
4 SUPPLÉMENT DE L'ANT. EXPLIQ^ Liv. I.
teurs , ils lui faifoienc fouvent changer de voiture. Elle alloic quelquefois
montée fur un âne, mais plus ordinairement fur un lion. Ces fpeétacles
joints au fon des inftrumens & au carillon des cymbales , faifoienc un merveilleux
eifec fur plufieurs âmes dévotes. Les aumônes venoient en abondance
: or, argent, grains , denrées, touc étoit bon à offrir à la mere des
dieux , & tout cela tournoit au profit des charlatans qui la conduifoient.
II. L’art d’apprivoifer les lions écoit arrivé alors à un point de perfection
qu’on n’a pu ratrapper dans ces bas temps : on s en fervoit comme de voitures
, & on les attelloit à des chars. Plufieurs auteurs font for qu'on les em-
ployoit à ces ufages , & faint Jean Chryfoftome dit en plufieurs endroits, parlant
âu peuple d’Antioche : vous voyez louvent mener dans le marché dés lions
plus, doux que des moufons, wwsmàé
III. Voici Cybele fur un medaiilon de Fauftine mere , femme de l’Empereur
Antonin Pie. I Affife à l’entrée d'un affez magnifique temple, la
déeflè entre deux lions tient un tj/iribanon à l’ordinaire. Attis en habit court
paroit hors du temple à la gauche de Cybele t on le reconnoît à fes brayes
& à fa Tiare Phrygienne. Il lemble cueillir d’un arbriffeau des rameaux ou
des feuilles , ce qui pourroit avoir quelque rapport à l'infcription , MAT RI
DEUM SALUTARI. A[ la mère des dieux fàlntciire, ou qui préfide a la
fanté. Attis femble marquer qu’ellè procure la fanté , lorfqu’il prend des
feuilles d’une plaète : car c’eft: des plantes qu’on fait les remedes pour la ré-
tablirV'C’eft comme je viens' de dire , Un revers de Fauftine, dont la tête le
voit de l’autre côté voilée. Le voile mis fort en arriéré, laiffe voir une couronne
radiale, far-hauffée d’un croiffant de Lune tel qu’on le met ordinairement
ferlarêre de Diane. On voit fouvent fur les médaillés les Empereurs
& Impératrices peints en dieux Ou déelfes. ; mais nous n’avions pas encore
vu de .déeflè qui portât une.couronne a pointes lur-hauffée dun croiffant.
Le croiffant eft certainement dé Diane; mai? elle n’a pas encore paru avec
une couronne à pointes, telle que l’a ici l’Impératrice. Il eft pourtant vrai
que félon Elien, une Diane d’Achénes portoit une couronne d’or. Une lame
étant tombée de cette couronne, dit le même auteur, un petit garçon qui
l’emporta fut condamné à mort làns aucun égard pour fon bas âge. L’hil-
& vicatim ducebant: -normumquam afello, fsepius
leone vedtam , nr varietate fpedfcaculi- ,plurinaos
peHicerent. His. adjundti oiiganorum foni cymba-
lorumque' ftrepitus, deditam religioni'busplebem
demulcebant : hinc dona auri, .argenti , frugum,
qua: Matri Deum oblata, in circulacorum talium
ufum vertebantur.’
11. Qua arte yeteres illi ica manfuetos trada-
bilefque leones redderent, vix capere poflimus :
neminem ranta iriftruefcum peritia hodie videas. li ad
veduras adhibiti, curribufque jundi paffim -cerne-
' bantur, ut videas apud Athenaeum 1. y. p. iso.
Lampridium in Heiiogabalo c. z 6. & alios. Joan-
. nes veroChryfoftomus in concionibus ad populum
Anrioehenum, -tomo 4. p. '67. 68. '& 6^6. -non fe-
mel ait : Sape vidiflis per forum duct leones ovibus
manfuetiores , 'Bpoflccrav «^«fa-repo/r.
■ III. En Cybelem in numiftnate Fauftinse matris 1
qua: erat Antonini Pii imperatoris uxor. Seder ilia
inter duos leones ad oftrum magnifier templi,
■ tympanum pro more tenens. Artis curto veftitu
extra templum ftat a dextris Cybeles ; ex braccis
-eerte & ex tiara Phrygia Atcis cfle dignofeitur.
Ex frutiee autem ramos & folia colligere videtur :
id quod inferiptionem refpicere poteft, ubi legi-
mus, MATR I DEUM SA LU TA R I, ei
fcilicet quoe falntem , fanitatem que pneftat: quod
fubindicare videtur Attis , dum folia ex frutiee leu
' pla'nta*'decef^tT^unde' remedia" ad fanitatem vel
reftimendam, vel firmandam parantur. Nummus eft
Fauftinte matris , üt dixi: in antica vero facie caput
Fauftinae vifitur velatum , fed velo pofteriores tantum
partes obtegence y ica ut corona -videatur ra-
diis & acuminibus ornata, coronae imponitur luna
crefcens , qualem paflim cerni nulls Diana? capici
•impofitam. In nummis fiepe Augufti & Augufhe
deor.um dearumque fymbolis decorati occurrunt:
fed nullam hadenus deam vidimus radiata corona ,
cui fuperpofita eflet luna crefcens , decoratam :
lunae vero crefcentis fymbolum Dianae eft j fed
•Dianam non dum tconfpeximus coronatam. Reference
tamen Alii an o in var. hi ft. 5. 16. Diana qua>
dam Athen.is corona aurea exorpabatur, ex qua
lamina qiuedam decidit, & a puellulo fublata fuic;
ideoque ille nulla habita tenella a:tatis rati one ca-
pitalem pcenaip fubiir. In alio * nuromo regi©
C Y B E L E . j
toire eft plus au long à la page 150. du premier tome de l’Antiquité. Un *
autre médaillon du Roi repr'elènte le bufte de Gordien Romain d’un côté ,
& de 1 autre Cybele tenant le tympanon , alïilc entre’ deux lions ; elle femble
commander quelque choie a Accis, qui eft ici en habit court comme dans
l’autre medaiilon.
