
t 7 o SU P P L ÉM EN T DE L’ANT. EXPLIQ. L iv . IV.
les ruches. A Rome & dans l'Italie on en mettoit aux jardins 8c aux forêtsj
& comme chacun vouloit avoir ces fortes de gardiens, on en faifoit une quantité
prodigieufe : de-là vient qu’on en trouve beaucoup a Rome dans differens
cabinets ; chacun les faifoit à fa fantaifie, & il y en a de fort extraordinaires :
en voici deux très-finguliers. y
p 11. Le premier finit en Hermc, tout ‘ le bas depuis les cuilles eft quarre & va
LXVI toujours en diminuant jufqu’à la bafe, qui eft un pied doifeau. Ce Priape a
i une barbe qui fe divife en deux, & qui lui defeend jufqu'aux mammelles : on
n’en a jamais vû de pareille, des mouftaches fort longues. La main gauche fur
le flanc, il tient de la droite une clochette, fans doute pour avertir en cas
que les voleurs fiflènt quelque irruption ; il n’a point d’arme comme plusieurs
autres. On a làns doute cru qu il fuffifoit qu il put appeller au focours. gardien
auflï inutile avec (aclochette, que l’eft le foivant avec là mafluë Celui ci-eft
i à genoux, pofture qu’on n’obferve guere dans les images des divinités, il eft
couronné, & fa couronne paroît çompofée de rubans entortilles 1 un avec
l’autre, il regarde fixement la terre en baillant la tete; je croirois volontiers
qu’on l’a mis ainfi à genoux baillant la tete, & regardant la terre, pour lui
donner l’air d’une perfonne vivante , & faire plus de peur aux voleurs
il porte une malfuë arme ordinaire de Priape, de la vient qu on les appelloit
«P««*« ou porte -malfuës, épithete qu’on trouve au premier tome de l'Anti-
3 quité pl. c l x x x .
III. Les ftataës de Minerve & de Mercure font des plus communes; celles
de Vertumnus au contraire font alfez rares : c eft pour cette raifon que 1 on
place ici ce monument de Brelfe, où Minerve, Mercure & Vertumnus font
repréfentés comme dans un tableau. Minerve, tient le milieu, habillée d une
maniéré non commune; elle porte le thorax ou la cuiraflè faite a peu près
comme celle des foldats Romains; tout le bas eft une efpece de:cotillon; fa
chauflure à quelque chofe de fingulier. Elle tient de la main droite une pique,
& de la gauche un bouclier ovale, quelle appuyé contre terre.éAu-milieu, du
Boeodcis, c. 31. Romas & in Italia, ut diximus,
in Hôrds & filvis locabantur : & quia nemo erâfc
quin taies vellet euftodes adhibere, hinc fit ut Ro-
mæ & in Mufeis Priapi non pauci compareant.
Quifqu& Priapum qua volebat forma fingebat fibi,
fervads tamen quibufdam notis & fymbolïs, quod
autem omnium oblcoeniffimum, viriliaereétaerant.
En duos Priapos fingularitate ad fui fpecfcaculum
evocantes. ,
II. Primus Priapus 1 in Hermam définit ; inferio-
res omnes panes quadratæ funt, fènfimque ufque
ad bafim minuuntur, quæ bafis pes eft volucris.
Hic Priapus barbatus eft, prolixa, iriquam , & lon-
ga barba, in duas divifa partes & ad mammas ufque
defluente fpeétabilis : nufquam puto fimilis
barba vifa fuit, myftacefque etiam prolixas monf-
trat hinc & inde cadentes. Lasvam manum in la-
tus immittit , dexteraque exçenfa tintinnabulum
tenet, eu jus fonitu, irrumpente fure, ædium ha-
bitatores exciter. Nullo eft armatus telo, ut alios
multos videmus clava înftruétos. Hinc fatis cau-
rionis adhibitum fuiflc putarunt, fi pofièt ad opem
excitare inquilinos, vernas aliofque. Qui euftos
fane tintinnabulo licet inftru6tus, perinde inutilis
crat atque alius ipfi vicinus qui 1 clava armatus
confpicitur. Hic genuflexus eft, qui fitus vix ob-
fervatur in profanis numinibus; Goronatus hic Priapus
eft, coronaqué ex eircumvolutis tæniis con-
cinnata videtur. Terram defixis afpicit oculis, ca-
putque inclinât. Libénrer credam hoc fitu & ftatu
poficum fuiffe Priapum 9 uc capite inclinatum &
terram refpiciencem cernentes ii qui accédèrent
fures, viventem quempiam virum etfe crederent
& clava armatum formidarent. Clavam autem gef-
tat, ut folent Priapi, quapropter ipfos
quafi dicas Clavigcros, five clavam geftantes, in
q u a d am infcriptione appellatos efie deprehendi-
mus. Infcriptionem porro illam lege, fi libet, in
primo Antiquitatis explanatæ tomo, Tabula clxxx.
