
A P O L L O N . ii
de meme la main fur la tête. Il parole dans les monumens Romains, que
porter la main fur la tête, c’étoit la marque ou de la Iureté déjà acquife,
ou de la Iureté demandée. Securitas perfônnifiée par les Romains étoit fort
fouvent exprimée par une femme qui porte la main fur la tête : on la voit
ainfi fur plusieurs médailles des Empereurs. Plutarque dans la vie de Ti-
beriüs Gracchus, raconte que voyant que Scipion Nafica Venoit pour lé
tuer, & que le tumulte étoit fi grand qu’on ne pouvoir entendre fa voix,-
mit la main fur la tête pour montrer la grandeur du péril, Sc demander
fureté. C'étoit donc une marque de Iureté, ou demandée ou obtenue. Je né
fçai fi ces figures d'Apollon & de Bacchus qui portent la main fur la tête ont
quelque rapport à la fureté, & fi l'un marque qu’il faut être en fureté pour
jouer de la lyre, & l'autre, pour vuider à fon aile les bouteilles. Ce qui eft
certain eft que dans le péril, la première choie qu’on tâche de mettre à
couvert, c’eft la tête. Il eft â remarquer que dans Ottavio Roffi, un autre
Apollon qui tient une lyre, porte aulfi l’autre bras fur la tête.
L’Apollon fuivant ' qui appuie fa lyre fur un tronc d’arbre, eft remar- 5
quable par fa grande chevelure; il cient de la main droite un pleétre à peu
près de même forme que le précèdent. Un autre eft aulfi debout * près d’un 4
tronc d’arbre entortillé d’un lèrpenr, fymbole de la Médecine : il porte
une troulfe fur l’épaule, & tient de la main droite je ne fçai quel infiniment.
On voit affez fouvent avec Apollon un ferpent qui entortille un tronc
d’arbre : ce ferpent eft â ce que l’on croit le fymbole de la Médecine ;
fymbole qui fe trouve toujours avec Efculape, fils d’Apollon. Il n’y a nulle
apparence que ce foit le ferpent Python tué par Apollon, duquel nous
allons parler, pour ne pas paffer une fable fi célébré dans l’Antiquilé.
La fable du ferpent Python que l’on trouve dans les auteurs, ne fe voit
gueres dans les monumens; je ne me fouviens pas de l’avoir vue autre part
que dans le deffein d’un difque d’argent qui appartient â M. du Tillot de
Dijon, Gentilhomme ordinaire de feu M. le Duc de Berri. Il fait partie de fon
cabinet qui eft fort curieux; le deffein m’en a été’communiqué par M. Moreau
de Mautour. Le difque eft d’un goût fi grolfier, qu’il y a lieu de
_________________________________________________________ \
monumenris autem Romanis eum oui manum capiti
imponit, aut fecuritatem na£tum eflè, aut fecuritatem
pecere conjicio. Securitas à Romanis fæ-
pe exprimebacur per mulierem manum capiti im-
ponentem. Sic autem occurrit in plurimis Impe-
ratorum numrnis. Plutarchus in vita Tiberii Xarac-
chi, narrat eum, ubi vidic fe à Scipione Nafica
ad necem impeti, tantumque elle ftrepitum ac tu-
multum , ut vox ejus à nemine pofl'et exaudiri,
manum capiti impofuiflè, ut periculi magnitudi-
nem exhiberer. Erat ergo impofita capiti manus fig-
11 um aut fécuritatem petentis, aut fecuritatem naôti.
Ütrum porro hæ Apollinis & Bacchi imagines ad
fecuritatem referantur ignoro : neque fcio an ille
lignificare vclit ad lyram pulfandam lecuritate
opus elle j hic vero ad vertendos cratcras item
requiri fecuritatem. Hoc autem certum eft ,
m periculis id quod primum confervare quæ-
rimus caput eflè. Apud Odtavium Rubeum
slius Apollo, lyram tenens, manum capiti im-
ponit.
Sequens Apollo, 5 qui lyram arboris trunco
imponic, à coma fpeôtabilis eft 5 pledbrum vero
Tome 1.
dextera tenet, quemadmodum & alius qui præccf-
fit. Alius* prope arboris truncum /erpente circum-
plicatum ftat, qui ferpens medicinæ fymbolum eft.-
Pharetram humero geftat, & manu dextera nef-
cio quod inftrumentum tenet. Serpens arboris truncum
circumplicans non raro cum Apolline vifitur ,
eftque, ut putatur, medicinæ fymbolum, quod
etiam fymbolum perpetuo fecum habet Æfcula-
pius Apollinis filius, medicinæ deus. Neque enim
creditur hoc ferpente Pythonem ferpentem figni-
ficari ab Apolline occifum. De quo ferpente jam
aliquid dicendum eft, ne videamur rem in mytho-
logia celeberrimam confulto prætermififle.
II. Pythonis lerpencis fabula cujus non infre-
quens eft apud feriptores & mythologos mentio,
in monumenris vix reperitur. Nufquam illam me
videre menini, ni h in imagine delineata difei argen
tei , qui inter cimelia viri nobilis D. du Tillot
Divionenfis, qui inter Clientes D. Ducis Bituri-
cenfis pridem mumerabatur. Ille porro antiquario
rei ftudiofus, difei formam delineatam per Dominum
Moreau de Mautour mihi tradendam cu-
ravir. Difcus autem cam- imperiti artificis eft, uc
L