IV. Il eft a remarquer que de cinq figures d’Attis avec toute fa taille , que
nous avons données au T livre de l’Antiquité, une feule le montre en habit
long. Ce qui femble oppofé a ce que dit Lucien dans fon livre de la déeflè
Syrienne ; qu apres que Rhea ou Cybele eût fait Attis eunuque, il cefla de
vivre en homme, & prit les maniérés & l’habit de femme. Il alloic ainfi ,
poutfuit-il , par toute terre ; celebroit des orgies; raconcoic routes fes avan-
ture?, & faiîoic leloge de la déeflè Rhéa. Selon cer auteur , il femble
qu’Attis devoir aller ordinairement en habit de femme, ce qui ne s’accorde
pas avec les anciens monumens ; puifque des fepe images d’Attis qui fe
voyent, tant au commencent du premier tome de l'Antiquité que dans
la planche fuivante, fix le montrent en habit court portant des anaxyrides
ou des brayes , & un feu! en habit long. L’habit court convenoic en effet bien
mieux à ce jeune homme, qui étoit toujours en voyage avec la Grande
Mere, ainfi appelloit-on Cybele, & Lucien ne parle apparemment que félon
quelque fennment particulier. La fable varioit tellement félon les lieux &c
les temps, qu’il ne faut pas s'étonner fi les auteurs ne s'accordent, ni en-
tr’eux, ni avec les monumens qui nous reftent.
Il n eft pas mal-aife de deviner pourquoi il fè trouve en habit long à la
IIP. planche du premier livre de l’Antiquité. C’eft qu’il eft là pour faire le
lacrifice des Tauroboles & des Crioboles, comme le marquent indubitablement
le taureau & le belier, qu'on voit fur le même marbre. Or les facrifi-
ces fe faifoienc en habit long, comme touc le monde fçaic : il eft pourcanc
vrai que la réglé avoir quelques exceptions.
V. Dans' le medaiilon frappé à Magnefie, la déeflè va fur un char tiré
par deux lions & a le tympanon fous le coude ; c’étoir fa voiture & fon
équipage favori ; on * la voit de même fer un autre medaiilon frappé à Magnefie.
Dans un autre medaiilon de Smyxne, Cybele ou Dindymene, eft
majoris molis, in altera facie vifitur protome Gor-
diani Imperatoris ; in altera Cybele tympanum tenens
inter leones pro more duos, Attini eodem
cjuo fupra cultu inftru&o aliquid imperare videtur.
IV. Ex quinque porro Attinis iconibus initio
primi tomi oblatis, in queis ftans ille repræfenta-
tur j una tantum talari vefte indutum juvenem exhiber
: id quod cette minime confonat cum iis
quæ de Attine in libro de Dea Syria Lucianus re-
fert : Poftquam , inquit, Attis à Rhea feu Cybele
caftratus fuit , viri cultum morefque abdicavit ,
muliebremque cultum &c veftem adhibuit. Sic or-
bem , pergit ille , peragrabat, orgiaque celebrabat,
ac quæ fibi accidrlfent cunfta narrans, laudibus
Rheæ prædicandis erat addi&us. Igitur fi Luciano
fides, Attis faltem ut plurimum, muliebfi talari-
que vefte indutus incedebat, fecus quam in vete-
rum monumentis deprehendimus : quandoquidem
ex feptem imaginibus , quas five initio tomi primi
Antiquitatis explanatæ , five in Tabula fequenti
proferimus , una tantum talarem veftem exhibet j
lex vero cæteræ anaxyrides feu braccas Atcinis
commonftranr. Hoc fane poftremum veftis genus
juveni cum magna màtre, fie Cybel en vocitabant,
regiones peragranti omnino commodum expeditum-
que erat. Luciahus vero ex opinione quorumdam
loqui videtur. Fabulofæ namque hujufmodi narra-
tiones rantis erant varictatibus obnoxiæ, five
loca, five tempora diverfa refpicias, ut nihil mr-
rum fi feriptores nec cum aliis feriptoribus , nee
cum monumentis quæ fuperfunt, confonent.
Neque difficile eft augurari cur Attis in tertia
Tabula primi Antiquitatis tomi, talari iudutus vefte
compareat. Nimirum hie Taurobolii & Criobolii
facrificium peragendum exhibetur , ut procul dubio
indicant taurus & aries hie depióti. Sacrificia porro
cum vefte talari facerdotes vulgo peragebant,
ut nemini non notum eft : etfi aliquot occurrant
contraria exempla.
V. In numrao Magnefiæ 5 cufb , magna Mater
biga leonum trahente in curru incedit, rympano
infra cubitum poligp, confueto nempe cultu iter
agens : qualis etiam “confpicitur in 4 altero Magnefiæ
percuflo numifinate. In alio Smymenfi, num-
A iij