
«ne épaule & un bras découvert : barbu comme Efculape, il tient d’uné main un
iong bâton, & fur l’autre il porte le dieu Efculape qu’on reconnoît à fon bâton,
•qu’un ferpent entortille. On prouve que c’eft Galien par les raifons fuivantes
que M. Fabretti a ramaifées avec beaucoup d cxa&icude & d’érudition. Les
Médecins portoient anciennement un bonnet; ils avoient aufli la barbe & le
bâton à l’imitation de leur dieu & de leur maître Efculape, comme l’ont
prouvé pluficurs auteurs, & entr autres Meibom dans Ion Commentaire lut
un Traité d’Hippocrate c. 5. n. 3 5. la barbe fur tout étoit fi propre aux Médecins
que félon Lucien dans fa déeflè Syrienne, les Syriens donnoient aulfi de
la barbe à Apollon Médecin , dont pourtant la jeuneffe étoit éternelle. Dans ces
médailles de l’Empereur Commode frappées à Pergame, les Pergameniens
croyoîent faire plaifir à cet Empereur en y mettant leur célébré compatriote,
qui avoir traité fort beureulèment Ion pere Marc Aurele, Sc lui meme (Lins
quelque maladie. Comme le dit Galien lui-meme : ce Médecin etoit conlulte
des pays les plus lointains, de l’Efpagne, des Gaules, de 1 Afie, de la Thrace.
Il n’eft pas nouveau de voir des Villes anciennes frapper des médailles à
leurs concitoyens, qui s’étoient rendus illuftres : ceux de Chio 8c de Smyrne en
frappèrent â Homere, les Samiens a Pythagore, les Mityleniens a Sappho,
ceux de Catane â Charondas, les Pariens a Archiloque, les Teiens a Anacréon ,
& plufieurs autres de même. Il n’eft donc pas furprenant que les Pergameniens
mettent ici Galien fur leurs médailles : on ne voit pas que cet homme barDu
avec un manteau, un bâton 8c un bonnet, 8c qui porte Efculape lut une main ,
puifl'e être autre que Galien, 8c fur tout dans une médaille de Pergame, patrie
de Galien.
Galien eft donc ici pour Pergame, tenant fur une main Efculape qui fe reconnoît
au bâton entortillé d’un ferpent : de l’autre côté un jeune homme qui
eft là pour Ephefe , car il s’agit ici de la concorde entré ces deux Villes, tient
Diane d’Ephefe d’une main, 8c une pique de l’autre. M. Fabretti croit que c’eft
Androclus fils de Codrus, fondateur d’Ephefe, félon le palfage de Strabon au
commencement du livre quatorzième :,, Le Conducteur de la colonie des „
j>€tafis non multum abfimilem -, pallio amicitur, quo
dexter humerus brachiumquc dextrum non tegun-
tur : barbatus eft perinde atque Æfculapius , altéra
manu fcipionem oblongum tenet , in altera-
que Æfculapium geftat, qui pro more baculum
ferpente circumplicatum tenet. Galenum eflè pro-
batur his argumentis, quæ Raphaël Fabrettus non
minus accurate quam erudite collegit. Medici olim
pileum geftabant : barba autem & baculo Æfcu-
lapii dei principifque fui more inftrudi erant, up
ab aliquot fcriptoribus porterions ævi probatum
eft, nominatimque à Meibomio in commentario
fuo in Of* Hippocratis c. 5. n. 35. Barba vero in
primis ita propria medicis erat , ut Lucianus de
Dea Syria, dixerit Syros Apollini quoque medico
barbam dediflè, cui tarnen aterna eft Bacchoque jtt-
venta. In his porro nummis Commodi Imperatoris
Pergami percuflis, Pergameni fe putabant Impe-
ratori pergratum facere, cum in nummis conci-
vem fuum , eumque celeberrimum virum exprimèrent
; quandoquidem Galenus & ipfi Commodo
& Marco Aurelio patri utilem in morbis curatio-
nem adhibuerat, ut colligitur ex cap. 11. & 11. libri
de Præcognit. ad Poftum. Quanti autem Galenus
fieret ipfe oftendit, fe ex Iberia, Celtica , Alia
& Thracia frequenter confultum affirmans lib. 4.
de loc. afFed. cap. z.
Neque nova res eft infîgnes. viros à ebneivibus
fuis numifmate celebrari : nam & Chii & Smyrna:!
Homero nummos pereuflèrunt, Pythagoræ Samii,
Sappho Mitylcnæi , Catanenfcs Charondæ, Parii
Archilocho , Teii Anacreonti, complurefque alii
fimiliter. Nihil mirum ergo ft Pergameni Galenum
fuum in nummis exprimant. Nec videtur alium
quam Galenum eflè poflè virum ilium barbatum ,
pallio, baculo & pileo inftrudum, Æfculapium-
que manu geftantem ; maximequè in nummo Pergami
, q.uæ Galeni patria erat.
