et qui a fait abus de l ’étymologie, nous verrions qu ’il pensait q u e |f | plus grand
nombre des langues, même le greëf;s’étuienl#formées de l'hébreu* -
Mais l’étymologie ne doit être employée q u ’avec beaucoup de réserve; car quelquefois
deux mots qui diffèrent en.apparence sont cependant dérivés l’un de l’autre (exemple :
jo u r, qui vient de dies par diurnus, ■ d’où les Ita liens ont fait giorno, djorno)., D’autres
fois, deux mots qui se ressemblent parfaitement n ’ont aucune communauté d’origine;
exemplp : escuyer, equvs : Ch. Nodier a fait dériver écuyer de eqims ; mais le mot
écuyer désigna d’abord l’officier qui servait un chevalier, et portait son bouclier, son
écu, en italien scud/iere qui vient du latin scutum. Défions-nous donc un peu de l’étymologie.
Ce n ’est pas que l’étymologie soit absurde en elle-même ; cependant lorsqu’elle
n’est pas accompagnée de l’histoire du mot, nous la regardons comme sans valeur.
C’est pouTocela que les savants, du temps de. Saumaise, ont cru à la 'similitude
du copte et de l'h éb reu : comme, pour notre compte, nous lie pouvons 'supposer que
le .langage parlé dans l’ancienne Egypte fut une autre langue que le copte; nous nous
croyons obligé de fo u rn ir des preuves à l’appui de notre opinion ; les voici
On sait qu ’il y a’, en Egypte, de nos jours, environ deux cent mille Coptes; qui
p a rlen t (il est vrai, depuis le quinzième siècle) la langué des conquérants, c’est-à-dire
l’arabe ; mais dont la langue mère s’est conservée dans u n e traduction du Penta-
teuque, du Nouveau Testament et de bon nombre ^-d'homélies: celle-ci $ s t donc,
pour eux, c e qu’est le latin pour les peuples de l’Occident, e ftfh ë b re u pour les juifs
européens.
Leur tradiiction date des deuxième,&ç|roisième et quatrième siècles : ' Comme
elle fut faite pour faciliter au p e u p le . l’intèllig.ènce:' t e ^ i n t e s Écritures, il faut en
conclure qu ’élle représente la langue des C o p t e s c e t t e époque : En outre on a la
certitude que les Égyptiens avaient conservé leu r langue sous l’invasion persane,
comme aussi sous la domination des Grecs et des Romains, puisque les papyrus
témoignent que les contra ts, les pièces de procès, écrits en égyptien, é taient ensuite
trad u its en grec p our les magistrats. Enfin M. Ét. Quatremèrë a suivi l’égyptien à
là trace, ju sq u ’au troisième siècle après J.-C.
Cela posé, si on élimine du copte plusieurs mots grecs, hébreux, arabes (qui
ont d ù is ’y introduire), il reste un e langue sui generis, que les philologues S. de Sacy,
Quatremère et Peyron ont reconnu n ’avoir aucun rapport avec les langues’sémitiques.
Cette langue a un système pa rtic u lie r de flexion, des cas marqués par affixcs
et suffixes, et une phraséologie originale qui se • ressent dù style lapidaire. Or il est
bon de rémarquer que dans l ’étude des langues il faut, en général, attacher une plus
grande importance $ la to u rn u re des constructions grammaticales q u ’au vocabulaire
propre : Il est facile de s’en ren d re compte p a r ce fait que dans le nouveau monde
il y a ju sq u ’à quatre cents dialectes très-différents de la- langue, et une seule base
grammaticale : les hommes, d it Letronne, différant par l’intelligence comme par les
caractères ethnographiques, il e st-n atu re l qu ’à chaque tournure originale de l’esprit
corresponde u n principe p a rtic iilie r de grammaire : l’étude d é la langue conduit
donc aux mêmes conséquences que l’étude des caractères ethnographiques:1 ,!
En résumé le résultat de ce qui précède est celui-cif^ que la langue égyptienne
n ’est pas.sémitique; que cette langue est celle dans laquelle lés livres bai 11 ts d’Égypte ont
été traduits, c’est-à-dire la langue des Coptes; et qu ’en dégageant le copte de tous les
mots étrangers qui s’y sont glissés, il reste une langue sui generis, identique à l’ancienne
langue parlée en Égypte, sous cette réserve, b ie n 1 entendu, que la languè copte ne
nous étant connue que par des spécimens peu nombreux, ne peut nous représenter
complètement l’ancienne langue égyptienne, qui devait certainement être plus parfaite
: Est-ce qu ’il n ’en serait pas de même pour le grec ancien, si l’on n ’avait conservé
qu’un seul des auteurs qui ont écrit dans cette langue? -
Ajoutons encore de nouvelles preuves à celles que nous venons de fournir, en
rappelant que grâce aux Grecs il nous a été conservé des mots égyptiens qui se
retrouvent encore" dans le copie* Citons d’abord Canope ou Kavwêoç, nom d’une ville
célèbre par le culte d’Isis, et plus tard par celui de Sérapis, située à l’embouchure
d’une des branches du Nil : L’ora teur Aristide, qui vivait sous les empereurs Adrien
et Antonin, dit que Canoub signifie soi d’or dans la langue égyptienne; or cette racine
se retrouve encore dans le copte avec cette signification : Hérodote parle d’une
espèce de crocodile que les Égyptiens appelaient Chemsa; or en copte ce crocodile
est désigné sous le nom de Souchos. : Sapho emploie, dans une ode adressée à son
frère qui faisait le commerce de vin avec.l’Égypte; le mot èpniç qui était u n mot'égyptien
signifiant v in ; or dans le copte, il y a le mot herp qui signifie vin. Enfin, dans
la Genèse, Pharaon appelle Joseph d’un nom qui signifie : Sauveur du monde; or ce
nom, îqn peu altéré dans les Septante ét les traductions latines, se retrouve aussi dans
le copte. Il en est d e . m ême pour le mot Àrpedonapti, qui désigne une secte de
prêtres et qui se retrouve dans le copte.
La langue^copte nous * a donc conservé une partie de l’égyptien ; et toutes des
recherches ayant démontré que le copte n ’a aucun rapport avec les idiomes sémitiques,
ni quant au vocabulaire, ni quant- à' la syntaxe* on en peut conclure aussi que
l’égyptien différait des idiomes sémitiques. La langue égyptienne est essentiellement,
monosyllabique, et les mots se composent avec des affixes, des préfixes, des suffixes;
où il peut y avoir jusqu’à quarante-deux combinaisons.