
*)o S U P P L É M E N T DE L’A N T . EXP L IQ. Li v . l I I .
Euterpé qui a inventé la Tragédie. Euterpé fé trouve encore ailleurs avec la
ma (lue ; mais je ne fçai fi on l’a encore vûë avec la peau du lion fur la tête.
II. J ’ai oublié de mettre après, le chapitre des Mufes Bellerophon avec
le cheval Pegafè : les defleins prêts à donner au graveur font reliés, je
ne fçai comment, dans mes porte-feuilles. L’hiftoire de Bellerophon ell tirée
d’Homere, Iliad. 6 . ôc de quelques autres mythologues. Bellerophon, fils
de Glaucus, Roi d’Ephyre, étoit un jeune homme des mieux faits & des
plus braves qu’il y eût dans la Grèce; ayant tué par mégarde fon frere
Deliade, ou félon d’autres Pirene, ou comme d’autres veulent Alcimène,
il s’enfuit à Argos, où il fut très-bien reçu par le Roi Prastus. Mais fa femme
appellée Anthée , félon Homere, & félon d’autres Stenobée, en étant
devenue amoureufe, & n’ayant pû le faire confentir au crime , elle fe
plaignit à fon mari que Bellerophon l’avoit follicitée. Proetus indigné de
la prétendue témérité du jeune homme, voulut en tirer vengeance : mais
pour ne pas violer les droits de l’hofpitalité en le faifànt périr dans fa mai-
fon, il l’envoya à Jobate, Roi de Lycie, fon beau-pere, avec une lettre
dont Bellerophon lui-même fut le porteur, où il le prioit de fe défaire
de lui. Jobate qui ne lût la lettre que dix jours après l’arrivée de Bellerophon,
lui fit d’abord tour l’accueil poffible; le traita magnifiquement pendant
les neufs premiers jours, & immola chaque jour un taureau en faveur
du nouvel hôte. Le dixiéme jour après qu’il eûc lû la lettre de fon
gendre, il fe mit en devoir de faire périr Bellerophon. Il lui commanda
d’abord de combattre la Chimere , monflre affreux qui jettoit feu ôc flamme,
dont le devant étoit d’un lion, le milieu d’une chevre, ôc le derrière
d’un dragon. Bellerophon avec l’aide des dieux combattit, & tua la Chimere.
Jobate l’éprouva enfuite contré les Solymes, nation guerriere,
qui combattit vigoureufement, mais Bellerophon s’en tira avec honneur.
Le trofiéme combat qu’il livra fut contre les Amazones; il eut le même
fuccès que dans les autres : mais à fon retour Jobate lui drefla une
embufcade où il mit les plus braves des Lyciens. Bellerophon fé comporta
fi vaillamment dans ce dernier combat, que pas un des Lyciens
n’en revint. Jobate charmé de la valeur de Bellerophon lui donna Philonoé
fà fille en mariage.
pe qua: tragoediam invenifle dicicur, Euterpe ali-
quando cum clava occurrit ; an leonis obcedta
pelle adhuc vifa fueric, nefcio.
II. Poll Mu fas de Bellerophonte & Pegafo age-
re jam olim deftinaveram , fed nefcio quo cafu
fchemaua ad exJWir, parata in fcriniis remanfere. Bel-
lerophontis hiftoria ex Homero defumitur, exque
aliis mythologis. Bellerophon filius Glauci Regis
Ephyra: inter formofiflimos & ftrenuiffimos Gra:-
cijE. juvenes computabatur. Is cum fratrem Delia-
dem imprudens occidiflet, Argon transfugit, ubi
a Prceto rege perhumaniter exceptus eft. Prceti au-
tem uxor Anthea, Stenobceam alii vocant, juvenem
cum deperirec, de concubitu ipfum interpcllavic:
cujus libidini cum non confcnfillet Bellerophon ,
Anthea Prceto juvenem detulit , quafi fe de concubitu
follicitaflet. Indignatus Prcetus Bellerophon-
cem ulcifci decrevit. Sed cum hofpitalitaris jura
violare nollet, ad Jobaten Lyciae regem focerum
fuum mifit eum cum litteris ipfi Bellerophonti tra-
ditis, queis Jobaten rogabat , juveni necem inferret.
Jobates quanta potuit benignitate magni-
ficentiaque juvenem excepit, & ad decimum uf-
que diem litterarum le£kionem diftulit, novenifque
diebus taurum quotidie in gratiara novi hofpitis
immolavic. Decimo autem die ledtis generi fui
litteris, necem Bellerophontis machinatur ; ftatim-
que præcepit ut cum Chimæra pugnatec, horribili
monftro , ignes flamraafque emittente, cujus an-
teriora leonis, media capræ , extrema draconis
erant. Deorum ope fulcus Bellerophon, cum Chi-
maera pugnavit ipfamque, devicit. Deinde Jobates
adverfus Solymos Bellerophontem immifit belli-
cofam nationem, quacum ieliciter ftrenueque pugnavit.
Tertium certamen juftus Bellerophon ini-
vit contra Amazonas : reque bene gefta cum redi-
ret, in infidias incidit ab Jobate fibi patacas , qui
Lyciorum ftrenuiffimos pdverfus ilium emiferar.
Pugnat acriter Bellerophon , & obvios Lycios ad
unura omnes oeddit : juvenis fortitudinem mi-
ratus Jobates Philonoen filiaux ipfi uxorem dédît.
B E L L E R O P H O N : ! j)t.
