
rien dans les auteurs; cetoient ces trois, -félon Jean de Salisberi, Noâi-
luca, Herodiade, & la Princefle de la nuit, qui convoquoienc pendant la
nuit des aflèmblées, où l'on faifoit de fuperbes feftins; où l’on voyoit une
grande quantité de miniftres & de ferviceurs ©coupés a différens emplois ;
où l’on décernoit des peines à ceux qui les avoient méritées; & où l’on
com’bloit de gloire ceux qui s’en étoient rendus dignes. Mais ce qui
fuit ne femble pas quadrer avec ce qui précédé, & donne en fui te un
fpeétacle horrible. Là on voyoit, dit-il, de petits enfans livrés à des
forcieres, qui en découpaient plufieurs en pièces, & les dévoroient jufqu’a
ce qu'elles en étoient rafTafiées; il y avoit d’autres enfans, que la Préfi-
dente touchée de compaflion failoit remettre au berceau. Qui eft allez
aveugle, reprend Jean de Salisberi, pour ne pas voir que c’eft un effet de
la malice des démons qui fe jouent des hommes ?
Ces aflèmblées ont tout l’air de ce qu’on appelle aujourd’hui le Sabbat.
Ce qui furprend plus, c’eft d’y voir des divinités profanes aufquelles des
Chrétiens de profeflton rendoient quelque culte. On a déjà vû dans un
livre entier du fécond tome de l’Antiquité, comme, dès le fécond fiécle de
l’Eglife, les Gnoftiques & les Bafilidiens mêloient avec la religion Chrétienne
un culte tout profane, où ils faifoient entrer les dieux du Paganifme.
Nous verrons plus bas parmi quelques pierres magiques, de celles qu’on
nomme Abraxas, la figure d’Hecate a trois faces; & peut-etre eft-cedeces
impies que la coutume a été tranfmife en des fiécles plus bas. Car, comme
j’ai dit au fécond tome de l’Antiquité, on voit encore aujourd’hui des mo-
numens de ces preftigiateurs, qui paroiffent avoir été faits long-temps depuis
faint Jerome, qui nous dit que ces hérétiques, étoient venus dans les
Gaules & dans l’Efpagne.
Noétiluca , Herod iis , & præfes noftis domina,
concilia noctu convocabant, ubi lauta convivia
celebrabantur, ubi miniftrorum cacerva , varias
fervorum turmæ varias obibant functiones : ubi
pcenæ noxiis decernebantur , & gloria cumulaban-
tur ii qui id promerid eflenr. At quas fequuntur
ad priora non quadrant, & immanc fequitur fpec-
caculum. Infantes enim lamiis tradebantur, quæ
illos fruftatim difcerptos devorabant > idque donee
exfariatæ client. Aliqui tamen infantes do-
minæ principis mifericordia commotæ judicio , in
cunas remittebantur , infert Sarilberienfis : Quis
vcl cdcui hoc ludificannum d&monum non vident ejfe
netjuitiam ?
Hi coetus j hæc concilia, idipfum omnino vi-
dentur elle, quod nunc Sabbatum appcllatur , eft-
que præftigiatorum conventus. Quod autem maxime
ftupeas , profanorum veterum numina cernis,
quibus quidam fe Chriftianos efïè profiten-
tes cultum aliquem exhibèrent. Jam in libro inte-
gro vidimus fecundo Antiquitatis explanatæ to-
mo, quo paôto Gnoftici & Bafilidiani fecundo Ec-
clefiæ adolefcentis fæculo relligionem Chriftianam
cum profana mifeerent, ubi pene tota deorum
dearumque caterva locum habebat. Infra porro
videbimus inter eos lapillos mâgnis fuperftitioni-
bus refertos, quos Abraxas appellamus, Hecates
Çnrporcù-Tra figurant : & fortalTis ab illis priorum
temporum impiis hæreticis ad poftrema fæcula hi
ritus fucccffione quadam promanaverinc. Nam ut
in fecundo Antiquitatis tomo dixi in fine libri,
quardam præftigiatorum illorum monumenta fu-
perfunt, qua: diu poft Hieronymum , qui hujuf-
modi hæreticos in Gallias & Hifpaniam veniflè
commémorât > faôfca fuifle creduncur. 1
C H A P I T R E X.
i, Diane d3 Ephéfe. II. Zdne dieu emmailloté comme Diane d* Ephéfe. 11L Diane
honorée en (£ autres ^ailles fous le nom de Diane d’Ephêfe.