III. Minervæ Mercuriique figria feequentiffima
funt, Vertumni longe rariora. Ideoque monumen-
tum iftud Brixianum hîc lbcamus, ubi Minerva ,
Mercurius atque Vertumnus, » ceu in tabella quadam
depida repræfentantur. In medio ftat Minerva
ciilcu & habitu non ita folitis. Thorace ilia ar-
matur, eu jus forma ad Romanorum militum lo-
ricam accedit, veftis poft thoracem defluens hef-
cio quid habet fpeétandæ fingularitatis. Dextera
manu haftam tenet , finiftra vero .clipcum ovataî
formx , quo i.n terram demiffo ni ci videt ur. In
V E R T U M N Ü S* ï*ÿi
bouclier eft écrite la lettre Y. je ne vois pas que cette lettre puiffe fignifier
autre chofe que fom ce fera donc Minerve appellée foi*, Minerve la falu-
taire, ou Minerve de la famé , donc le culte s'établît à Athènes du temps de
Periclès. Un maçon des plus habiles qui travailloit a la fortereffe d’Athènes 5
étant tombé de fort haut , en forte qu’on ii’efperoit plus de fa vie, Periclès vit
en fonge Minerve, qui lui enfeigna un remede pour le guérir. Il appliqua le
remede, de le maçon revint en bonne fancé ; en reconnoiffance Periclès fit
faire une ftatuë de bronze de la déeffe qu’il appella foi*, Minerva Me-
dica, de la mit dans la fortereffe. Depuis ce temps-là le culte de Minerve Hygiea
s’établit ; on lui bâtit des temples, on lui érigea des autels, & elle fut invoquée
pour la fanté. C’eft félon toutes les apparences de cette Minerve foi*, que
les Romains prirent leur Minerve furnommée Medica, Minerve de la Médecine,
à laquelle ils bâtirent un Panthéon, que les anciens auteurs de
la defeription de Rome appellent Pantheum Minerva Medica. Ce Panthéon
refte encore aujourd’hui prelque tout entier : nous en avons donne le plan a
la planche v in . du fecond tome de l’Antiquité. Ce culte de Minerve Hygiea
ou de la Medecine, aura paffé de Rome dans le refte de 1 Italie ; les Romains
& les autres peuples d’Italie avoient adopte prelque tous les dieux, & les fu-
perftitions des Grecs. Mercure eft repréfenté à l’ordinaire avec le caducée, la
bourfe Ôc les aîlerons.
Vertumnus couronné de feuilles & barbu, porte une tunique quil relevé
fur le devant pour y mettte des fruits: il porte auffi par-delïus la tunique un
manteau qu’il rejette fur le derrière. Pourquoi ces trois dieux enfemble ?
Quelqu’un dira que Minerve étant la déeffe de la prudence, Mercure le dieu
des Negqcians & des Marchands, de Vertumnus le dieu des champs de des
fruits, Minerve eft au milieu des deux, pour faire voir combien la prudence
eft néceffaire, tant pour le négoce que pour les travaux de la campagne*
Peut-être diroit-on mieux, que ceci a du rapport au culte que les Breflans
rendoient à ces divinités, ou à quelque dévotion particulière , ou à quelmedio
clipei littera Ÿ exarata deprehenditur , qüam
nihil aliud fignificare poflè video , quam foi* fa-
nitas. Eric ergo Minerva fout âppellata, Minerva
fcilicec faluraris , feu Minerva fanitatem & vale-
tudinem reftituens , cujus euküs Periclis tempore
Àthenas inve&us eft, hoc ut nârracur cafü. Làto-
fnus quidam inter latomos peritiffimus, qui arcis
Athenienfis ftrudtura: incubebat , cura ex alto
loco lapfus, in vivis adhuc fuperfore non fpetare-
tur , Pericles dum dormiens fomniaret , Minervam
vidic fibi remedium ad ægrum curandum commonf-
trantem. Hoc ipfö remedio pro reftauranda laro-
mi valetudine ufus Pericles eft , latomufque ftatim
confirmatus fanitatem recuperavit. Ad grati anlmi
fignificationem Pericles Mi n e r v ftatuam æneam
conflari juftit, cui hoc nomen indidit foi* id
eft, Minerva medica , vel, ad litteram , Minerva
falus , quam in atee ipfa pofüit. Ab hinc Minervaî
Hygieæcültus propagatus eft, templa ipfi conftruc-
tâ, aræ eredtæ fuerunt. Hincque ejus opem pro
feftauranda falute implorare cceperunt. Occafione
hujus Minervæ Hygieoe , ut quidem omnino videtur
, Romani Minetvam cognomine Medicam co-
luerunt, cui etiam Pantheum exædificarunt apud
Tome 1.
veteres Romæ feriptores fie denominatüni, Pati*
theum Aiinervâ. Aiedic&. Illud vero Pantheon hos
dieque fere integrum permanet j ejufqué ielino*
graphiam dedimus in fecundo Antiquitatis expia»
natæ tomo, Tab; vim Cultus porro ille Miners
væ Hygieæ five Mediae , Róma per' Italiam prp-
pagatus fuerit. Romani cæterique Icalici populi,
omnes fere deos omnefque Græcorum fuperftitio»
nes adöpeaverant. Mercurius more folito depingi-
tur, cum caduceo, crumena & alisi
Vertumnus autem foliis coronatus, barbatufque
eft. Tunica induitur, cujus infimam partem redu*
cit, & cum ilia veluti finum & alveum efficit, in
quo fruélus repofitos fuftinet. Infuperque pallio
amicitur cujus latera in pofteriotes corporis partes
abjiciti Cur hæc tria numina fimul ? Dieet forte
quifpiam Minervam elle prudentise deam > Mer-
curium negotiatorum ac mercatorum, Vertum-
nUm aoTorüm atque feuétuum; Minervamque in
medio locari, ut fubindieetur, prudentiam admo-
dum necefiariam & negotiatoribus & agricolis efle*
Sed forte confulcius dicàturi hæc referri ad cuU
turn Brixianorüm quempiam in ilia eivitate vigen-.
tem, vel ad religiofam fuperftitiofarave quam dam
Y ij