
Je ne fai fi les Grecs fie font jamais avifez de perfonifîer leur ,$,e* Genea. ;
mais comme ils perfionifioient eh'ces téms-là toutes chofes; il y a grande apparence
que cette Genea auraeté peinte,tomme toutes les autres parties du teins.
Il eft incroiable combien ces anciens aimoient à peindre tout, même ce qui
paroiffoit le moins fuficeptible de peinture. Cette maniéré de compter par
genées étoit fort ancienne : Hérodote s’en fiert en plufieurs endroits de ion
■hiftoire. Je ne fiai fi les Romains auront jamais peint \twe fxculum. On n’en
a point vû de figure , ou s'il y en a , elle n’a point encore été reconnue.
Après ces plus grandes parties viennent le luilre appellé Penteteris chez
les Grecs, parce qu’il contient l’elpace de cinq années, l’année, les heures j
c’eft- a.dire, les faiions, les mois, les fiemaines, le jour, chaque jour de la femai-
n e , le crepulcule du matin, l’aurore, le midi, le fioir, le crepuficule du loir, là
nuit. Ces parties du tems avoient chacune leur figure particulière. Il y en avoit
même peu qui ne fullent reprefentées en differentes maniérés. Cela failoit
«ne grande partie de la m ytholo gie; partie très-interreffante, & cependant
peu obferve'e jüfqu’à aujourd’hui. J’ai pâlie fort légèrement fur ces parties
du tems , fiemées en differens endroits de l’Antiquité -, mais la reflexion m’a
fait acquérir bien des connoiffances fur ce fiujet, dont je vais faire part au
public. Je dois auffi ces découvertes aux monumens ou nouvellement déterrez
ou remarquez depuis mon premier ouvragé : j’ai tiré de-là bien des
cclairciflèmens, qui avoient échappé à mes premierés recherches.
IL La P e n te te ris , ou le luffre qui fait l’elpace de cinq années, étoit re-
prefentée en femme par les Grecs, parce qu £ Penteteris étoit un nom féminin.
Ils fe regloient toujours par le genre du nom, pour faire les chofes
qu’ils perfionifioient, homme où femme. Penteteris parut à la pompe de
Ptolemée Philadelphe ; c’étoit une belle femme de grande taille,de quatre
coudées de haut , habillée fuperbement & toute brillante d’or. Elle por-
toit d’une main unè couronne de feuilles de l’arbre nommé P e rfe a , & de
l ’autre une palme : cela avoit peut-êire quelque rapport avec cet efpace de
Nefcio utrum Græci >4W feu generationem hu-
mana forma depinxerinc unquam : at quia prifcis
illis in more erat, ut omnia pene fchematibus &
figuris depictis exprimerentur j vix dubitaverim
jzïtcur aliquando depicfcam fuilTe, ut & aliæ* Temporis
partes figuris expreflæ fuére. Vix credas quantum
veteres illi gauderent imaginibus rerum om-
nium ; quam ftuderent vel ea figuris exprimere,
quæ a figura quacumque videbantur magis aliéna.
Mos autem annos numerandi per yt-tat leu gene-
-rationes vetuftiiïïmus eft. Herodotus paffim illis
ad annorum fpatia computanda utitur in Hiftoria
-fua. An vero Romani fæculum depinxerinc incer-
\tum eft. Nullum hadfcenus hujufcemodi fchema vi-
fum fuit ; fed 8c fi alicubi exfiftat, nondum agni-
tum fuit. Multa certe figuris exprefta fuere, quæ
■-nulla nota poifumus internofcere.
, Poft majores illas temporum partes, hæ minores
numerantur, luftrum mviirsen a Græcis voca-
.tum , quia wsm irûv quinque annorum numerum
compledtitur, Annùs, Horæ, five Tempora, tem-
-peftatefque anni , Menfes , Hebdomadæ , Dies ,
quilibet Hebdomadæ dies , fecundum illam ratio-
nem acceptus, qua ad hebdomaden pertinet -, Cre-
pufculum matutinum, Aurora, Meridies, Vefper,
Crepukulum vefpertinuma-Nox. Hæ omnes Tcmorrs
partes humana. forma fibi propria depingé-
antur. Tmo plurimas earum variis modis Veteres
repræfentabant. Hæc magnam mythologiæ partem
conftituebant ; partem tarnen , quam quam alicu-
jus momenti, haótenus paruin obfervatam & co-
gnitam. De hifce temporis partibus fat perfumfta-
rie egi'in Opere de Antiquitate explanata ; idque
variis in locis 8c tomis , prout occàfio fefè offere-
bat. Sed rebus majore'accuratione perpenfis, multa
edidici, quæ jam in publicum ufum emittantur
oportet. Hafce mihi notitias pepererunt monu-
menta tum re ce ns eruta ,■ tum attentius confide-
rata, unde plurima haufi 8c clare percepi, quæ me
primo"fûgerânt hæc agitantem..
II. Penteteris five luftrum quod eft annorum
quoique fpatiudi , muliebri forma a Græcis exhi-
bebatur, quoniam generis eft feminin!.
Nam a ge.ncic femper nominum humanam rebus
adfcnbebant formam ; ita ut quod mafculinum
nomen haberet, vir, quod femininum, mulicrre-
præfentareturi Penteteris in Ptolemæi Philadelphi
pompa emicuit, fprmofiiïima mulier proceræ qua«
tuor cubitorum ftaturæ, veftitu fplendidiffimo-,
auroque fulgens. Altera-manu coronam tenebac
ex foliis arboris, cui Perfea nomen, altera vero
palmam. Utrum hæc fymbola: cum illo quinquç
cinq années, biais il n’efl: pas ailé de deviner en quoi ces feuilles & cette
palmé convenoient avec le luffre. Voilà tout ce que nous enTçavons; lé
tems nous: en apprendra peut- être davantage.
