« Les ja rd in s renfermaient to u t ee que l’Égypte avait produit de genres et d’espèces
de plantes connus» e t même les plantes exotiques que les voyageurs avaient
apportées des climats les plus éloignés, su rto u t depuis les conquêtes de Sésostris :
en outre, on avait ménagé p our le plaisir de la vue tout ce qui est plus saillant
par l’ordre et l’arrangement, ou qui pouvait ajouter quelqu’a ttra it à cette immense
variété de plantes.
« On avait planté su r les ailes du p a rte rre les vingt espèces de palmiers su r u n
seul rang, de p a rt et d’a u tre ; l ’un de palmiers à fleurs ou de palmiers mâles, l'au tre
de palmiers à fruits ou de palmiers femelles. On croyait cette correspondance nécessaire
pour féconder les femelles par les poussières des fleurs des mâles que le vent léu r
a pporta it; enfin le p a rte rre était terminé par deux grands bois que la continuation
de la grande allée ten a it séparés, et qui étaient traversés p a r une infinité d’autres
allées que le so le i|m e perçait jamais. Ces deux bois é taient composés de tous les
arbres qu ’on appelait stéides, depuis l’humble bruyère ju sq u ’au superbe cèdre derriè
re ces bois, on trouvait toutes les plantes potagères ou légumineuses; à côté et
au delà, on avait dressé ou planté en plein v e n t||p u s les arbres fruitiers, mais sur
une étendue seulement suffisante pour qu’aucune espèce ne fût omise.
« Les prê tre s, qui é ta ien t les ordonnateurs et les intendants de ce ja rd in , avaient
fait dessiner et colorier des modèles de tous ces arbres et de toutes ces plantes, et
on en trouvait les figures dans l ’une des salles du palais ; on y trouvait encore en
na tu re to u t ce qu ’on n ’avait pu représenter, par exemple des coraux, des madrépores,
des lithophytons et autres plantes marines et pierreuses.
« De cette salle destinée à l’histoire naturelle, on passait à celle de la chimie :
Certains savants affirment que cette science a pris son nom de l’Égypte, appelée
autrefois Chemia.
« C était, croyait-on, le fameux Mercure Trismégiste qui leu r’avait appris à réduire
les corps p a r leu r décomposition en ce que l’on considérait comme les trois principes
essentiels : le sel, le soufre e t l ’esprit. Plusieurs rois d’Égypte auraient cultivé la
chimie à son exemple, e t Théophraste prétend que c’est de l ’un, d’eux que l’on
tien t 1 azur artificiel. En cherchant à tout imiter, les Égyptiens auraient pour ainsi
d ire fait par l ’a rt une seconde n a tu re , et la chimie leu r a u ra it fourni des ni très,
des vitriols, des sels toujours plus beaux et quelquefois plus .efficaces que les produits
naturels. Sénèque assure que Démôcrite avait appris d ’eux l’a rt d ’amollir l’ivoire
et de donner au caillou la couleur e t l ’éclat dè î ’émeraude : les Égyptiens antérieurs
a u ra ien t même a tte in t à un plus h au t degré de science encore, puisqu’on a prétendu
qu ils tena ient de ce Mercure ou Hermès Trismégiste le secret de la transformation
des ihétaüx en- or : on en donne pour preuve ce navire de cèdre de quatre cent
vingt -pieds de long que SéSostris a u ra it fait doublèr ent, argent au dedans et couvrir
d’or au dehors; et .le cercle -d’or massif, dans Î&tombeau d’Ismandès ou Osymandias,
qui au' rapport de Diodore avait u n e coudée, ou u n pied et demi d’épaisseur, et trois
cent soixante-cinq coudées de circonférence.
« Au s o rtir d e ià salle de chimie, on entrai t dans celle de l ’anatomie. Les dissections*
ne se faisaient que dans le collège des p rê tre s ; mais on apportait dans cette
salle- les démonstrations entières e t na tu re lle s, soit des os, soit des muscles, soit
des artères e t des veines de la ÿ lu p a ré d e s animaux de l ’air, de fe* te rre e t de la mer.
Pline rapporte que les premiers rois d’Égypte ne dédaignaient pas de disséquer eux-
mêmes des corps.
Srnu-fil les»-sè'-livraient l è Égyptiens pour embaumer les corps
humains, e t même ceux des animaux. presque tous sacrés chez eux, soit dans une
ville, soit dans ur.e autre, les avaient rendais extrêmement savants dans la construction
in té rieu re ou extérieure des corps animés ; ' 'aussi, le . célèbre Gallien, médecin
lé^Marc-Aurèle e^|®;-Lucius- Y é » s , M ju a i t - i l d u . rang des anatomistes uoeux qui
.-l’é taient pas allés s’in s tru ire su r ces sujets dans les académies d’Égypte.
« On en tra it ensuite dans ta première des salles destinées aux sciences du calcul.
C e s ! le t g w i" de retrouver la j n s t e ^ p u r e de l ^ v t e r r e s après jë c o n lem e n t des
eaux 'du Nil, qui conduisit, dit-on, les Égyptiens, avant les autres peuples, à 1 étude
de la .îg é o m é t r i e ;B » j j s en a ÿ j e n t porté b ien tô t le s spéculations au delà de cet
usagepÿt la géométriemétait devenue lp ÿ § e n c e ! ^ S r a p p o r t s de toute espèce, repréc ■
ffiéiités p a r'¡le s lignés,; A u ss| voyàjt-on rangées d a n s |^ t t e salle des cblonnes d une
condêê'.dé. h a u fe s u r lesquelles iëiàiient gravées l|J j propriétés des nombres; on voyait
sur d’autres, le s propositions élémentaires de la géométrie accompagnées de leurs
figures., au-dessous desquelles; était le nom du p rem ie r q ü i: les .avait démontrées.
É H â s t dans eette salle que se vOyaientL;é|aïèinent les instruments d’astronomie;
ainsi que les modèles des vaisseaux de toutes les formes, et des. in s trum en ts propres
à l | | construire e t à les conduire dans leu r route.
« Dans ie: palais de Memplfi® se trouvaient encore .toutes • les machines qui
avaient serviéa' niveler le te rra in de l’Égypte, à y répandre les eaux du fleuve, à
les élever à de grandes hauteurs, où à les re te n ir dans de ju s te s bornes, e t aussi le
modèle de celles qui avaient servi à tir e r des carrières, à tran sp o rte r au loin, et à
placer à des; hauteurs prodigieuses, ces p ie rre s d’une longueur e t d u n e épaisseui
démesurées; enfin tout ce-que ,1e génie du peuple égyptien avait fourni à la guerre,
soit sur te rre , soit su r mer;,iStait là fioigneusement conservé ,: Thalès et l’ythagore