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faudra traduire : Les trois premiers qui
■étoient nommez Anaces , nez à Athènes,-
f i s de Jupiter i/y de Proferpine. C’eft ainfi
qu’o n t tous les imprimez.
Mais qui a jamais dit que ces dieux
fuffent nez à Athènes ? Je réponds à
•cettè quéftion par une autre : Qui a
jamais dit que ces dieux fuffent fils de
Ju p ite r premier & de Proferpine î Qui
a jamais dit que ces Diofcures Anaces;
sappelloient T ritopatreus , Eubuleùs,
■& Dionyflus ? J ’ai beau chercher dans
tous les auteurs, je ne trouve rien de-
cela. Cicéron eft le feul qui le rappor-
t e , d em èm eq u ’u n g ran d n om b red autres
chofes. qu'il dit touchant ces dieux,
q u i ne fe trouvent que chez lui. Il ne
donne ici fur ces Diofcures qu’un fen-
tim en t particulier , qui différé de ce
que tous les. aucres auteurs d ife n t, 6c
iur leurs n om s , & fur leurs parens. Q ui
nous garantira que le texte deCiceron
étant pur dans tout le paffage, n ’eft vi-
tieüx que dans la virgule qui lès fait
naitre a Athènes : Mais quel auteur
nous a d it où font nez ces Diofcures
Anaces , pour déplacer fur fon témoignage
cette même virgule ? Je ne trouve
nulle p a r t, pas même une conjectu
re legere, qui nous oblige a la c h a n -
ger.L
es fentimens étoient extraordinairement
partagez fur ces dieux Anaétes
o u Anaces : les uns difoient, felonPau-
fanias, que c’étoient les Caftors, c’eft
à dire Caftor & Pollux ; d’autres que
c’étoient les Curetes ceux qui fe
croioient les mieux inftruits , preren-
doient que c’étoient les Cabires. Parm
i toutes ces variations, qu’on obfer-
ve dans Paufanias (a) ; dans Strabon &
dans les autres, il n’y a pas le moindre
petit endroit ou il foit parle du lieu
de la naiffance des Diofcures Anaces.
J e conclus en difant que je ne déplacerai
po in t là virgule , à moins qu’on
ne me donne des raifons folides pour
la mettre ailleurs.
U n peu plus bas dans le même li-
(a) InPhocicisc. 38.
A C E .
vre Cicéron d i t , parlant de ceux qui
portoient le nom de Mercure ; fiu in -
tus qnem colunt Pheneatx, qui dy Argum
dicitur interemifie, oh eamque caufam in
Ægyptum profugijfe, atque Ægyptiis le»
ges dy Oteras tradidijfe. Au lieu de cette
leçon , oh eamque caufam in Ægyptum
profugijfe, l’Edition de Lambin, de
1 5 7 7 . & plufieurs autres;Editions ont,
oh eamque caufam Ægypto prafuijfe.
J ’ai fuivi cette derniere leçon , & c’eft
fur cela que M. l’Abbé Oliver fait la
remarque mivànte.
Le P. de Montfaucon Tom. I. p. 1 2 6 .
traduit ainfi :Le cinquième que les Phe-
neates honorent, eft celui qui tu a , dit-
on , Argus, & qui pour cette raifon obtint
l’empire de l’Egypte. Quel rapport,
pourfilit VI. l’Abbé-, avoit le meurtre
dArgus avec la couronne de l’Egypte ? Mais
cela vient de ce que le P. de Montfaucon
s'efl fervi d’un exemplaire peu correSl, ou
il a lu : qui Argum dicitur interfeciffe , oh
eamque caufam Ægypto prafuijfè.
Le texte de Cicéron que j ’ai foivi, ob
eamque caufam Ægypto prafuijfe, ne dit
pas qu’il ait porté la couronne de l’Egypte
; & ma trad u é tio n , dd qui pour
cette raiftm obtint Fempire de l’Egypte, fem-
bletrop dire : Je crois qu’il feroit mieux
de tourner a in fi, dy qui pour cette raifon
gouverna l’Egypte. Mais ce n’eft pas cela
que M. l’Abbé reprend. Quel rapport,
dit-il,avoit le meurtre d’Argus avec la couronne
de l’Egypte ? Il faut qu’il ait oublié
cette fable fi commune qui d it, que Io
fille d’Inachus Ro i d ’Argos aiant .été
metamorphofée en vache par J u n o n ,
cette déeffe la donna en garde à Argus
qui avoir cent yeux; & que.Mercure
aiant eu ordre de Jupiter de délivrer
Io , tua Argus : qu’Io fous la forme
d'une vache fut encore plus expofée à
la colere de Ju n o n , qui lui envoia un
aiguillon, dont elle fut tellement agitée
, quelle traverfa les me rs, les fleuves
& les montagnes, & s’arrêta enfin
en Egypte fur le bord du N il, où elle
reprit la forme de femme,& fut enlùitc
P R E F
ïè ine & puis déeffe de l’Egypte fous le
n om d ’Ifis aveeffon mari Offris. Lacon-
fequence eft donc très-jufte Ifis par re-
connoiflance aura donné a Ion-libérateur
le gouvernement de l’Egypte. Mercure
, dit Dio d o re de Sicile,’ ( afi-étoit
le premier miniftre fous Offris : ilofùt
auffi le confeiller dfffis, Gfeft lui
qui apprit aux Egyptiens l’ufage dés lettre
s , lé. culte des dieux & beaucoup
d ’autres cbofes.\ En un m o t, il gouver-
•noit l’Egypte fous Offris félon le mente
auteur. M. l’Abbé Olivèt ne dira plus
après celà , qiiel rapport avoit le meùnte
d'Argus avec la couronne de l’Egypte ?
