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IV . Dans ces images nous voyons Diane Lune , repréfentée par tout de
même. Ses figures ne varient guère : c’eft toujours un grand voile plus ou
moins enflé qui la couvre, un croiflant fur la tête, quelquefois des flambeaux,
ou des torches quelle tient ordinairement tournées contre terre pour les
éteindre : en voici une’ de M. le Maréchal d’Eftrées, repréfentée dans toute
fa grandeur ; l’image eft fort finguliere , elle a un grand croiflant fur la tête ,
les bras, les épaules & la gorge nuë ; une large bande qu’elle porte en écharpe,
releve d’un côté fa tunique : une tunique"encore plus large retient cette tunique
, qui ne commence qu’au-deflous des ailfelles. Sur fa main droite élevée
eft un vafe rond d’où il fort quelque chofe , quelques-uns prétendent que c’eft
une flamme, d’autres croyent que c’eft un valè plein d’une liqueur foporifere ,
ce qui conviendrait fort bien à Diane la Lune , ou à la Nuit qui eft la même
choie. Si ce quelle tient à la main gauche étoit un pavot, comme je l’avois
d’abord cru , cela favoriferoit cette première explication ; mais ce pourrait
bien être une partie de fa robe qu’elle releve de ce côté-là, comme l’écharpe
la releve dans l’autre : cela n’eft pas bien clair, & il vaut mieux demeurer
dans le doute, que de prendre parti dans l’incertitude. Quelqu’autre monument
nous fera peut-être mieux connoître celui-ci. IV.
IV. In hujufmodi fchematibus Dianam Lunam
eodem femper modo repræfentatam cernimus. Ejus
fèhemata non malt um variant. Magno femper veto
vel plus vel minas extenfo obtegitur, crefcen-
tem lunam capice geftat, faces aliquando tenens,
quas verfus terram inclinât, ut exftinguat. En Dianam
Lunam z ex Mufeo D. Marefc. d'Eftrées edu-
£tam, quam fecundum Archetypi magnitudinem
proferimus. Imago certe fingularis eft. Crefcentem
ilia lunam capice pro more geftat. Brachiakumc-
r i , finus, nuda funt, lata fafcia quam ab humero.
pendentem & tranfverfàm geftat, tunicam ab uno
latere reducit, latiorque zona eamdem retinet tunicam
, quæ tunica Tub axillis initium ducit. Manu
dextera elata vas ilia tenet, ex quo-nefcio quid
egredi videtur : aliqui flammam elfe putant. Alii
veros vas foporifeto liquore plenum elfe exifti-
mant, quod Dianæ Lunæ five No£ti, quæ eadem
eft, optime competeret. Si id quod ilia manu fi-
niftra tenet papaver effet, ut initio fufpicabar ,
id explanationi priori faveret : at tunicæ redu&æ
partem effe probabilius dicatur , quæ pars ex ifto
lacère manu , cx altérer »ueem fafeia reducinm Id
vero exploratum non eft , remque dubiam relin-
quere præftat, ut ne incertum quidpiam affirmera
us. Aliud fortafïè emerget monumeutum, quod
huic lucem afferat.
C H A P I T R E I I I .
ï. Le dieu Lunus, honoré dans l’Orient , lès Grecs l’appelaient Men. I l Ses
images dans les médaillons. 111. Lrnus repréfertté avec la Lune.
IV. Le bonnet Phrygien, appelle Corybantinm.
I. O I le culte de Diane la Lune étoit célébré parmi les Grecs & les Ro-
y3 mains, le culte du dieu Lunus parait ne l’avoir pas été moins en Orient,
Les monumëns n’en font pas rares, ce dieu Lunus s’appelloit en grec Men,
on l’honoroit fous ce nom-là dans la Phrygie, où il y avoit félon Athénée
1. r. 47. un lieù qui s’appelloit msits »km le Bourg de Men qui eft le dieu
Lunus. Men fignifie auffi le mois, menfis. Il y avoit là-même un temple‘de
Men, ou Lunus. On trouve auffi le dieu Men ou Lunus fur plufieurs médailles
d ’Antioche, de Pifidiè &de Phrigie. Le dieu Lunus tient une pique à la m ain, &
fur l’autre main une viétoire, & a un coq, fymbole du Soleil levant, à fes pieds.
