
•4«4' SU P P L ÉM E N T DE L’A N T . EXPLIQ. L iv . IV.
Couvent fept, & quelquefois jufqua dix. U nemploye pas ici fon inftrument
favori, qui étoit la Syringe ; il joüe du cor, ou d’une efpece de trompette :
»eut-être que les Breffans vouloient faire voir que leur dieu cornu fçavoit
ioüer de plus d’un inftrument. Couronné par-deffus les cornes d’une forte
d ’herbes que le Roffi croit être l’hieble, il eft fort barbu & revetu d’une peau
de léopard, qu’on reconnoit aux taches dont elle eft parlèmee, & qui lui
couvre le devant. Cette ftatuë qu’on confervoit à Breffe, fut enfin donnée à
un Duc de Ferrare; mais la bafe fur laquelle on lit l’infcription fuivante eft
reliée à Breflè; cette infcription fe doit lire ainfi, Cduto pani Caius Munatius
JSuir'ma Tira duumvir juridicundo, & Caius Munatius Froato films, dedica-
verunt : cela veut dire , Caius Munatius Tira de la tribu Jjhûrina duumvir, ou
l’un des deux hommes établis pour exercer lajufiiee , & fon fils Caius Munatius
Fronto, ont dedie cette fiatue a Pan y Jurnomme Cautus< Il n eft pas allez de dire
pourquoi on lui donna ce furnom de Cautus, qui veut dire lage, a vile, prévoyant,
qui prend bien fes précautions. C’étoit apparemment par rapport au
foin qu’il prenoit de la ville de Breflè, qui étoit comme fous fa tueele, prévoyant
& détournant les malheurs qui lui pourroient arriver.
On voyoit dans la même Ville, dit le Roffi, fur une pierre qui avôit apparemment
fait partie de la frife d'un temple, une tête de Pan de profil dans
une couronne faite de branches de pin, & la flûte à plufieurs tuyaux tout auprès
; la couronne du Pan dont'on voit ici l’image, étoit de l’herbe qu’oii app
e la it hieble. Les poètes font foi que l’une & l’autre couronne convenoit au
dieu Pan ; lès ornemens, dit Virgile, étoient la graine d’hieble, & il fe peignoir
de rouge.
Silius Italicus lui donne la couronne de branches de pin , Sc dit que fes
cornes qu’il portoit fur fon rouge front percoient au travers.
Ces deux Poëces s’accordent à le peindre de. rouge. Silius Italicus ne
parle que du front, mais il n’y a pas de doute que le vifage ne fut de la
même couleur ; & il eft certain qu’on peignoir de même fes ftatuës. Ces profanes
donnoient à leurs divinités différentes couleurs; ils les habilloient
do decern fiftula: obfervantur. Hie porro non fo-
licum diledumque fibi lignum adhibet, fed cornu
live tuba: quodpiam genus. FortalTe Vero Brixiani
deum ilium fuum cornurum non unius inftrumenti
mulici peritiam callere, oftendere voluerunt. Co-
ronam fupra cornua geftat, quam ex ebulo fadarn
putat Odavius Rubeus. Admodum barbatus Pan
eft, & leopardi pelle veftkus, ut ex pundis &
maculis hinc & inde refperlis dignofeitur. Haec
porro ftatua qua: Brixize fervabatür, cuidam Fer-
rarienli duci demum oblata fuit. Balls vero in qua
inferiptio fequens legitur, Brixize manlit. Infcrip-
tio autem lie eft legenda. C a u t o P a n i C a iu s
M u n a t iu s Q u i r in a T ir o D u u m v ir J u r i -
d ic u n d o , et C a iu s M u n a t iu s Fr o n t o f il iu s
d e d ic a v e r u Nt . Non in promtu eft caufarn vel
occalionem dicere cur cognominatus lit CautuS,
quo lignificatur prudens, lagax , qui rebus geren-
dis, malifque vitandis caute profpiciat. Sic , ut
putatur , didus eft, quod res Brixiam fpedantes
caute tradarct , cujus urbis ipfe ceu tutor .& pa-
tronus erat, & ipli impendentes calamitates caute
avertebat.
In eadem urbe, inquit Rubeus, lapis infculptus
erat, ex zophoro cujufdam rempli, utputabatur,
avulfus ; ubi caput Panos oblique fculptum intra
coronam ex pineis ramis concinnatam j aderat &
Syrinx proxime caput polita. Panos cujus hic imago
vilitur, corona ex herba erat, quam ebulum
vocant. At teftificantur Poëtæ utramque coronam
ebulinam nempe Sc pineam deo Pani competere,
Örnamenta ejus, inquit Virgilius, erant fernen
ebuli,& miniata pidura.
Pan dens Arcadia vtnit, quern vidimus ipfi
Sanguineis ebuli bacchis minioque rubéntem.
Silius Icalicus ex ramis pini confedam ejus dicit
coronam ; aifque cornua coronam penetraviflè, Sc
fuperne videri.
Cingit acuta comas & opacat tempora pinus,
Ac -parva erumpunt rubicunda cornua fronte,
In eo autem Silius cum Virgilio confonat quod
Pana minio feu rubro colore depidum uterque
dicat, frontem Silius rubicundam dicit, id quod
de toto vultu intelligas. Illo itaque colore Panos
ftatuas depingebant. Veteres ill! profani deos fuos
Yariis ornabant coloribus. Vcftes quoque apponeauffi,
& leur failôient changer à certains jours; ils couvroient ordinairement
la tête de Vulcain d’un bonnet bleu , comme nous avons dit fur
Vulcain.
