différences notables. Cette planche représente deux de ces chapiteaux : le premier, qui fait partie
de la galerie de l’ouest, est beaucoup plus régulier que l’autre; il est orné d’écailles au-dessus
des viroles, et de grappes de dattes immédiatement au-dessus des écailles; mais le tout est assez
grossièrement sculpté. Quant au second, il n'est pas orné de fruits, et les viroles commencent en
bas des palmes, tandis que la base est décorée de chevrons semblables à ceux des autres colonnes
de cette galerie.
Dans la colonnade opposée on remarque un chapiteau dactyliforme dont la courbe est gracieuse,
les régimes bien développés et les écailles en dessous bien sculptées. Il porte encore
du côté du mur des traces de couleur, bien que le fût n’ait pas été terminé. Ce coloriage prouve
que les Égyptiens ne cherchaient pas toujours l’imitation de la nature, mais un assemblage de
couleurs, agréa'ble à l’oeil.
Le chapiteau dactyliforme de la colonnade en face de l’Émisi, est d’une forme assez gracieuse;
mais les viroles arrivent'au niveau des feuilles ; il ne porte ni fruits ni écailles et seulement des
chevrons au-dessous des viroles.
Enfin, celui de l’intérieur du pronaos est élégant et sévère; les palmes ne sont pas sculptées,
mais seulement coloriées. Le fond est vert, les branches et les feuilles, bleu. Les viroles en
dessous portent les mêmes couleurs que celles des autres colonnes delà même salle.
La colonne dactyliforme a été employée dans ünè des salles du grand temple de Soleb, bâti
par Aménophis III dans la haute Nubie. La base de cette colonne est ornée d’une bande de croix
ansées, puis d’une zone d’hiéroglyphes, enfin d’une suite de prisonniers portant leur écubla-
sonné du nom de leur pays.
Vient ensuite le temple de Sesebi, près du Soleb, où Séthos I®r adopta les colonnes dactyli-
formes pour le temple entier dont il ne reste que quatre colonnes.
Chapiteaux loliformes.
Creusé en gorge ou en cloche renversée, ce chapiteau est imité du calice du lotus ; on lui a
donné le nom de loliforme parce que les anciens avaient spécialement donné le nom de Lotus à
la fleur de la plante. Ce chapiteau, quels que soient les ornements accessoires qui le recouvrent,
est d’une forme invariable, c’est-à-dire en cloche renversée. C’est le plus général de tous ; il
mérite le nom de chapiteau national, ainsi que celui dont le dattier est le type.
Chapiteaux cratèriformes.
Ce chapiteau en forme de coupe ou de vase, dont la forme, comme celle de tous les autres,
est puisée dans la nature ; représente l’image du ciborium ou fruit du lotus décrit par Hérodote,
Athénée et Théophraste. 11 est impossible d’en douter quand on voit qu’Athénée compare le
ciborium aux rayons du miel des abeilles. Ce qui prouve encore que ce chapiteau est bien l’imitation
de la capsule du lotus, c’est qu’on le voit recouvert tantôt de folioles étroites et aiguës,
tantôt de folioles ovoïdes et inégales ; or, ces deux caractères appartiennent exactement aux fruits
du nymphæa lotus et au nymphæa cærulea.
La commission l’a appelé cratérifoi'me, d’après le nom de vase que les anciens ont donné à la
capsule du lotus.
TOME DEUXIÈME
D E S S I N
An c ien canon d e s pr o po r t io n s d u co rp s h u m a in .—Depuis la v* ju sq u à la xxvi® dynastie.
Dès les temps les plus reculés, les artistes égyptiens avaient adopté une échelle au canon
pour les proportions du corps humain. Les monuments les plus anciens, les tombeaux contemporains
des pyramides de Memphis présentent, encore, dans leurs parties inachevées, des ébauches
où l’on remarque des carreaux de proportion tracé3 au cordeau avec de la sanguine ou de
l’ocre rouge sur lesquels se détache, en vigueur, une esquisse tracée, également, en rouge
avec des repentirs de dessin qui ne laissent aucun doute sur l’usage de ces carrés.
Le plus ancien canon de proportions était divisé en dix-neuf parties depuis la plante des
pieds jusqu’au sommet de la tête. Celle-ci y occupe trois parties ; le3 épaules commencent à la
seizième; le pubis est placé à neuf et demi et divise la figure en deux parties égales. L’alvéole
du genou commence à la sixième et le pied occupe trois parties comme la tête. La hauteur et les
divisions sont les mêmes pour les deux sexes : il n’y a pas de différence dans les proportions de
la partie supérieure de l’homme et de la femme, quoique le torse soit beaucoup plus court chez
celle-ci, les jambes relativement plus longues et les cuisses plus grosses. Les artistes égyptiens
ne s’inquiétaient pas non plus si, par suite des mouvements du corps, iUy a des déplacements,
des points qui montent tandis que d’autres s’abaissent; ils dessinaient toujours d après la formule
géométrique qu’ils avaient adoptée sans songer à la pousser rigoureusement dans toutes les
conséquences qu’enseigne l’êtude des formes humaines. Ils ne s’inquiétaient pas non plus si à
des âges différents, répondent de différentes proportions, et souvent ils donnaient à une figure
d’enfant les proportions d’un homme fait. Malgré ces imperfections, on ne peut s empêcher,
cependant, de reconnaître que c’est à l’Égypte qu’est dû l’art de déterminer les proportions de
la figure humaine, c’est-à-dire l’idée première du canon, perfectionnée plus tard, par Phidias,
Polyclète, Euphranor, etc.
J’ai donné dans cette première planche cinq spécimens de l’ancien canon pris sur des monuments
de diverses époques, depuis l’érection des pyramides jusqu’à la renaissance de 1 art sous
les Psammétiques, époque où les artistes égyptiens modifièrent l’ancien canon sans le perfectionner.
Le n° 1 a été copié à Sakkara dans le tombeau de Raases, scribe royal et chef des constructions
du roi Tachare de la v® dynastie. Dans ce tombeau où les peintures se trouvent, encore,
en partie à l’état d’esquisse, on voit sur .le portrait de Raases, dans une partie du vêtement,
dont la couleur s’est détachée, l’esquisse de la figure tracée en rouge au moyen d un roseau. On
s’aperçoit que l’artiste avait dû dessiner l’homme entièrement nu comme le prouvent le phallus
et les contours des cuisses qui apparaissent encore ; c’est donc d’après les lignes, qu’on retrouve,
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