Il faut rappeller ici ce que nous avons dit au premier tome de l’Antiquité fur ce
dieu Lunus. Spartien dans la vie de Caracalla , dit que ce Prince vint à Carres
au jour de fa nailfance, pour y rendre fes honneurs au-dieu Lunus; il ajoure
que ceux de Carres difoient encore de Ion temps une chofe que les plus fçavans
des auteurs avoient écrit : c’étoit que ceux qui appelaient la Lune d’un nom
féminin, &* qui la regardoient comme une femme, étoient aflujettis aux femmes
, & maitrifes par elles, & qu’au contraire ceux qui croyoient que c’étoit
un dieu mâle, avoient toujours l’empire fur leurs femmes, & n’avoient rien à
craindre d’elles. De-là vient, conclut-il, que les Grec & les Egyptiens, quoiqu’ils
appellent la Lune d’un nom féminin, en parlent dans leurs myftéres
comme d’un dieu mâle. S’il ne tenoit pour conferver la paix dans les familles,
& rendre les femmes foûmilès à,leurs maris, qu’à faire la Lune du genre maf-
culin, bien ' des maris le tireraient d’embarras à peu de frais. Macrobe dit
auffi que la Lune eft mâle & femelle : il ajoute une choie après Philochorus,
que les hommes lui facrifioient en habit de femme, & les femmes en habit
d’homme.
C A P u T m .
1, Deus Lunus in Oriente cultus, a Groecis
Miîp vocabatur, 1II Ejus imagines in nurn-
mis» I II . Lunus cum Lima, ÏV. Tiara
Phrygia Corybantium ditfa.
l. T T T Lunæ cultus Celebris erât apud Græcos
atque Romanos, ita dei Lunï cultus in
Oriente frequentabatun Monument^ certe dei Lu-
ni rara non funt. Deus ille Lunus Groece Mm» vo-
cabatur. Hoc autera nomine colebatur in Phrygia*
ubi memorat Athenæus 1. z p. 47. locum fuifle
Mm-àf Kupoi, Viens Admis diótum ,-qui Mm' deus Lunus
eft. Men etiam menfem fignificat* Eodem in
vico temp'lum erat Menis, five Luni dei. Occurrit
etiam Men Lunufque deus* in nummis multis ur-
bium , Lydioe, Pilîdiæ , Phryg iæque. In nummo
Antiochiæ Pilîdiæ deus Lunus haftam manu tenet,
•& altera manu Viófcoriatn, gallumque ad pedes habet
, orienEÎs folis fymbolum* Hîc vero revocànda
in memoriam funt ca quæ de dco Lune diximus
primo Andquitätis explanat£ tomo. Spartianus in
Baffiani feu Caracallae vita cap» 6. ait eum Carras
Luni Dei gratia venifle die natalis fui, Paulo poft
autem addit cap. 7; Et quoniam dei Luni fecimus
mentionem, feiendum dotlijßmis quibufque id memoria
traditum * atque ita nunc quoque d Carrenis pracipue
haberi, ut qui Lunam femineo nomine ac Jexu puta-
verit nuncupandam , is additlus mttlieribus femper in-
ferviat: at vero qui marem deum ejj'e crediderit, is
dominetur uxori, neqiie ul las muliebres patiatur in-
[idias. XJnde quamvis Gr&ci vel JEgyptii eo genere *
quo feminam hominem , etiam Lunam deam dicant,
myßiee tarnen deum dicunt. Si ut tranquilla pace
conjuges fruerentur* & viris uxores fubdine, pa-
catteque eilent * nihil aliud curandum eile quam
ut Luna mafeulino genere Lunus proferrecur, mul- t
ti conjuges fefe fäcillime ab uxorum protervia expeditenr.
Macrobius quoque Saturn, h 5. c. S; aic
Lunam feminam & marem habitam fuifle, addirque
ex Philochoro quopiam , ei [acrificinm facere
viros cum veße muliebri, mulierss cum virili, quod
eadem mas sßimetur & femina.