ftatuam fecifle: at videtur fecundum Grarco-
rum feriem id fic intclligi poflè; nempe Bupalum
primum Fortunx ftatuam illam fculpfifle, quae po-
lum capite geftaret. H»c cornucopise brachio ge-
:m i s o y ;