
depuis le pied, il y avoir une quantité prodigieufe de temples. Quelques,
uns les ont fait monter jufqu a trois cent foixante : ce qui paroît incroyable ;
il eft toujours certain que le nombre en étoit fort grand. De ces temples
plufîeurs étoient conlacrés à Jupiter, tous fort petits, hors celui qu on ap-
pelloit le temple de Jupiter Capitolin, qui avoir deux cent moins feize pieds
de lo n g , & une largeur proportionnée : chacun de ces temples^ avoit des
ftatuës de Jupiter. Nous allons examiner ces ftatuës, pour voir fi à la faveur
des marques que l’hiftoire nous fournit for chacune en particulier, nous
pourrions reconnoître celle dont nous parlons. ^
Le Jupiter du grand temple qu’on appelloit par excellence Jupiter Capitolin
, étoit anciennement de plâtre , félon quelques-uns , ou de terre
cuite félon les autres on le fit depuis d or maffit : ce ne peut donc etre celui
ci , qui eft de beat? marbre de Paros. Outre cette ftatuë principale, il
y avoit dans ce temple une autre ftatuë de Jupiter apportée de Prenefte par
T. Quintius Cincinnatus ; mais celle-ci ayant été faite peu après le commencement
de la République Romaine, longtemps avant que d habiles
Sculpteurs Grecs , ou leurs ouvrages , vinflfenc à Rome , on ne peut pas même
foupçonner que ce ïoit celle dont il eft queftion. Dans la cour du meme
temple on voyoit une ftatuë de Jupiter de bronze, & une aune de Jupiter
furnommé lmperator , portée de la Macedoine pat T. Quintius Flatninius.
Celle-ci, dit Cicéron, fut frappée de la foudre & refaite enlüice : & comme
les excellens ouvriers Grecs nétoient pas encore venus à Rome, je
ne crois pas qu’on puifle raifonnablement dire que c’écoic celle qu’on
voit aujourd’hui a Verlailles. Les autres Jupiter du Capitole, qui avoient
chacun leur petit temple, étoient Jupiter Feretrius, le Jupiter confacré par
Lucius Furius Prêteur, un autre par Quintus Marcius Ralla. Tous ces Jupiter
ont été faits en des temps trop anciens, pour que le foupçon puifle tomber
fur quelqu’un d’entr’eux. Le Jupiter tonnant, que nous voyons fur les
médaillés ne peut être celui-ci , & encore moins le Jupiter jeune , qui
n’avoit point de barbe: Jupiter Cufios , ouïe gardien, & Jupiter conferva-
teur, ont un manteau qui leur couvre une épaule, au lieu que celui-ci eft
tout nud , comme les faifoient ordinairement les Sculpteurs Grecs ; toute
a montis radicibus dufto, ternplorum ingens er at
nunierus. Quidam ad treeenta & fexaginra numc*
rant; quae res fidem omnecn fuperare videtuc. Uc
ut res eft, templa & sediculas facras magno ibi nu-
mero fuifle certura eft. Ex his porro templis plu-
rima Jovi erant confecrata, omniaque parva er ant,
nno excepto templo Jovis Capitolini, quod longi-
tudine er at ducentorum , (edecim minus , pedum,
latitudineaurem longitudini congruenti. In fingulis
templis ftatcue Jovis erant. Quas otnnes ftatuas
modo explorabiatos, uc ailatis carum nods depre-
hendamus nam qua earum cum hac hodicrna con-
veniat, five potius , an bxc ipfa fit.
Jupiter majoris templi quod hat templum
Jovis Capitolini appellabatur , gypfea erat ftatua ,
aut fecundum alios fi&ilis. Poftea verd ex auro
£olido cönfe&a fuk, idcoque nullam potuit habere
cum hoc Jove affinitatem, qui ex marmore Pario
conftat. Praeter hanc praecipuam ftatuam erat ibidem
alia ftatua Praenefte Romam allata per T.
Quin&ium Cincinnätum. At cum haec in exordio
fere Reipubiicæ Romans elaborata fuiflèt, diu ante
quam fculpcores Græci, aut eorum opera, Romam
venirent, ne fufpicari quidem pollum , iliam eflè
de qua nunc agicun. In ejufdem templi atrio vife-
batur ftatua Jovis senea , alteraque Jovis cogno-
mine Impetatftris ex Macedonia à T. Quindtio
Flaminio Romam allata. Hæc è cælo tadta , in-
quit Cicero , denifiüf refedta fuit : At cum illi ex-
cellentiflimi Grxci artifices nondum Romam ve-
niflent, vix crederem earn eflè ftatuam quæ ho-
die Verlaliis vifitur. Alii Joves qui in Capitolio
exftabant, & fuum quique templum habebant,
erant Jupiter Feretrius, Jupiter à Lucio Furio Præ-
tore confecratus, aliufque à Quinto Marcio Ralla,
qui omnes antiquiorum erant artificum Italorum ,
nec poteft quifquam fufpicari ex iis aliquem , no-
ftrum hune eflè Jovem Verfalienfem. Jupiter to-
nans, quern in nummis confpicimus, hîc eflèjie-
quit, longe minus Jupiter ille Juvenis didfcus îm-
berbis. Jupiter Cuftos & Jupiter Confervacor, pallium
humero geftanc : hîc aucem Jupiter nudus
la draperie qui le ceint en-bas, & qui lui remonte fur l’épaule eft moderne.