Préfque tout ceci eft tiré d’Homere 1. 6 . Sc d’Apolloddre en foh fécond
livre. De tous ces combats, il n’y a que celui de la Chimere que les mo-
numens noiis repréféntent en affez grand nombre. La Chimere, félon He-
fiode, étoit fille de Typhon & d’Echidna. C’étoit un monflre horrible, d’une
force ôc d’une viteffe prodigieufe, qui jettoit feu & flammes : elle avoir,
félon Hefiode, trois têtes, une de lion, l’autre de chèvre, ôc la troifiéme de
dragon; la tête de lion étoit devant, celle de chèvre au milieu du corps,
Sc celle-dû dragon derrière.
III. Pour combattre ce monflre, Bellerophon fé fâific avec l’aide de
Minerve du cheval Pegafe, lorfqu’il buvoit à la fontaine de Pyrene : ce
cheval avoir des ailes; il étoit félon lès uns- fils de Neptune ôc de Médufe;
félon d’autres, il étoic né des gouttes du fang de Medufe, lorfque Perfee Pt*
lai coupa la tête. Bellerophon ayant pris Pegafe, le dompta, pour le mettre XXXV;
en état de lui fervir dans fes expéditions. La ‘ première image le montre 1
domptant ce cheval allé, qui fe cabre, & paraît ne vouloir pas fouffrir qu’on
le monte. Il céda enfin, Bellerophon le monta, Ôc alla fur Pegafe dans les i
airs, pour combattre la Chimere. Une pierre 1 gravée le montre dans les
airs monté fur Pegafe, ôc combattant contre ce monflre qui eft ici repré-
fenté comme un lion, fans prefque aucune différence : mais les médailles
de Corinthe qui expriment la même fable, font la Chimere à-peu-près
comme Hefiode la repréfente. Dans la médaille de Corinthe la Chimere
a la tête du lion, fur le milieu du corps s’élève une tête de chèvre, ôc la
queue fé termine en tête de- ferpent. Bellerophon monte fur Pegafé fé prépare
à porter à ce monflre un coup de lance. Une autre médaille repréfente
ce combat fur un chapiteau de colomne, mais tout y eft fi petit, qu’on n’y
diflingue pas bien la Chimere.
IV. La plus belle-! ôc la plus curieufé image de Bellerophon, de Pegafe 3
5c de la Chimere, eft celle que le feu Cavalier Maftèi, Gentilhomme du
Pape a donnée : elle eft fur une pierre gravée enchaflèe dans une bague.
Bellerophon dans les airs lur le cheval Pegafe de belle maniéré darde fon
javelot contre la Chimere qui eft en bas. Elle a la première tete de lion ;
Hæc ferme omnia ex Homero prodeunt 1. 6. Si
ex Apollodoro lib. z. Ex hifee omnibus cercami-
nibus fola cum Chimæra pugna in monumeoris
occurrit, iliaque non raro confpicicuy. Chimæra
vero , uc ait Heûodus , Typhonis Si Echidnæ filia
erar, monftrumque horvendum, fortitudine arque
curfus velocitate incredibili, ignem flammafque
evomens. Tria capita fecundum Hëfiodum ha-
bebat, leonls , capræ & draconisi Eeoriis capuc
in anteriore parte corporis, capræ in medio, draconis
à tergo.
III. Cum monftro hujufmodi pugnaturus Bellerophon
, opiculante Minerva , Pegafum equum
in Pirene fonte bibentem apprehendir. Equus hîc
alis erat inftrudtus, filius, ut.febulantur quidam,
Neptuni & Medufæ j ut alii vero, ex ftillis
fanguinis Medufæ natus , quando Perlëus ipfi
caput abfcidit. Captum Pegafum Bellerophon
domuit, ut ' in pugnis expeditionibufque ufui fibi
elfe poflèt. Primum 1 quod profertur fehema Bellerophontem
exhibée Pegafum alitera domantem.
Equus pedlus caputque arrigit, ne equitem ad-
mittat. Ceffit tandem , ac Bellerophontem fe con-
feendere palfus eft, qui per aëra equitans Chimæ-
Tome I.
ram debellaturus profeélus eft. Gemma quædam
apud Licetum 3 de gemmis p. zy6. Bellerophon-
rem exhiber in aère Pegafo vedlum , & conrra
Chinïæram pugnantem. Chimæra porro hîc leonis
pene formam totam habet nec alii admixtam.
At Corinthii nummi , qui eamdem exprimunt fa-
bulam , Chimæram fore, ut ab Hefiodo in Theo-
goriia deforibitur , exprimunt.
■ rifo.a-8 h iw , wr&iv H S'gÛKav , fzivirn S'l
Qiii verfus àpud Homerum etiam legitur. In num-
mo Côrinthio Chimæra caput leonis præfertmedio
corpore capræ caput erigitur, cauda vero in
ferpentis caput definit. Bellerophon Pegafo vedtus
lanceam vibrât in monftrum. In alio nuramo pugna
ifthæc in columnæ capitello- exprimitur, fed
tâm miuuco fehemate ut vix Chimæra poffit in-
ternofei.
I V. Omnium pulcherrima. & 1 fingulariffima
Bellerophontis, Pegafi & Chimeræ imago ilia eft,
quam b pctKctçmi! Eques Maffeius vir nobilis è pontifiais
curialibus ex gemma & annulo eduxic &
publicavit. Bellerophon per aëra Pegafo ve&us ,
eleganti manu fculptus, telum vibrât in Chimæram
infra pofitam. Primum caput leonis eft, ca-
M ij