
SUPPLÉMENT DE L’A N T ..E X P L IQ . L iv VI.
il déclare une feule vertu , & une puiffance de Dieu Créateur de toutes chofes 3
oui a produit du néant toutes chofes vifibles & mvifibles ; il dit auffi que le
« lire humain a été créé de Dieu auteur de toutes chofes, & qu il lui a donne
une ame raifonnable , en quoi il a fuivi Moïfe -, il ajoute que le genre hum un
cft malheureux , fujec à plufieurs maux fpirituels & corporels, capable de
bonnes & mauvaifes oeuvres, & affujetti à une vie m.ferable ; .1 y a apparence
que quelque Chrétien Gnoftique aura prête a Orphee toutes ces choies.
4 De tant d’Orphées il paroît que les anciens, poètes , & autres, n en ont aie
qu’u n , à qui ils ont attribué bien des chofes; ils l’ont fait fur tout un admirable
Muficien. Il- s’étoit rendu, fi habile à jouer des inftrumens, difent-ils, qu il
charmoit non-feulement les hommes , mais auffi les betes, Sc jufquaux chofes
même infenfibles , lés lions, les tigres, les léopards, oubliant leur férocité,
accouraient a cette mélodie, & tel en étoit le charme, que les boeufs les
moutons, les agneaux qui s’y rendoient auffi, jouifloient en toute ffirete des
doux accords de fa lyre, les oifeaux y votaient ; les forets meme, & les rochers
fe prêtoient à cette harmonie. ' . , ’ „ , ., , ___
Pl. IL Nous avons donné là même deux images d’Orphee, en 1 une il charme
l x x x iv . jes animaUx au fon de fes inftrumens ; en l’autre il enchante avec la lyre le chien
Cerbère; mais rien m'approche de la beauté du monument que nous repre-
1 fentons ' ici. Te ne fçai s’il eft aujourd'hui auffi entier que le deffiein le montre
, mais le voici en l'état qu’il étoit lorfque Boiffiard le deffina a Pecavv dans
la Stirie Ville autrefois fort connue fous le nom de Petw,o,oniu S. Athanale
p i« 6 . l’appelle Cet édifice a vingt-quatre pieds de hau t, huit
de larse, & deux d’épaiffeur ; il eft tout en fculpcure depuis le haut jufqu a la
bafe hors la plâtre bande, où eft une infeription fore gatee : on y lit pourtant
à coup fût, M. Aurelio Ctfari........ fufcefto vota A Ü | 1 § voeu
fait pat les habitans pour l’Empereur Marc-Aurele, qu. fut apparemment
dans ce pays , lorfqu’il fie la guerre aux Quades & aux Marcomans : ce voeu
femble avoir éré fait pour l’heureux fuccès de cette expédition. Au-deflus de
l’infeription eft repréfenré Orphéejoiiant de fa lyre, ayant un lion couche aUpotentiam
omnium reram opifiers Dei ; qui ex
c<rwräd non el'at-omnia creavit &'Vilibilia & invilibilia.
De eenere autem bumano dixu, iplum m-
dem ab omnium-rerum opifice Deo formatnm full-
fe, & animim accepiffe rarione przditam, lequurus
Moyfisfcripta. 'Dixit etiam, genus humanum eile
toiteium, & mulcis' animi corponfque calamitä-
tibus obrioxium;, bonorum malorumque operum
capax, & ad miferam vicam addiftus. Vet. fane
fimile eft Chriftianum aliquem Gnofticum h*c Or-
phei nomine commenmni elfe. . „
Ex cocOrpheis videnrnr Veteres cum poets,
turn alii nnum Orpheum effinxiffe , cui rot tan-
taque adferipferint. Inter Mufieos autem cum pn-
mis admirandum ilium commentl funt. lnltru,
menta muficz adeo petite tradabat, ut non homines
modo , fed etiam fcras , imo res quoque
fenfu carentes ad melodi* fu* conceptual evo-
Caret": Leones, tigres, leopardi pofita ferocitate
ad hanc mclodiam accnrrebant, ufque adeo illec-
ti cantus ’fuavitate , ut boves., oves atque agm ,
qui confertim & ipfi veniebant, fe.curitate omm
ftuerenrur dum ly.r* ejus concentu dclettaren-
fur. Eo volabant antes , fylv* quoque & rupes
illam fedabantur harmoniam.
II. Ibidem duos protulirous Orpheos, quorum
alter aniroalia brura melodia fua pelhcit ac delec-
tat, alter Cerberum canem lyta fua delinit. Ac
nullum huic quod reprzfentamus , conferri po-
teft. Ignoro autem utrum tarn integrum & la-
nuro fit hodie ,'quam hie exhibetur. Ut ut eft : hoc
in ftatu fupere'rat quapdo Boiflicdus ipfum deli-
neavit. Exftat autem Petovione in Sttria , qu*
urbs olim Celebris Pttmv hodie vocatur. Athana-
fius autem p. 176. unvjllwet illam appellat. Hoc
»dificium eft altitudine viginti quataor pedum ,
odo latitudine , duorum muri denfitate. Totum
autem infculptum eft ^ fummo ufque ad bafim ,
excepta plana ilia fuperficie , -ubi infcriptio ha-
betur admodum labcfedata. Ibi tamen legitur nec
dubie. M. Aurelia Clfuri ........ fufeepo vata dedicarmt.