Pour ce qui eft des autres qu’on obfervoit en bien plus petit nombre
Lors du Capitole, le Jupiter Propugnateur qui avoit un petit temple fur le
mont-Palatin, & donc nous voyons la figure fur les médailles, ne peut pas
être celui-ci. Il n’y a point d’apparence non plus que ce fût la ftatuë du
temple de Jupiter Redux , que Domitius Baflus & les foldats étrangers érigèrent
pour lui demander l’heureux retour de leurs expéditions. Voilà à
peu près tous les Temples de Jupiter , du Capitole Sc de Rome , qu’ont ra-
rtiafles de différens auteurs, le Donati & le Nardini, les deux plus habiles
entre ceux qui ont fait les deferiptions de Rome.
IV. Mais ils en ont oublié un , dont Strabon fait mention dans ion quatrième
livre, lorfqu’il parle du temple de Junon de Samos. Voici fès termes
traduits fur l’original Grec: ,, L’Hypetre, dit-il, ou la partie découverte^
du temple eft pleine de ftatuës d’excellens ouvriers, dont trois coloflfales“
font de Myron. Marc-Antoine les enleva toutes trois : mais Augufte en refti- “
tua deiix ; fçavoir celle de Minerve, & celle d’Hercule, qu’il fi: remettre"
fur la même bafe ; & n’en garda qu’une , qui étoit celle de Jupiter : & il"
la mit dans un petit temple, qu'il fit bâtir fur le Capitole. “
Nous voilà fi je ne me trompe fur les routes pour découvrir quelque
choie : nous trouvons ici une ftatuë coloflfale de la main de Myron , un des
plus excellens fculpteurs que la Grece ait jamais eu , mife par Augufte dans
un temple qu’il fit bâtir au Capitole , ce qui convient parfaitement à la ftatuë
de VerfailleS : elle eft coloflàle, d’un très-excellent maître Grec : fi l’on
avoit trouvé la ftatuë entière, ou fi les fragmens avoient été déterrés auprès
, il y a grande apparence que cela nous auroic épargné la peine d’en
chercher l’auteur. Ces grands maîtres metcoient ordinairement leurs noms
à la cuifle ou au pied des ouvrages qui fortoient de leurs mains, comme
nous voyons dans l’Hercule de Farnefe & dans la Venus de Medicis. Myron
y mettoit auffi le fien , comme dit Cicéron dans la quatrième Verrine, parlant
de l’Apollon d’Argrigente, enlevé par Verrès. Cette belle ftatuë ijpollon,
dit-il , qui portoit le nom de Myron écrit fur la cuijfe en petites lettres d’argent.
Tout quadre jufqu’ici : voyons fi nous ne trouverions pas encore quelque
omnino eft: nam ami&us ille quo cingitur , quique
fupra humerum reducitur, à Druillio additus fuie.
Extra Capitolium in urbe longe pauciora vife-
bantur quam in Capitolio Jovis templa, longe
pauciores etiam ftatuæ. Jupiter Propugnator cujus
ædicula erat in Palatino monte , cujufque ftatua
in nummis confpicitur , huic ne comparandus quidem
eft. Neque verifimile eft etiam eflè ftatuam
templi Jovis Reducis, quam Domitius Baflus &
peregrini milites erexerunt , ut Jovem fibi propi-
tium in expeditionibus militaribus facerent. Hæc
fere funt omnia Jovis templa quæ in Cagpkolïo
& Romæ olim fuere, ex variis au&oribus côlle&a,
à Donato atque Nardino : hi inter eos qui Romam
deferipferunt, principem obtinent locum.
IV. Verum illi unum templum, unamque ftatuam
prætermiferunt , de qua Strabo libro quartodeci-
rao , p. 438. ubi de templo Junonis Samiæ loquitur.
En ejus verba ex Græco expreflà. Hypatrum,
inquit, qtue pars eft fubdialis templi, optimis ftatuis
plenum eft, quorum très Adyronis funt colojftca opera.
Marcus Antonius omnia fuftulit. Auguftus vero duo
remifit reponenda in eadem baft : Jovem aut cm in Ca-
Tome L
pitolium tranftulit, adicula ipfi excitata.
Jam , ni fallor , reófca via gradimur , ut veri
quidpiam exploremus. Coloflicam quippe ftatuam
reperimus Myrone fculptore, qui inter eximios
artifices fuifle cenfetur : quæ ftatua repofita fuie
in ædicula ab Augufto in Capitolio excitata ; hæc-
ad ftatuam noftram apprime quadrant. Goloflica-
eft eximiique Græci artificis. Si integra reperta
fuiflèt ftatua , vel fi ejus etiam partes è vicino inventa:
fuiflènt , ab hujufmodi perqüifitione , uc
probabile admodum eft, exemti fuiflèmus : nam
folebant nobiles illi ftatuarii, nomen fuum in fe-
more , aut in pede, aut demum alibi ftatuarum
fuarum infeulpere, ut videmus in Hercule Fame-
fio , inque Venere Mcdiceà ; nominatim autem
Myro, ut ait Cicero in quarta Verrina, nomen fuum
in femore ftatuarum exarabat. Sic de Apolline’
Agrigentino àVerrefublato ait ipfe : Signum Apol-
Unis pulcherrimum , cujus in femore litterulis minu-
tis argenteis nomen Myronis erat inferiptum. Sed
hoc priv^ti gaudio ad inftitutum pergamus.
Haôfcenus omnia quadrant. Videamus ergo art
ali am quampiam notam, quæ conjedturæ rïûftræ fà-
G ij