Galenus ergo hie flat pro Per gam o , manu gef-
tans Æfculapium , baculo &c ferpente notum ; ab
altera parte juvenis pro Ephefo flat ; hie enim agi-
tur concordia inter utramque civitatem. Hie vero
altera manu Dianam Ephefiam geftat , altera haf-
tam tenet. Putat Fabrettus Androclum eflè Codri
filium , Ephefi fundatorem, ut ait Scrabo initio
libri decimi quarti : Ducem Colonia ait fuijfe AndroË
S C Ü L A P E . 17*
Ioniens fut Androclus, fils de Codrus Roi des Athéniens, il le fut enfuite “
de celle dés Eoliens, 8c fût le fondateur d’Ephefe. On dit que ce fut la Ville “
royale des Ioniens , Sc ceux qui defeendent de cet Androclus s’appellent “
encore aujourd’hui Rois, 8c joüiffent de certains honneurs. On leur ‘
donne les places d’honneur dans les fpeéfacles des combats ; ils font revêtus tc
de la pourpre marque du fang royal ; ils tiennent un bâton au lieu de feeptre, cc
& les fymboles facrés de Cerés Eleufinienne. Au-lieu de ces derniers mots, lé
grec mi ri Ugà T»r bMvmUfAÜmo;.- M. Fabretti croit que ce fymbole de Cerés
d’Eleufine eft la torche qu’Androcle porte, non dans cette image, mais dans
la voifine : cela a aflèz de vraifémblance. Dans cette autre image Galién tient
à la main une figure qui n’a pas l’air des Efculapes ordinaires : c’eft un homme
qui porte un long manteau, 8c une longue tunique ceinte, Sc qui étend fes
bras.
M- Fabretti croit qu’une autre figure qu’il a donnée au meme endroit
eft un Efculape. Sa raifon eft qu’il porte l’habit des Médecins, qui étoit celui
d’Efculape même. Il eft revêtu d’une tunique Sc d un manteau, il porte un bon-
net, Sc tient un bâton à la main comme Galien, il a fur 1 autre main un oi-
féau que M. Fabretti croit être une corneille; & il prétend que cela indique la
mere d’Efculape, qui s’appelloit Coronis, nom grec qui veut dire une corneille.
Il ajoute là-même quelques conjeétures fur cette image, 8c fur Coronis.
Si c’eft véritablement Efculape, ce dieu de la medecine eft ici bien different
de tous les autres Efculapes que nous avons donnés. Je n’ofèrois le dire Efculape,
8c l’oifeau qu’il tient fur la main ne rend pas à mon avis la chofé fort
probable.. M. Fabretti ne l’a appellé corneille que parce que cet oifeau favo-
rifoit fa conjecture.
Efculape le trouve encore fur les médailles des ‘ Tilinéens, tenant une 8
pique entortillée d’un ferpent, 8c de 1 autre main une patere. On trouve ailleurs
Efculape-avec une pique au-lieu du bâton, les exemples n en font pas
tares.
V. C’eft encore fur un médaillon frappé à Pergame que fe trouvent Efcu- 9
lape, Hygiea fa fille, Sc le petit Telefphore dieu de la convalefcence. Ce
dernier eft environné de toutes parts de fon manteau, auquel tient un bonnet
dum Côdri Athcmtnßum régis ftl'mfn, qui tarn poß
M S P ? ; deduxerit, Ephefetmque condiderit. Itaqué
ibi regiam Ionum faijfe pofilam tradunt, (fr qui ex ca
Cunt progenie , eiiamnum reges appellantur, habent-
que [ms honores : primum [cilicet in confeßit locum ,
quando fpeftantur certamina , purpuramqtte infigne
regit generis, fcipionem loco feeptri , & facra Cereris
Eleußnia. Græca habent, xa.1 7« hf* rns Ehzvrivictf
Aity/MTfof. Id eft, ut pucacur, fymbola quædam facra
Cereris Eleu fin iæ. Putac Fabrettus fymbolum Cereris
Eleufîniæ eflè facem illam ardentem, quam gef-*-
tat Androclus, non in hac , fed in vicina imagine
; id quod vero non abfimile eft. In altera imagine
tenet Galenus figuram humanam , quæ cum
iolitis Æfculapii imaginibus nihil aflinitatis habere
videtur t vir eft oblongo pallio ami dus, tunica
veftitus cingulb obftrida , qui vir brachia extendir.
Putat Fabrettus fchema illud * quod per ligneam
Infculptam tabellam exptimit , Æfculapium eflè ,
hoc fultus argumento. Hie medicorum, ac pröinde
Æfculapii more veftitur. Tunica veftitur & pallio,
pileum geftat, baculumque manu tenet, ut Gale-
Tome L
hus. Alteri manui avis infiftit, quarii eflè cornidêni
putat Fabfettus : exiftirriatque 'hac ave fignlficari
tnatrem Æfculapii, quæ Kopavis Coronis appellâtuf,
quæ vox græca cornicem fignificat* Alias item
congerit circa fchema illud & circa cornicem con-
jeduras. Si Verc fit Æfculapius, fateamur necefld
eft eum à cæteris Æfculapii fignis omnibus longd
diffèrre. Æfculapium certe dicere non aufim, neque
rem admodum probabilem, tneo quidein ju-
dicio, reddit avis ilia quam manu geftat. Fabrettus
enim ideo cornicem vocavit, quia ad ejtls con-
jeduram firmandam cornix aliquid conferre vide-
batur.
Æfculapiusi in nummis etiam * TilineOriim oc*
currit, haftam tenens ferpente; circumdaram, alteraque
manu pateram. Alibi quoque Æfculapius
occurrit cum hafta baeuli loco ,- neque rara iunÊ
hujufmodi exempla.
V. In alio nummo Pergami percuflo 9 vifuntur
Æfculapius , Hygiea <;jus filia Sc Telefphorus convalefcentium
deus j psilllo und.ique circumdatus &
obtedus, cui pallio hæret tiara Phrygia. Vulgo
I *j