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S U P P L ÉM E N T DE L’AN T. EXPLIQ. Liv. I.
affife far une chaife tenant une main fur le tympanon, & prefentant de
l’autre une patere à Jupiter, qui tient un aigle. Jupiter eft debout devant
fa -mere, qui n’a ici qu'un lion , au lieu qu elle en a ordinairement deux,
un de chaque côté.
Vf. Il paroit que les Grecs appelloient plus volontiers la mere des dieux
Dindymene que Cybele. Pindare fit bâtir dans Thebes auprès de la maifon
un temple à la mere Dindymene. Ce temple fubfiftoit encore du temps
de Paulànias ; c’eft-a-dire environ lèpt fiecles après , on le voy.oit fur pied
auprès des mâfures de la maifon de Pindare qui l’avoit fait bâtir. Ce poëte
faifoit lins doute plus d’honneur â Thebes que le temple de Dindymene, &
fur ce pied-la, les Thebains les concitoyens dévoient avoir plus de foin de
conferver fa maifon que ce temple. Mais la religion va devant tout, lors même
que l’objet en eft damnable. On n’entroit dans ce temple qu’à un jour
de l’année, & Paufanias Vy trouva par bazard un jour qu’on l’ouvrit. La
dédie écoic affile fur un trône ; le tout de marbre Pentelique, de la main d’A-
riftomede & de Socrate fculpteurs Thebains. Il y avoir encore un temple de
la mere Dindymene à Patras, Attis y étoit honoré avec la déelfe ; mais la fta-
tuë de la dédie étoit feule, Attis n’y étoit pas reprefcnté.
VII. A Dyme, dans l’Achaïe , on voyoit un autre temple de la mere
Dindymene & d’Atds. Il eft très-difficile, dit Paufanias, de découvrir qui
étoit cet Attis ; Hermefianax, pouçluit-il, qui a fait des poëmes en vers
Elegiaques, dit qu’il étoit fils de Calaüs Phrigien ; il étoit né impuiffiant ,
& lorlqu’il fut devenu grand il paffa en Lydie , & là il initia les Lydiens
aux orgies de Dindymene. Il fut en fi' grand honneur auprès de la mere des
dieux, que Jupiter en devint jaloux, & envoya un grand lànglier dans les
campagnes des Lydiens ; ce furieux animal tua plufieurs Lydiens, & entre-
autres Attis. C’eft pour cela que les Galates de Pellinote s’abftenoient de la
chair de fanglier. Mais ces peuples racontoient fort différemment l’hiftoire
d’Attis. Jupiter, difeient-ils, dormant eût un accident qui fit naître un
Genie de forme' humaine, mais de l’un & l’autre fexe ; ce Genie fut appellé
mb, Cybele feu Dindymene in fella fedens , tym-
panoque mànum v imponens , pateram Jovi ftanri
aqmlamque -^enenri- ofei i. Hic porro leo unicus,
deprehenditur, cum alibi leones duo cum Cybele
paffim obferveneur , unus fcilicec in quolibet la-
VL Græci frequentius Matrem deûm Dindyme-
nen , quam Cybelên appellabant. Pindarus The-
bis propter domum fuam matri Dindymenæ tem-
plum excitavit : quod adhuc fupererat Paufàniæ
tempore, ipfo telle Paulania 1. 9. cap. 2y. fieptem
circiter elapfis poft Pindarum fæculis ,„propeque
rudera ædium Pindari, qui illud fuis fiimtibus
conftruxerat, confpiciebatur. Nec dubium eft, quin
ædes Pindari plus honoris urbi conferrent, quam
templum Dindymenæ, Thebanique certe Pindari
ædibüs fervahdis plus curæ ac diligentiæ adhibere
debuiflènt ', quam confervando Dindymenæ
plo : fed religioni omnia ced un t , eciam
circa falfa numina verfatur. In hoc autem Dindy- .
menæ templum una foium die per annum intraba-
rur : cafu porro accidit ut qua~die fores patebant,
Paufanias Thebis ageret , viait ilfe Dindymenen
Pentelico erant, fculptoribus Agamede & Socrate
Thebanis. In Patrenlx quoque civitate templum
matris Dindymenes vifebatur. Illic etiam colebatur
Attis,. etfi Dindymenæ tantum, ftatua line Attine
compareret, referente Paufania 1. 7. c, 20.
VIL Dymæ in Achaïa templum Dindymenes
Attinrs erat. Quis ille fuerit Attis , inquit Paufanias
^ 7 . c. 17. admodum difficile eft deprehen-
dere. Hermefianax, pergit ille, qui verfus elegia-
cos feriplît, Calai Phrygis filium -fuiflè prodidit,
& ad fobolem procreandam plane inutilem editum
à matre. Cum jam adoleviftèt, in Lydiam migratie,
ibique magnæ Matris orgia apud Lydos celebraf-
fe, tantoque in honore apud illam fuiflè, ut id
molcfte & invidis oculis ferens Jupiter, imma-
aprüm in Lydos immitteret, à quo & alii è
Lydis, & ipfe Attis interemtit fuerint ; in rei fidem
Galatæ Pefînuntis incolæ apri carnibus abftinent ,
nec ejus cadaver tangunt. S,ed longe aliter ipfi de
opinantur , multumque diverfa narrant.
Jovem fabulantur per fomnum femen in terram
emififlè ; indeque terram pauco poft tempore ge-
nium protuliflè, duplici inftrudtum fexu,
pe & feminæ, qui Agdiftis appellacus fuit : deos
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Agdiftis; Les dieux craignant ce monftre, le mutilèrent des parties qui le rem
doient homme , d’où naquit un amandier qui portoit un très-beau fruit.
