
a .o S U P P L E M E N T D E L’A N T . E X P L IQ ^ L i v . I.
étoit honorée du même culte que Pandrofe , on diroit qu’il veut mettre
cette Pandrofe pour la troifiémc Heure; & en effet, le nom Grec convient
à une Heure, & à une.faifon de l’anne'e où la rofée domine; comme
Thallote, félon la force du mot Grec, marque celle qui pouffe des feuilles,
& Carpo celle qui porte des fruits. Je croirois volontiers qu’il y a ici quelque
erreur dans le texte de Paufanias. Hygin c. 185. met n eu f heures filles
de Jupiter & de Thémis, ou félon d’autres jufqu’àdix. Ces varietez fe-trou-
vent par .tout dans la mythologie.
I J. Ce qui eft certain eft que le cpmmun des Grecs n’admettoit anciennement
que trois Heures, ou trois Saifons; félonies témoignages d’Hefio-
d e , d Apollodore, & de l’auteur que nous avons fous le nom d’Orphée.
Phidias ne reprefenta que trois Heures avec les trois Grâces fur le trône
de Jupiter Olympien. Diodore de Sicile n ’en compte aufli que tro is, lorfi.
qu il dit que Minerve eft appellée parce qu’elle change trois fois
de n ature, au Printems, en Eté & en Hy ver. Il dit encore de Mercure,
qu il inventa la ly re , & qu’il y m it trois cordes , par rapport aux trois fons,
1 a ig u , le grave & le moïen ; l’aigu répond, d it-il, à l’Eté , le grave à l’Hy-
Ver, & le moïen au Printems; Il dit aufft qu’Ofiris & Ifis, qu’on prend pour
le Soleil & la L u n e , gouvernent tout le m onde , qu’ils le nourriffent & lui
donnent l’accroiffement , faifant leur circuit par un certain mouvement
invifible , divifé en trois Saifons, le Printems , l’Eté & l’Hyver.
111. Il eft donc certain que du moins la plupart des anciens Grecs, n’admet-
toient que trois faifons, le Printems, l’Eté & l’Hyver, & donnoient quatre
mois à chacune. Cela n ’a pas toujours été general; dans la pompe de Ptole-
m e e , Penteteris qui fignifie le luftre, étoit îuivie des quatre Heures, ou des
quatre faifons, qui portoient chacune les fymboles qui les diftinguoient.
Aucun des monumens qui font venus jufqu’à nous , ne reprefente les Saifons
au nombre de trois, quoiqu’il foit certain qu’anciennement les Grecs
n ’en avoient pas davantage. Les fondions des Heures ou des Saifons, font
décrites par Homere en fon livre cinquième de l’Iliade: ce font elles, dit-il,
qui gardent les portes du C ie l, & à qui on a donné la charge de goufuifTe
cultu exornatam quo Pandrofus', plane dice-
res eum Pandrofum illam, ut tertiam Horam habere
, & vere nomen ipfum Horse five anni tem-
peftaci confonat, in qua ros dominacur, & omnia
operit 3 Thallote vero fecundum etymon Grsecse
vocis, earn indicat qure flores emittit, ut & Carpo
illam quae frudfcus profert. Libenter crederem in
Paufanise ferie hie aliquid errati admifliim fuifle.
Hyginus cap. 183. novem Horas elfe dicit Jo vis
& Themidis fiiias, vel fecundum alios decern.
A pud fabulatores enim illos nullus varietatum
finis.
II. Certum utique eft prifeos Gracos tres tan-
tum Horas feu anni Tem peftates admifilfe, tefti-
ficantibus, ut dixi, Hefiodo , Apollodoro, 8c illo
alio qui Orphei nomine circumfertur. Phidias ,
narrante Paufania 1. 5. c. 11. tres Horas trefque
Gratias in folio Jovis Olympii fculpfit. Diodorus
item Siculus tres & ipfe Horas numerat, cum ait
l. i. p. 12. Minervam ideo $t-ny&i<w vocari, quod
ter in anno naturam mutet, vere, jeftate & hieme.
Mercurium item ait lyram inveniffe, in qua tres
chordas pofueritad tres tonos edendos, acutum ,
.gravem 8c medium j acutus., inquit, ad «ftatem
refertur, gravis ad hiemem, médius ad vernum
tempus. Narrat quoque 1.1. p. ‘n . Ofiridem & Ifi-
dem qui pro fole 8c luna haoentur, mundum to-
tum regere, alere, ipfique incrementum dare , mo-
tu quodam invifibili circuitum fuum abfolventes,
qui motus in tres dividitur tempeftates, in ver.
æftatem & hiemem.
.111. Exploratum ergo eft Græcorum maximam
partem prifcis illis temporibus tres tantum anni
Tempeftates admififfe , ver, æftatem , hiemem.
Neque tarnen omnes omnino Græci ita femper
computarunt. In pompa namquè Ptolemæi Phila-
delphi ex Athenæo 1. 5. c. 99. Penteteridem five
luftrum fcquebantur Horæ quatuor, quarum fin-
gulæ ad tempeftatem fuam pertinentia fymbola
geftabant. In nullo monumentorum , quæ admo-
ftram ufque ætatem tranfmifia funt, Horas feu
anni tempeftates tres numero , deprehendimus
etiamfi certum exploratumque fit, olim Græcos *
quantum faltem ad maximam partem , non plur.es
numeraviffe. Horarum feu anni Tempeftatum officia
ab Homero deferibuntur Iliados lib. v.