Properce donne au dieu Pan le pin, & dit que le dieu d’Arcadie aime cet
arbre. , . , ,
III. Ce n’étoit pas la feule maniéré dont Pan étoit honoré a Breflè. Ses
habitans paroiffent avoir écé fort dévots à ce dieu Pan qu’on appelloit Lucidus,
ou le lumineux , parce' que fa tête jettoit des rayons de tous côtés. Le monument
1 fuivant repréfente fa lutte avec Cupidon, célébrée par les poëtq?. Pan %
fut terraffé. Nous voyons ici ce dieu Pan le lumineux, & couronné de rayons,
renverfé fur fon dos, Cupidon qui lui marche fur le ventre, Sc lui arrache le
coeur & les entrailles, malgré les prières que Pan femble lui faire. Cupidon
a jetté fon àrc & porte fa trouflè; la Hutte de Pan à huit tuyaux eft auffi éten-
duë à terre. Au-deflus des combattans on voit une grande guirlande, faite dit
le Roffi de rameaux & de feiiilles d’olivier, & au-deffus de la guirlande une
o-rande étoile ; cette guirlande, ou couronne repréfentée au-deffus des combattans,
paroît d’abord etre deftinee au victorieux ; mais elle eft la pour le
Pan, qui tout terrafle qu’il eft, foule aux pieds, & déchiré par Ion adverfaire,
ne laiflè pas d’avoir la tête rayonnante comme un Soleil ; la guirlande eft de
même toute rayonnante ; le loleil qu’on voit par-deflus 1 éclairé , la rend brillante,
Sc digne de Pan le lumineux. ^ . . H
Ce Pan lumineux pourrait avoir quelque rapport à ce que dit Hyginus
c cxcvi. voici tout le paffage,,, Les dieux s étant retires en Egypte, Sc craignant
la fureur de Typhon, Pan leur conleilla de fe transformer en bêtes, pour “
éluder ainfi plus facilement les pourfuites de ce géant, que Jupiter tua en- C£
fuite d’un coup de foudre ; les dieux depuis en reconnoiffance du falutaire “
confeil que Pan leur avoit donné, le mirent au nombre des affres, Sc parce “
qu’en cette occafion il s’étoit lui-même métamorphofé en chèvre, il fut ic
appelle Ægoceros; c’eft en notre langue le Capricorne. Pan peur avoir été “
nommé le lumineux parce qu’il avoir, été changé en étoile; & c’eft peut-être
cecte étoile que nous voyons ici fur la couronne de Pan ; c etoit fans doute pour
honorer ce Pan lumineux, que dans plufieurs temples de la Grèce on entre-
tenoit un feu perpétuel devant fes autels, Sc devant fes ftatuës, comme nous
banc, ftacifque diebus matabanr. Vulcani vero caput
cceruleo pileo cegere folebant. Propertius Pinum
adferibit Pani, aitque Arcadia: deum hanc amare
arborem.
Fagus & Arcadio Pinus amata deo.
III. Non hac una forma Pan Brixia: colebatur.
Brixiani quippe eum quem Pana Lucidum voca-
banc, admodum religiofe coluifte videntur. Qua:
denominatio hinc orta erat quod illius caput radios
emitteret. Monumentum 1 fequens, ejus cum
Cupidine ludtam depingit k Poecis tantopere cele-
bratam. Pan proftracus fuit. Hie cernimus Pana
ilium Lucidum radiis fulgentibus coronatum humi
jacentem & fupinum, Cupidinemque panos ven-
trem calcantem, ipfiufque cor & vifeera evellen-
tem, fruftra precante veniamque poftulante Pane.
Cupido arcum projecit, phacetramque geftat. Panos
tibia odo- fiftul'arum jacet eciam humique pro-
ftrata eft. Supra pugiles in aere corona grandis vi-
ficur, adornata, inquit Rubeus, ex ramis foliifque
olivce, Sc fupra coronam ingens fteila. Corona
porro ilia five fertum in circulum adornatum , con-
certantibus imminens , vidtori ftatim deftinatum
videatur. Scd Pana refpicit, ad Pana pertinere de-
prehenditur, qui licet proftratus , licet pedibus
caicatus ac difeerptus, radiato tamen Solis inftar
capite jacet. Sertum etiam five corona ilia fubli**
mis, radiis Sc ipfa illuftratur. Sol ipfam illuftrat,
fplendcntem reddit, dignamque Pane Lucido. ^
pan ille Lucidus apte referri poffic ad ea quze
de illo^narrat Hyginus cap. cxcvi. En totum ejus
locum : Dn in Ægypto cum Typkonis immanitatem
metuerent, Pan juffit ut in feras be fias fe converse-
rent, quo facilius eum deciperent, quern Jovis pojtea
fulmine interfecit. Pan deorum voluntate, quod ejus
monitu vimTyphonis evitarant , in ajlrorum numerum
relatus, & quod fe in caprdm eo tempore convene-
rat, inde agocerus eft diSlus, quern nos capncornum
dicimus. Potuit Pan Lucidus vocari quod mutatus
in ' ftellam fuiftet : & hæc fortafte fteila eft , quam
hie fupra Pano caput videmus. Paufanias in Ar-
cadicis cap. 49. quoddam Panos templum deferi