Votum fcilicet eft ab ilia civttate lul-
ceptum pro Marco.Aurelio Imperatore, quis lftts
haud dubie in parribus verfatus eft, quando Qua-
dis 8c Marcomannis bellum intulit : tuneque votum
pro expeditionis hujufmoli exitu relict lul-
ceptum eft. Supra inferiptionem reprafentatur
Orpheus lyram pulfans. Proxime Orpheum veprès
de lui, qui marque être fort attentif au fon : là fe voiçjme forêt, qui félon
la fable s’y doit être tranfporcée pour entendre de plus près ces charmans accords.
Des animaux de toute efpece font pour la plupart affis ou couchés tout
autour; ils marquent en hauflant la tête, & drellanr les oreilles, le charme qui
les tient. La firifè au-deffus eft pleine d’oifèaux, parmi lefquels on remarque la
chouette , le co q , le cygne & le paon: au-deflous de l’image plein d’animaux,
entre lefquels font le fanglier, le bouc, le belier.
III. Pourquoi la fable d’Orphée fur un monument fait pour M. AureleJ
c’eft apparemment pour marquer que comme Orphée enchanroit tout par les
accords de fa lyre, de même ce bon Empereur charmoic tout le monde par la
douceur de fes paroles, Sc par un gouvernement le plus équitable qu’on eut
encore vû, par fa modeftie Sc par fon humeur bienfaifante. Au bas de ce monument
eft repréfentée une hiftoire plus difficile à expliquer. Un homme nud affis
parle à des femmes, une autre femme eft accoudée fur le dofîier de fa chaife.
Ces femmes fèmblent lui apporter des prélèns; la première tient un vafe, les
deux fuivantes ont chacun une efpece de globe, ou peut-être une pomme à
la main; la quatrième eft nuë, Sc termine la bande; elle tient d’une main un
bouclier appuyé contre terre. Voilà un tableau bien difficile à expliquer. Ce
qu’il femble qu’on pourrait avancer de plus convenable à l’infeription, feroit
de dire que l’homme nud affis eft peut-etre quelqué divinité du pays, à laquelle
la ville de Petau vient faire fes offrandes, pour accomplir le voeu fait pour l’heureux
fuccés des armes de l’Empereur; Sc que la première figure qui porte un
grand vafe fera le Prêtre ou la Prêcrefle : car il n’eft pas aifé de connoître fi c’eft
un homme ou une femme. Les deux figures fuivantes fèront-là pour faire honneur
à la cérémonie ; Sc l’homme qui tient un bouclier ovale, lignifiera que le
voeu fè fait pour l’heureux fucces des armes de Marc Aurele : voilà la première
penfee qui me vint en comparant limage avec l infcription. Je vois bien qu’il
fe préfènte des difficultés contre cette explication : car l homme affis a plus
l’air d’une perfonne vivante que d’une divinité; Sc ce qui femble confirmer
que c’eft une perfonne vivante, c’eft qu’on voir une femme appuyée contre le
doffier de fa chaife. On pourrait repondre à cela, qu’on voit fi fouvent dans
cumbit lco, qui melodiæ concenru càptus videtur.
Hîc filvam videas', quæ fi mychologis fides, iltuc
aliunde profedta eft, ut cantus fuavitate gauderet.
Cujufvis generis animalia circumqüaqùe vel fedent
vel decumbunr, ereéto capite, arre’étisque auribus
fe mélodia demulcéri téftificantur. Zophorus fuper-
ne avibits replemr, inter quas no6tua, gâllus,
eyenus & pavo} & fub imagine, animalia diver-
fa comparent, in quibus aper, hircus, aries.
III. Cur Orphei fabula in monumento ad Mar-
ci Aurelii Imperatoris honorem eredto ? Quantum
conjicere valeo , ut fignificaretur, quemadr.
modum Orpheus lyræ fuæ concentu omnia dé-
mulcebat, fie optimum ilium Imperatorcm émues
ad fui amorem illexifle turn fuavitate verbo-
rum, turn ilia in imperando æquitate, bénignirate
, modeftia, beneficentia. Pars infima monu-
menti rem longe explicatu difficiliorem monftrat.
Vir nudus fedens mulieres alloquitur ; mulier alia
fuprema fedemis fella cubitis innitirur. Mulieres
iftæ videncur fedenti viro munera afferre. Prima
vas tenet ; duæ fequentes globum fingulæ five ma-
Tome /.
lum ; quarta nüda, quaß dläüdit agmen, ihanu
elypeum in terram innixum tenet. En utique ima-
ginem explicatu admodum difficilem. Id quod autem
inferiptiorii magis confentäneum ftaiina in men rem
fuccurrit, hoc eft; nimirum hominem fedentêm
eïlè fortaftis aliquod numen illiüs regionis, cui ci-
vicas voti fufeepti folvendi caufa, neriipe, pro
felici exitu armorum Marei Aurelii, munera
offert. Qu re prima perfona accedit , facerdos
erit five mas, five femina; neque enim ita facile
poteft genus diftingui.Qiue fequuntur dure,facerdo-
tem honoris caufa comitantur : is vero qui elypeum
ovatre forms tenet, fignificabic, votum pro
felici Marei Aurelii in bello fucceffu, nuncupa-
tum fuifiè. Hac primo mihi inferiptionem cum
imagine comparand, in mentem vefierunt. Nec
me fugit multas mihi poffe difncultates objici; nam
vir ille fedens plus viventis hominis, quam nu-
minis cujufpiam figuram offert : id quod etiam
cpnfirmare videtur mulier ilia fella dorfo innixa. Cui
obje£tioni refponderi poteft deos deafque in monu-
mentis agentes ac loquentes reprafentari, ut id nihil