Cette leçon au refte , ob eamque •caufam
Ægypto prafitijp , a été luivie par
les plus fameux Antiquaires , coftime
Lilius Giraldus, Natalis Cornés Sc autres.
O n a depuis fubftitué a celle-là ,
oh eamque caufam in Ægyptum profugijfe.
J e ne difputerai pas ici laquelle des
deux eft la meilleure, ni ne prérens pas
donner la préférence à celle que j’ai
fuivie ; j’avoue meme de bonne.foi que
j ’ai plus de penchant pour l'autre , Car
quoique les deux quadrent également
avec la fable, il eft certain que Laitance
( & ) a lu dans fon Cicéron in Ægyptüni
profugijfe. Il fe trouve encore d’autres
paflages d’auteurs qui favorifent cette
leçon.
La fixiéme remarque eft encore fondée
fur une différence de te x te , quoique
Mj; >l’Abbé Olivet ne le dife pas
dans fa noté ; mais cela lui a échappé ,
& je fuis fort perfoàdé qu’il ne l’a pas
omis de propos délibéré. C’eft for le
troifiéme Bacchus ou mon exemplaire
a cujus Saba zia fun t inftitüta, comme je
l’ai mis dans le Latin ; & 1e- fteh a , cüi
Sabaziafient infiltuta. Voici fa note. Lè
P. de Montfaucon T. i . p. 2 2 5 . traduit
ainfi cet endroit : lè troifiéme eut pour
pere Caprius : on dit que celui-ci fut
Roi de l’Afie , auteur des lôix qu’on
âppella Sabaziennes. Je voudrais qu'il eut
cité fes garans s car fans cela je perfifierai
(a)V. i j . edic.Hanov. 16041
||f$Laétan. 1, i k c. 6»
A C E . x x i i f
a croire que les Sabazia nétaient point des
-loix , mais que c étoient des fêtes en l’honi
neur-de Bacchiis aüjjt-bien que les Orphiques
dy les Tïiercridcs. Efl-il befoin de citer là-
dejfis Diodore de Sicile, le Scbàliafie d’Ari-
flopbane, Harpocration, f- c ?
Il n’eft pas befoin de citer perforine j
je n ’ai pris celaque dans m on Cicéron:
Tertium Caprio pâtre eumqüe Regem Afià
prdfùiffe dictait ; cùjus Sabazia fa i t inftitu-
ta. J ’ai traduit ces derniers , auteur des
loix qu’on appella Sabaziennes. Il eft cer-^
tain que félon cette leçon inftitüta eft
le fobftantif &c Sabazia l’adjeétif. lnfti-
tuta font des loix s ou fi l’on veut des
rites, ou quelqu'untre m o t équivalent.
Je voudrais auil eut cité fes'garans, dit
M. l’Abbé. J e lui répons que je n’ai
point d’autre garant à lui citer que m o n .
texte , parce que Cicéron eft fi fingu-
lier dans tout ce qu’ilrapporte des dieux,
qu’on chercheroit inutilement des ga-,
rails pour la plupart des chofes qu’il
avancé. Ou trouvera-t-on que ce Bac*
chus é to it fils de Caprius, & qu’il étoit
Roi de l’Afie ? Diodore de Sicile (c) dit
que Bacchus Sabazius, qui doit être apparemment
le même que celui-ci, étoit
fils de Jupiter & dé Prof erp ine. Je fai
fort bien aü rëfte, que les Sabazies
étoient des ceremonies & des fêtes,dont
parlent Straboir ; Diodoré de Sicile,
Paufanias & d’autres. Mais cela empê^
che-t-ilque Bacchus n’aitpu établir lui-
même des loft ôu dès rites pouf ces fêj
te s , &t qu i! n’en foit l’au teu r, comme
il eft, dit plus bas Cicéron, l’auteur des
TrieteridëS, ce que je crois que pet-
foiine n ’a dit que lui. C e ft p eu t-ê tré
pour Cela qu’il eft nommé Sabazius ;
quoique ce nom foit auffi donné à Ju p
ite r, comme qüèlquès-uns l’affurënt,
& encore à Mithras dans tine inferip-
tion. Je conviens pourtant que la leçon
qu’a fuivi M. l’Ab b é, &i qui fe trouve
dans les dernieres éditions, fait auffi
un bon fens & pourrait etre la Véritable
; mais l’autre aiant été emploiée par
(c) Edit; Hanov. p. a i t -