Les Chinois, (ce peuple singulier, qui revendique, parait-il, l’invention de la plup
a rt des arts) p ré ten d ra ien t avoir connu le secret des voûtes depuis u n temps immémoria
l : il paraît c erta in, en effet, qu ’ils employaient les voûtes b ien longtemps avant qu ’on
y songeât dans nos climats ; puisqu’on Europe, le peuple, qui a u ra it fait le premier
cette découverte, serait le peuple E trusque, dont le plus ancien spécimen, dans ce genre
de construction, se trouve dans les ruine s d’une ville d’É trurie , la ville de Yolaterra ;
quoique, selon.nous, les voûtes en pierres de taille, les plus anciennes de cette pa rtie du
monde, et dont il soit fait mention dans les auteurs latins, soient celles des cloaques de
Rome, qui fu ren t édifiées sous le règne de Tarquin l’Ancien, 580 ans avant l’ère vulgaire,
c’est-à-dire 2457 ans avant l’époque actuelle : cependant s’il y avait lieu ’ d’accorder
la p riorité à u n peuple, c’est à l’Égypte, (ce pays où nous trouvons imprimés en
caractères ineffaçables les premiers rudim ents de la civilisation, comme des institua
tions civiles e t des arts) que nous attribuerions, avec quelque droit, l’invention des
voûtes; mais nous préférons admettre que cet a rt ingénieux soit né, simultanément,
par suite des besoins de l’espèce humaine, su r plusieurs points à la fois. ;
On a c ru longtemps que les Égyptiens n ’avaient pas connu T a n t de c in tre r
les voûtes ; des observations suivies nous ayant mis à même d’infirmer cette opinion
générale, pour le prouver, nous allons établir chronologiquement, d ’après lès monuments,
les .divers procédés dont ils firent usage, avant d’arriver à la voûte proprement
dite.
Les pyramides, qu’on doit étudier, d’abord, quand on étudie les premiers essais de
construction, fournissent des détails asses intéressants su r la manière dont les Égyptiens
suppléèrent aux voûtes, dès qu ’ils sen tire n t l’avantage comme solidité de procédés
qui tie n n e n t de-:|farc-boutant : leurs conduits sont couverts par le procédé qu ’on
appelle en dos d'âne, au moyen de- deux dalles de pie rre inclinées et formant à leur
rencontre un angle aigu. Ce genre se retrouve encore à Mycènes, dans plusieurs constructions
cyclopéennes, et, même à Thèbes, dans des édifices d ’une époque encore plus
récente que celle des pyramides. Les autres passages sont couverts en pierres placées en
encorbellement les unes su r les autres, procédé, q ui, s’il n ’est remarqué, en Égypte,
que dans les pyramides, se retrouve dans les constructions primitives des différents
peuples*
^Dans les peintures des hypogées de Beni-Haçen on remarque la représentation de
plusieurs édifices voûtés qui semblent attester que l ’invention de la voûte était déjà
connue du temps d ’Osortasen Ier, qui fut contemporain du patriarche Joseph. Toutefois
ce n ’est que quelques siècles plus ta rd qu’on co nstruisit les monuments mêmes qui
viennent témoigner que cette invention était déjà et généralement usitée.
, Ori voit encore a u jo u rd 'h u i!! Thèfes, dans la vallée des Reines, une petite tombe
voûtée, en berceau, toute remplie île débris de m om if |o t d’ossements. Le m u r de b riques
qui s’ap p u ie su r les parois de Texcavationi.est revêt» d’un en d u it de plâtre recouvert
de peintures t u n e bande d’hiéroglyphes qui c o u rt su r le. m ilieu de »là voûte
contient le nom d’Aménophis.Ie’ , preuve a b s o l u e d e .l’e x is ie n c e ife l’arcade à cette
époque reculée..
. Dans u n i|J |p tre partie de Thèbes, sur la route # ,È am e s s e um , à la vallée d’El-
Assacif, on apercevait eniebre, su r une pa rtie élevée du ro ïh e r, u n e p e tite tombe
voûtée et.p e in te : u n des »jambages de la niche du fond porte les titres et le prénom de
Thoutmès III, cinquième roi de la XTIII" dynastie.
On prétend que ces deux m o n um en ts 'au ra ien t disparu depuis notre d e rn ie r voyage
enÉgypté; m ais.eelaiût-il, il doit subsister enepre u n grand nombre d’autres preuves
incontestables d |jfem p lo i d®.-voûtes à-.cètte époque;;: i à r il existe dans les ru in e s de
Tell-el-Àmarna et dans la vallée d’El-Àssacif d’innombrables constructions en briques
crues qui portaient dep a rceaux formés de trois, six et jusqu’à dix rangées ou cintres de
briques, superposés pour mieux assurer la solidité de l’arcade. 6 est le peu d arceaux
é td e voûtes qû’ils avaient eu.occasion de rencontre r, qui avait fait c ro ire à des voyageurs
prévenus, que ces c o n s tr u c t if s é taient i e w r e de générations postérieures: aux époques
pharaoniques, Ou bien encore de llépoque des conquérants ; quoiqu'il soit impossible
de n e pas reconnaître, aujourd’h u i, p a r les inscriptions déchiffrées, qu elles doivent»
bien leu r être attribuées, et p a r suite que dès le temps des pharaons on possédait l’a rt
de construire des voûtes à clef aussi bien que dans le nôtre.-
Ce n’est pas to u t; illi&ste encore, provenant des anciens Égyptiens, plusieurs
constructions en te rre préparée c’est-à-dire en briques crue s, qui portent estampés
su r leur méplat des légendes et des: »cartouches» d é 1 la x v i i i0 dynastie; et plusieurs de
ecs murs d’enceinte; se lien t si» bien au plan des, édifices sacrés q u ils enferment,
qu’il est incontestable!,que l’e n s em b lê a été construit en même temps, alors même
q u e les témoignages écrite feraient défaut et ne p o u rraien t venir à l’appui de notre
démonstration. Il est donc impossible, à tout voyageur sérieux qui vient visiter les
ruine s de Thèbes p our S’in s tru ire , d’a ttrib u e r à d’autres peuples, ou à d’autres générations
adorant le s mêmes divinités, le m u r d’enceinte des catacombes de Gou rn ah ,
parce qu’elles portent u ne tra c e trop évidente de la main-d oeuvre des anciens. On sait,
en effet, que ces hypogées fort étendus, creusés non-seulement dans le roc, mais se
prolongeant encore dans la plaine,, au pied des rochers, à quatre ou cinq mètres au-
dessous dussol, s’étendaient fort avant sous la te rre ; et qu’on en tra it, généralement,
dans ces tombeaux, communs à toute une famille, par u n e scalier1 qui conduisait à