ayant encore plus de difficultés à surmonter q u ’eux; et les peuples modernes n ’ont-
ils pas, à leu r tour, eu des fardeaux beaucoup plus considérables à transporter? Qu’il
nous suffise de c ite r, en exemple, le piédestal de la statue -de Pierre le Grand qui
pèserait 1,150,000 kilos, tandis que le grand obélisque de Karnac, qui a quatre-vingt-
douze pieds de h au teu r ne pèse, environ, que 500,000 kilos. C’est qu’en effet, a dit
Lalanne, par u n choix convenable dans l’emploi des moyens^ l’homme peut tire r de
sa force un parti bien plus considérable que s’il eût agi sans le u r secours.
Rondelet, dans son a rt de b â tir, rapporte à ce sujet u ne expérience classique dont
voici le ré su lta t :
« Pour tra în e r une p ierre, su r u n sol de niveau, ferme et u n i, il faut employer,
en force, u n peu plus des deux tiers du poids de la p ie rre ; les trois cinquièmes si
on la tra în e su r des pièces de bois; e t les cinq neuvièmes si on la tire après l’avoir
placée su r une forme de bois, posant, elle-même, su r les pièces de b ois; mais si l’on
savonne les deux surfaces de bois, il ne faut plus qu ’un sixième de force. De plus,
en faisant usage de rouleaux de h u it centimètres de diamètre, placés comme intermédiaires
en tre la p ie rre et le sol, le tirage devient la trente-deuxième partie du
poids, et la quarantième partie, si ces rouleaux roulent sur une plate-forme en bois;
de sorte q u ’il ne faudra alors que la cinquantième p a rtie du poids de la pie rre
pour opérer le mouvement. »
Ceci ne prouve-t-il pas qu ’à: chaque invention nouvelle, indiquée par la théorie ou
par la pratique, le travail de l’homme éprouve un e diminution sensible ; puisqu’on
p roduit plus d ’effet avec la même force, ou bien qu ’il faut moins de force pour un
objet déterminé.
Examinons, maintenant, quel rôle joua la brique dans la Construction des murs?
Les briques paraissent avoir été inventées p our suppléer aux pierres naturelles dans
les pays où elles sont absentes, rares, de mauvaise qualité ou d ’u n travail pénible.
On sait que la: fameuse tour de Babel, ou plutôt de Bélus,: près de Bagdad,
construite dit-on, deux mille deux cents ans avant l’ère chrétienne, e t dont plusieurs
voyageurs p rétendent avoir retrouvé les ruines,, est réputée le plus ancien monument
connu de briques crues dont l ’histoire fasse mention ; et que les briques, employées
à sa construction, et mesurant un peu plus de trois décimètres carrés su r un déc
imètre d’épaisseur, auraient été maçonnées au moyen d’u n mélange de te rre et de
bitume.
' Nous Croyons que ce sont les briques crues, encore en- usage dans * les pays de
la zone torride, qui fu ren t d’abord employées : Elles sont aussi durables, dans ces
climats secs, que les briques cuites et les pierres dures le sont dans les contrées
humides. On les façonnait avec u n e te rre grasse ■ et crayeuse; et, pour leu r donner
plus de consistance, oh m ê l a i l a te rre de la paille hachée ou coupée très-couite,
après quoi on^fès faisait sécher: et d u rc ir au Soleil.
Voici ce qu’on trouve dans la Bible à leu r sujet, alors que les Israélites, six cents
ans plus ta rd , séjournèrent en. Égypte, où réduits en esclava'ge, ils é taient occupés
à la fabrication des- briques e t du mortier : « Et lès- Égyptiens tra ita ien t avec
rig u eu r les enfants d’Israël, lour faisant faire leu r propre prison ¡;en briques de
mortier. »'•
’ Et plus loin :
• c P haraon commanda, ce jour-là même, aux exacteurs qui é taient su r le p e u p le n t
à ses commissaires, disant : Vous ne donnerez plus de paille à ce peuple pour la ire des
briques comme auparavant; mais qu’ils aillent et q u ’ils amassent de la paille ; e t cependant
vous leu r imposerez la quantité de briques qu ’ils faisaient auparavant, sans en
rien diminuer, car ils sont gens de lo is ir. »
En outre, su r une stèle trouvée à Amada, où il est question d’u n temple bâti par
u n pharaon ; voici, comment en parle l’inscription hiéroglyphique 0 En pierres, de
construction durable, et les murailles par devant en briques. »
D’u n autre côté, les ru in e s égyptiennes attestent aussi que dans ce pays, à toutes
les époques, on a beaucoup co n stru it en b riques crues, non-seulement des maisons particulières,
mais les édifices publics. On voit encore, dans les environs de Memphisv les
restés d’une pyramide, co n stru ite en briques crues, dont la h au teu r est d’environ quarante
cinq mètres ; ces briques sont composées d’u n mélange de te rre n o ire e t argileuse,
de petits cailloux, de coquillages e t de.paille hachgg Leurs proportions diffèrent un
peu ; elles ont, généralement, 0,38 de longueur, s u r 0,18 de largeur, et 0,12 d’épaisseur.
Cette pyramide doit être celle dont parle Hérodote, élevée p a r u n roi d’Égypte
auquel il donne le nom d’Asychis, qui
fit graver dessus cette inscription :
« Ne me méprise point en me compara
n t aux pyramides de p ie rre , je suis
autant au-dessus d’elles que Jupiter
est au-dessus des autres dieux ; car j ’ai
été bâtie en briques faites avec du
. "limon du fond du lac. ^ : ;
Les briques crues employées par
les anciens Egyptiens é taient d’un
travail assez grossier et offrent généralement peu de solidité ; quelques-unes, qui sont