La fille du fleuve Sangarius cueillit ces belles amandes,, & les mit dans Ion
fein; mais les amandes difparurent d’abord & la nymphe fe trouva enceinte-
elle accoucha en fon tems, & expofa l’enfant, qui fut nourri par une chevre.
Il devint grand & d’une beauté fans égalé ; enforte qu’Agdiftis lui même en
fut amoureux. Quand Attis eût atteint lage viril, on l’envoïa à la cour du
Roi de Peffinonte pour y époufer fa fille : on commençoit déjà les ceremonies
du mariage, & l’on cllantoit l’hymenée, lors qu’Agdiftis arriva, & il
infpira fur le champ un mouvement de fureur dans l ame d’Attis , qui fe fit
d’abord eunuque lui même; le Roi pouffé de rage fe fit auffi la même ope-
ration. Agdiftis fe repentit depuis de cette a&ion, & pour reparer en quelque
maniéré le mal qu il avoit fait à Attis, il obtint de Jupiter , qu’aucun des
membres de ce jeune homme ne pourriroit, ni ne fe flêtriroit jamais : voilà
des contes ridicules ; mais ces profanes faififfoient impunément le merveilleux
, quelque dérailônnable qu’il pût être.
V III. Cybele .va prelque toujours avec cette couronne, qui reffemble
£ux murs & aux tours d’une ville ; c’eft pour cela qu’on l’appelloit Turrita.
On en cherche la raifon ; la plus vrai-femblable eft celle-ci. Cybele eft prife
pour la te r r e , & on l’a voulue caraéterifer par ce qu’il y a dans le monde
de plus noble, & ce qui en fait le principal ornement,;' ce font les villes,
la plus précieufe portion de la terre. Les villes elles-mêmes prenoient la
forme de Cybele, leur fymbole étoit une femme qui portoit des murs &
des tours fur la tête. On les perfonifioit ainfi dans la Grece & dans l’Orient.
Pour ce qui eft de l’Occidentr, l’Italie, l’Efpagne & les Gaules , on y voit
fort rarement les villes reprefentées de même; je n’ai encore vu que Rome,
& Carteia en Efpagne, marquées fur les médaillés par une femme qui a des
tours fiir la tête. U n6 marbre Romain trouvé dans la voie Appienne, & qui (,
eft prefentement au palais Borghefe, reprefente trois femmes qui ont la
couronne murale fur la tête, des murs & des tours bien marquées. Ce monument
eft des plus finguliers, mais fans infeription , qui nous inftruife fur
une chofe fi extraordinaire : Nous n’en pouvons donc parler prefque qu’en
autem Agdiftin metuentes, virilia ipfi amputafle :
ex iis amygdalum enatam , cujus pulchros frudtus .
Sangarii nuvii filiam abftulilfe narrabant : cum
illos porro in finum immififlet , frudtus quidem
ftatim evanuere , ilia vero gravida effè6ta, pue-,
rum poftea peperit, quem expofitum capra ladta-
vit, ^«70? 'api'e-iTrï : cum adolevilîèt puer rormâ hu-
manam omnem pulcritudinem excedente , ejus
amore captus eft Agdiftis. Ad virilem ætatem cum
perveniflet Attis , a propin quis Pefinuntem mifliis
eft regis filiam dudturus. Jam hymenæus five nuptiale
carmen canebatur, cum interveniens Agdiftis
tantum Attini immifit furorem, ut fibi virilia.præ-,
cideret : idipfumque faceret is qui filiam ducen-
dam ipfi tradiderat. Agdiftin rei in Attinem geftæ
poenituit j quare a Jove impetravit, ne qua in po-
fterum corporis Attinis pars putrefeeret aut tabe.fi-
ceret. Aniles utique fabulæ, putidæque narratio-
nes. At profani illi veteres quidquid miraculi fpe-
ciem præ fie fe rebat facillime adoptabant, nulla
habita ratione decori, præterque omnem veri fi-
militudinem.
V 111. Cybele coronam vulgo geftat murorum
atquë türrium Ipeciem præ fe ferentem, ideoque
turrita vocatur. Talis ornatus caufa ratioque ex-
quiritur : hæc pôrro cæteris præftare præcellereque
putatur. Cybele terra elfe cum dicatur, per nobi-
liflîmam terræ partem diftinguitur, perque illam
quæ præcipuum orbi ornatum præftat. Quæ pars
ilia eft ? Urbes- præftantifilma orbis portio. Ipfiæ
quoque urbes rormam Cybeles ufurpabant. Urbis
enim cujufque fiymbolum erat mulier mûris turri-
bufique'coronata. Sic perfonæ more urbes pinge-
bantur in Græcia, inque Oriente. In Occidente
vero, in Italia nempe , in Hifpania & in Galliis
rariflime urbes ilia forma repræfentabantur. Unam
vidi Romam, fecundamque Carteiam in Hifpania,
per mulierem tiirritam in nummis repræfencatas,
cæterarum vero nullâm. Anaglyphum6 Romanum
marmoreum in via Appia repertum , quod jam
extat in ædibus Burghefianis , très mulieres exhi-
bet murali corona inftru&as. Ibi moenia & turres
confpicua omnino finit. Monumentum fane fin-
gulariflimum, fed fine ulla inferiptione, quæ-tanti
Ipe6taculi caufam hiftoriamque nobis aperiat : ita
ut in illo explicando marmore conjedluris tantum