I. T E paroît que Diane d’Ephefe étoic regardée comme la déeflè commune
JL des villes de l’Afie mineure. Un médaillon du Roi de l’Empereur An-
tonin Pie nous montre au revers Diane d’Ephéfe en fa forme ordinaire, 4 4
une Viétoire la couronne : ôc de l’autre côté une déefle, que fa tour fur
la tête fait reconnoître pour Cybele, donne la main à Diane, & tient de
l’autre une pique. L’infcription , mviv ah«* e?svit», marque que le médaillon
eft frappé à Ephéfe par le Commun, ou par les Communautés de
l’Afie. Cette femme qui a une tour fur la tête pourroit marquer quelque
ville de l’Afie, qui donne la main à Diane dTphéfe. Les villes perfonnifiées
avoient la forme de Cybele* comme nous avons dit au commencement
de ce fepplénnent.
Dans un autre médaillon, 5 Diane d’Ephéfe qui a une tour ferla tête, eft 5
émmaillotée à l’ordinaire : elle a deux broches, & deux cerfs j un de chaque
côté. Auprès d’elle eft jupiter affis, tenant d’une main la pique & de
l’autre une Victoire. Jupiter eft là pour Tralies, & Diane pour Ephéfe. Cela
marque la concorde de ces deux villes comme porte l’infcription.
Le médaillon * fuivant fait pour la concorde des Ephéfiens avec ceux de 6
Laodicée, repréfente d’un coté Diane avec deux cerfs pour Ephéfe, & Jupiter
debout tenant l’aigle d’une main & la pique de l’autre pour Laodicée.
Il y a apparence que ce Jupiter & le précèdent, & auffi les autres qui étoient
mis pour les villes, y étoient peints en la même forme qu’ils étoient adorés
dans chacune. Ce Jupiter eft celui de Laodicée : on le voit en la même for*
me* tenant l’aigle d’une main & la pique de l’autre, dans un médaillon
donné ci-devant fur Jupiter, où eft marquée la concorde de Smyrne & de
Laodicée.
11. Ce dieu de Mylafle 7 qu’on voit à l’entrée d’un temple y paroît enve- y
C A P U T X. ,
I. Diana Epheßa. II. Deus qnißpiam fafeiis
involutus perinde atque Diana Epheßa.
III. Diana Epheßa variis in urbibns culta.
I. ~\T Idttur Diana Ephefia per Afiæ Minoris ur-
V bes, quafi communis omnium dea habita
fuiflc. Nummus regius Anconini Pii in poftica fa-
cie Dianam Ephefiam exhiber, 4 ut vulgo depingi
folet : à Viktoria coronatur. in alçero autem latere
mulier turrita, quam Cybelem eile agnofeimus, ma-
num cum Dianae manu jungit, alteraque manu haf-
tam tenet. Infcriptio , Mtvbv A triât E tptrim, indicat
nummum ab urbibus Afiæ, Ephefi percuflum fuifle.
Mulier porro illa turrita aliquam exAfiæ urbibus exprimer
poflèt, quæ man um cum Dianæ manu jüngerer.
Urbes enim perfonæ more repræfentatæ,
Cybeles forma depingebantur , ut inicio Supple-
menti hujufee diximus.
In alio nummo5 Diana Ephefia turrita pro more
fafeiis eft involuta. Duobus autem inftruófca veru-
bus cervos hinc & inde habet duos. Propter illam
vifitur Jupiter fedens, altera manu haftam, altera
Viótoriam tenens. Jupiter Trallenfium, Diana Ephe-
fiorum caufam gerit : queis nocatur Concordia inter
illas civitates, quod etiam docst infcriptio f
itfio-'ieov Jtcti Tpccbh‘a.vav opovoia, Concordia Ephefios inter
dr Trallianoi.
Nummus Sequens ( Ephefiorum Sc Laodicena-
rum concordiam commonftrat, ab alteraque facie
Dianam cum duobus pro more cervis ftanrem pro
Laodicenis exhiber , qui deus altera manu aqui-
lam, altera haftam tenet. Atque, ut credere eft ÿ
Jupiter hie, in aliifque nummis, eadem forma, eo-
dem fitu exprimitur, quo in illis civitatibus cole-
batur. Hie porro Jupiter eft Laodicenus. In nummo
quodam inter fchemata Jovis fupra allato
ubi concordia fignificatur Smyrnam inter & Lao-
diceam , Jupiter Laodicenus eadem exhibetur
forma.
11. Deus die Mylafeorum ? qui in rempli cu-
P iij