. III. L’An étoit reprefenté en homme, parce que « iatos qui veut dire
l’année j æft du genre mafculin. Dans la même pompe l’An 4*ia.™{marchoit
devant Penteteris ou le luffre. Ç’étoit un homme de même taille que Penteteris±
& qui avoit quatre coudées de haut ; cela fait fix pieds ; c’eft en effet une
grande taille fi les pieds étoient de même mefiire que lés nôtres ; mais fix
de nos pieds, ne femblent pas fuffire pour une taille: extraordinaire : quoiqu’il
n’y ait eu gueres.de fi grands pieds que nos pieds de Roi.
IV. Ges .comparaifôns de mefiures.nefiont pas encore bien éclaircies. Oh
met ordinairement la coudée pour un pied & demi : les anciens lui don-
noient auffi cette mefiire 5 mais ils ne convenoient pas fur la longueur du
pied. Le pied de Roi qu’on appelle auffi P h ile tx r iu s , dit Héron, à fieize
doigts de long , & lé pied Italien en a treize & demi. On croit que le pied
Romain d’aujourd’hui eft le même que 1 ancien pied Romain dont la me-
fure fe trouve au Capitole. Le pied Romain a un douzième moins que notre
pied de Roi: l’ancien pied Romain ou Italien avoit, félon Héron, deux
feiziémes & demi moins que le pied de Roi ancien > qu’on appelloit auffi
P h ile tx r iu s .-Si le pied Romain d’aujourd’hui eft le même que l ’ancien , il
s’enfiiit de-là, que l’ancien pied de Roi dont parle Héron, étoit confidera-
blement plus grand que le notre , puilqu’il avoit deux, feiziémes & demi
plus que le pied Italien , & que le notre 'n’a qu’un douzième au deffus. Le
même- Héron, quand il vient lur la coudée, ne la mefiire que par rapport
au grand pied de Roi de ces tems 'elle a , dit-il, vingt-quatre doigts le
pied en a feize..: il.üe met point d’autre coudée que celle-la. Il y a toute
l’apparence poffible qu’il faut, prendre ici lur ce pied la taille de.quatre
coudées de l’an & du luffre. C’étoit une taille énorme de fix pieds de Roi
bien plus grands que les nôtres. Je crois.auffi qu’il faut entendre ainfi fiaint
Jean Chryfoftome, lorfiqu’il dit en plufieurs endroits que la taille ordinaire
annorum fpatio affinitatis quidpiam haberent ignoramus
, nec fatis capimus in quo palma & perfea
cum liiftro confondit. Hæc tantum de Pente-
teride feimus : aliæ fortaffis in decuriu temporis
accèdent notitiæ.
I I I . Annus humana forma expreflus erat ut vir5:
quia àyitw-ns annus græce generis eft mafculini: In
eadem Ptolemæi pompa Annus ante Penteterin five
luftrum incedebat. Vir erat eadem qua Penteteris
ftatura, quatuor nempe cubitorum, fex videlicet
pedum. Eft fane proeera valde ftatura fex
pedum , fi pedes illi regios noftros pedes æqua-
renti ÂtriTeic regii pëdes noftratium folitam ftatu-
ram non faris^-excedere videntur, ut aliquid fpe-
ftaculo dignum pariant^ etfi pauci admodum pedes
ad menfuram adhibitCpude^ noftros exæquent.
IV. Fatendum certe menluras j ear-mnque mu-
tuam comparationem , nondum fatis perfpeàas
haberi. Ex vulgari opinione cubitus pedem cum
dimidio explet. Idipfum de cubito dicebant Veteres
-, nimirum unius 8c dimidii pedis elfe; Verum
de pedum longitudine non confentiebant. Pës re-
giuSjinquit Hero Analeét. græc. p, 313. quem etiam
Philetærium vocant, fexdecim habet digitos : pes
autem Italicus, pergit illc , tredecim digitos 8c di-
midium digitum. Pes Romaitus hodiernus ,-five pes
Tome J.
Italicus, idem ipfe creditur effe qui pes veterum
Romanorum , cujus menfura in Capitolio exftat,
Pes-vero Romanus noftro pede regio duodecimâ
parte brevior eft. Pes veterum Romanorum five
pes Italicus, tefte Herone , duas décimas fextas
partes cum dimidia minils habebat 5 quam pes ille
regius Vêtus, .qtiehi vocabant Philetærium. Si pes
Romanus hodiernus idem fit qui vetüs Romanus
atque Italicus j. certe pes regius vêtus ^ five Phile-
tærius, quem memôrat Hero , longe major erat
pede noftro regio hodierno , quandoquidem duas
fextas décimas partes & dimidiarn habebat plus
quam pes italicus, & pes nofter îtalicüm duode-
cima tantum parte excediti Idem autem Hero ubi
de cubito agit 5 cuni regio ‘ illo vetere pede feu
Philetærio ipfum comparât tantum. Cubitus , in-
quit, habet viginti quatuor digitos : pes vero fe-
decim. Nullum ali um , quam iftum, cubitum ai lignât.
Verifimile autem omnino eft , ftaturam illam
anni 8c Penteteridos, nempe quatiior Cubitorum ,
fecundum ilium Heronis cubitum intelligendam
elfe. Eirat ergo iila admodum proeera ftatura, fex
nempe Philetæriorum pedum , noftris longe ma-
jorum.’Sicque etiam arbitror int-elligendum elfe
Joannem Chryfoftpmüm, cum dicit Expofitione
in Pfalm.48. 8c alibi, ftaturam hominis vulgarem