AüTO(M.'TVX J i 7TVKXI [xôtùt O U y a Sçcu
T ns QÙfjWOS Q y . h U 7t,
verner cette vafte étendue du Ciel & de l’Olympe, de raffembler les nues
& de les diffiper. Il entend parle Ciel cette grande région de l’efpace étherée,
que les faifons perfonifiées gouvernent. Elles ouvrent le Ciel quand elles
diffipent les nuages ; & elles le ferment lorfque les exhalaiions de' la terre
fe condenfent en nuées, & nous cachent la vûë du Ciel, du Soleil & des
aftres : les autres Mythologues, Theocrite , Ovide, donnent aux Heures
les mêmes fondions.
IV. Les Heures ou les Saifons, étoient reconnues pour déeffes. Les Athéniens
dans les facrifices qu’ils leur offraient, dit Philocore dans Athenée,
faifoient bouillir les viandes, & jamais rôtir. Ils prioient ces déeffes de leur
donner une chaleur modérée , afin qu’avec le fecours des pluies, les fruits
de la terre vmffent plus doucement à maturité. Elles avoient auffi un temple
à Athènes. Amphiàyon, Roi d’Athènes, aïant appris de Bacchus à tremper
le vin, ceux qui prirent cette leçon marchèrent droit depuis ce tems-là,
eux qui marchoient auparavant tout courbez quand ils buvoient le vin pur.
En reconnoiflance, il érigea un Autel à Bacchus qui wa. droit dans le Temple
des Heures, qui nourriffent le fruit de la vigne : près de celui-la, il en fit un
autre aux Nymphes déeffes des eaux; c’étoit comme une leçon aux buveurs
qu’il falloir tremper le vin. Ce temple étoit fans doute dédié aux trois Heures,
ou aux trois faifons ; car dans ces anciens tems , comme nous avons déjà
d it, on n ’en comptoit que trois, que nous n ’avons pas encore vûes en ce nombre
dans les anciens monumens : tous ceux qui nous reftent en ont quatre.
Les Grecs reprefentoient les Heures ou les faifons en femmes, parce que
cifa. l’heure eft du genre féminin-, il y apparence quils ont toujours retenu
cet ufage. Les Romains perfonifîoient de même les ebofes, félon le
genre de leurs noms ; c’étoit au moins leur ufage le plus ordinaire ; & comme
les faifons qu’ils appelloient anni tempora, étoient du genre neutre, ils
les exprimoient fouvent par des jeunes garçons qui avoient des ailes, ou
par de fort petits enfans fans ailes, quipouvoient être rangez fous le genre
neutre. Le beau monument de M. Foucault, aujourdhui de Mr. de Boze,
H’ p miKutu ■xuwlv i‘P°s ImiCnai
Sporne autem porte mpuerunt coeli, .quas ch-
fiodiebant Hors. ,
Quibus commïfîum eft magnum c&lum Olym-
puftfHC,
V t & aperiant denfam nebulam, & claudant.
Cum cælum dick Homerus , magnam illam re-
gionem ætherei fpatii intelligit, quam Tempefta-
tes regunt humana^ forma éffi£tæ. Cælum àutem
aperiums,.cmando nubes expellunt, difïïpantque 3
elaudune cuhr-tçrræ exhalation.es in nubes adden-
fantur, & afpedtu Tôlis^Junæ, ftellarum nos inter-
cludunt. Eadem Horarum officia deferibunt My-
thologi cæteri, Theocritus 8c OYidius-
IV. Horæ feu Tempeftates anni ut deæ colc-
banmr. Athenienfes in lacrificiis, quæ Horis offe-
rebantur, inquit Philocorus apud Athenæum 1.14.
p. f>56. carnes elixabant, non affabant, deas pre-
cantes, ut æftus nimios arcerent-, quæ vero pro-
deunt c terra, moderato calore & tempeftivis im-
bribus ad commodam maturitatem deducerent.
Erat Athenis Horarum templum, ut narrat Philocorus
apud Athenæum lib. 2. p. 38. Amphidfcion,
inquit, .rex Athenienfium cum a Baccho didiciffet
vini temperandi rationem, primus diluit: 8c idcir-
co qui fic mi'Xtum biberunt homines, reóti ambu-
larunt, cum antea curvi ob merr potum incede-
rent. Ob tantum beneficium aram Redlo Baccho
in Horarum templo erexit, quoniam Hora vitis
fruftum educant , 8c proxime illam aram Nym-
phis alteram ftruxjt, documentum bibituris, vinum
temperandum efTe. Hoc haud dubie templum tribus
tantum Horis, tribufve Tempeftatibus dicatum
erat. Illis quippe temporibus, uti jam diximus^ tres
tantum Hora cenfebantur; licet illo numero Hol
ras nondum viderimus in Veteram monumentis ;
in omnibus enim qus fuperfunt quatuor exhibentur.
Graci ut diximus, Horas ut mulieres feu Nym-
ph_as exhibebant , qpia gënèris eft feminmi:
quern moremTemper retihuiife videntur. Romaiii
vero. perinde rebus, formam adferibebant huma»
nam ; fecundunx genus nominis quo quseque ap-
pellabatur, 3 id fane ex" ufu frequentiore conftat :«
8c quoniam Hora , Tempora penes ipfos appella-
bantur, quas yox neutrius eft generis , aut alatis
pueris illas exprimebant, aut puërulis infantibus,
qui viderentur .ad neutrum, genus pertinere. Égre-
gium illud monumentum D. Foucault f«
quod jam ad virum cl. de Boze pertinet, a nobis
C iij