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autre marque pour appuyer cetre conjecture. Miron dilputoit dans l’ait
de la ftatuaire avec les plus grands maîtres de la Grece , avec les Phidias &
les Praxiteles, les Polycletes, les Lyfippes. Vitruve dans la préface Jd fon
troisième livre, parlant de ces Sculpteurs du premier rang, qui par .leurs
ouvrages seraient acquis une gloire immortelle, place Myron devant' tous
les autres : comme fo n t, dit-il, Myron , Polyclete , Phidias & Lyfipfe. Myron
eft célébré par plufieurs auteurs, & fur tout par les poctes : François Junius
a ramaffé tous leurs paflàges, comme on peut voir dans l'article de Myron.
Je me contenterai de marquer ici une choie qui lui a échappé : c’eft que Cicéron
dans fon livre intitulé, Brutus, fe 1ère de ces expreflions, qui parodient
avoir autrefois pâlie en proverbe : cela me charme autant qu’un ouvrage de
Myron. Cela me fiait autant qu’une flatuè de Phidias. Ce qui lêmble prouver
que les anciens regardoient ces deux Sculpteurs comme ceux qui avoient
le plus excellé dans l’art de la ftatuaire.
Cicéron & bien d’autres auteurs remarquent que de ces grands maîtres
chacuu excelloit en certaines chofes, & ne réüffilfoit pas fi bien en d’autres.
Myron l’emportoit fur tout à bien faire les têtes. L’auteur ad Herennium,
donne à entendre, que pour qu’une ftatuë fut de la derniere perfeétion, il
faudrait que fa tête fut de Myron , les bras de Praxitèle, & le tronc du
corps de Polyclete. Si ma conjeéture eft approuvée, j’avoue que j’aurai
peine à me défendre de quelque complaifance, de ce qu’après avoir con-
fîderé long-temps cette ftatuë fans penfer à lôn auteur, j’en fis le rapport à
Madame, en lui difant que c’étoit la plus belle tête que j’eulTe vû de ma
vie, & que je n’avois jamais remarqué tant de. majefté & tant de dignité
jointe avec tant de douceur. C’étoit en ces airs de tête que Myron excelloit
pardelfus tous les autres ; il ne réüffilfoit pas fi bien à exprimer une violente
paffion, comme le témoignent plufieurs anciens qui avoient confi-
deré lès ouvrages.
a On voit dans la même planche 1 un médaillon du Roi, frappé à Samos, où
font reprélèntés Jupiter & Hercule. Jupiter, tout nud tient d’une main la foudre
& de l’autre une pique. Il parait certain que Jupiter eft ici à la maniéré qu’on
le reprélèntoit à Samos, & cette maniéré, ils l’avoienc lans doute prilè de ce
anteibat; Audor ad Herennium li'o. 4. ica loquitur
, ut ex didis ejus eruatur liane fuiffe Vecerum
opinionem ; nempe ,ut ftatua omnibus fuis parti-
bus & numeris abfoluta effet, oportere caput elfe
Myronis , brachia Praxitelis, pedus Polycleti. Si
conjedura mea peritis dodifque viris probata fue-
ric : vix à me obtinere potero , ne ea in re mi hi
placeam , quod ftatuam illam diu fpeculatus, cum
ca quæ obfervaveram , referrem Domina: Ducifïæ
Aurelianenfi, dixerim , etfi nondum quidquam de
fculptore cogitaffem , me nunquam caput & vul-
tum tarn eleganter & petite elaboratum vidiffe,
nequë tantam obfervaviffe majeftatem cum fuavi-
tate conjundam. Ea in re maxime Myron cæteris
præcellebat , neque périnde eleganter agebat ,
quando vehementem violentumque affedum ani-
mique perturbationem exprimere cupiebat , ut te-
ftificabantur ii qui ejus opera infpcxerant.
In eadem tabula nummus Rcgius confpicitur
Sa mi eufus , ubi Jupiter & Hercules repræfentan-
tur. Jupiter nudus manu altera fulmen tenet, altera
haftam. Certum videtur Jovem hic repræfen-
tari, quo pado Sami depingi folebanc ; hune vero
veat deprehendere poflimus. Myro de pericia in aire
ftatuaria cum excellentiflimis quibufque Græciæ
fculptoribûs, cum Phidia , Praxitèle, Polycleto ,
Lyfippo contendebat. Vitruvius in præfatione ad
tertium librum , de illis præcipuis fèulptoribus
agens , qui aterna memoria ad pojieritatem funt permanentes
, & qui nobilitatem ex arte funt confe-
quuti, hos principes memorat , Myronem , quern
' priorem locat, Polycletum , Phidiam , Lyfippum.
Myron à plurimus feriptoribus celebratur, maxi-
mé vero à Poetis. Eorum loca Francifcus Junius
collegit, ut videre eft ubi de Myrone agit. Satis
crit h quidpiam ab ipfo prætermifTum hic annota-
verim ; nempe Ciceronem in libro qui Brutus in-
feribitur, his comparationum modis uti, quæ vi-
dentur in proverbia abiiffe , quafi Myronis opus deleft
at . . . ut Phidia Jignum Jimul afpeftum & proba-
tum ejl. Quo probatur Veteres illos , quafi præci-
puos excellentifîimofquc hos ftatuarios artifices
habuiffe.
Cicero aliique obfervant hofee artis Magiftros
çertis in rebus excelluiffe ; in aliis vero non item.
Myro autem in capite humano fculpcndo cæteris