durée de sou règne. Au livre IVe des Rois, la Bible pa rle d’u n roi des Éthiopiens qui
v in t au secours du roi Ézéchias, attaqué p a r Sennachérib ; d’après la chronologie
b ib liq u e , cet événement doit être placé à l ’an 710, et cette date tombe dans les;
limites de la chronologie de Manéthon. Nous avons vu aussi que Sévichos, appelé
Sua ou Seva dans la Bible, secourut Osée ; la chronologie biblique place cet événement
en 726, et, d’après celle de Manéthon, Sévichos monta sur le trône en 728. Il v
a donc accord su r toutes lés circonstances principales ; et nous pouvons en - conclure
que l’application que Champollion a faite aux noms pharaoniques de son alphabet
trouvé au moyen des noms des Ptolémées, est fondée et parfaitement légitime.
La xxiv° dynastie est saïte, e t n ’a qu ’un roi, Bocchoris, qui régna quarante-quatre
ans et laissa envahir l’Égypte par les Éthiopiens ; la xxme est tanite et comprend
quatre rois qui régnèrent ensemble quatre-vingt-neuf ans : Les monuments ne
donnent rien de certain p our les rois de ces deux dynasties.
La x x ii0 est mieux connue; elle est originaire de Bubaïtis, ville de la basse
Egypte, et eut n e u f rois qui régnè rent p endant cent.seize ou cent vingt ans son fonda
teu r fu t Scheschouk, que Manéthon appelle Sésoùehis, et la Bible Schischak ou Sésac;
il est nommé dans Manéthon avec Osorchôn et Takelothès^Les cartouches de ces rois
se trouvent au monument de Karnac, qui a été, ne l’oublions pas, construit à plusiqprs
reprises, comme le prouve l ’aspect même du monument. On y lit d’abord : Àmon-Maï
(le chéri d’Àmon) Scheschouk; puis le roi y figure au milieu d’une foule de prisonniers
de nations diverses, qu ’il conduit devant la trin ité thébaine. Son fils Osorchôn, que
nomme Manéthon, figure aussi su r le palais de Karnac et su r les murs du grand temple
de Bubaïtis : ils paraissent, ainsi que leurs successeurs, avoir exercé les fonctions sacerdotales.
Takelothès est peu co n n u ; cependant son n om existe su r les monuments, et
pa rticu liè rem en t à Karnac, dans la grande cour du palais; cour que Champollion a
nommée à juste titre « la cour des rois bubastites ». Pour cette x x iic dynastie, la Bible
.fo u rn it quelques points de repère dont ne parle point Hérodote. L’an 5 du règne de
Roboam, qui correspond à l’an 973 avant J.-C., Sésac ou Schischak dévasta Jérusalem ;
or, d ’après Manéthon, Sésouchis a régné depuis l ’an 979, et pendant tren te e t un ans
(Manéthon d it v ingt e t u n ; mais i l f a u t lire tren te et u n , car on a une d ate de l ’an 28).
Il est question aussi dans la Bible d’u n roi Zorok, ou Sorok, qui eu t des rapports avec
la Judée, sous le régne d ’Asa, petit-fils de Roboam : Est-ce Sésouchis ou son fils Osorchôn?
Je croirais plutôt que c’est le premier ; pOujours est-il q u ’à Karnac, dans la scène
de triomphe de Sésouchis, on voit parmi les prisonniers un prin c e à barbe pointue et
à physionomie asiatique, qui est nommé louda Hamalet. Dans la même scène, on lit
encore : Naraïm, le pays des fleuves; c’est le nom hébraïque de la Mésopotamie: d’où
l ’o n p o u rra it conclure que .Sésouchis é tendit ses conquêtes au loin, peut-être même
jusqu’à l’Euphrate.
Nous voici remontés jusqu’à la fin du dixième siècle, presque aux temps de David
et de Salomon, puisque Roboam et Sésouchis é taient contemporains. Jusqu’ic i nous
n’avons pas eu besoiÎ|de re c o u rir à l’hypothèse des dynasties Gollatéralesgnventée, nous
le croyons, par le chevalier Marsham ; et dont les anciens, Manéthon notamment, ne sé
sont pas doutés' Ce système, il est v ra i, n ’a pas beaucoup de p a rtisan s; cl’Origny l’a
adopté, et, de notre temps, Ileeren et Gésénius : Mais ces savants n ’ont pas vu que par
là ils se privaient du bénéfice des synchronismes bibliques. Jusqu’à la xxii0 dynastie,
il est inclusivement insoutenable. Toutes les d y n a s tie s ||u e nous avons passées en
revue sont certainement successives et non collatérales.
Eusèbe et' Jules Africain o n t retranché, ôn ne sait pourquoi, toutes les dynasties
au delà de la xvu°. JusqS’à la xiv°, le système des branches collatérales ne peut ê tre
admis, puisqu’on voit que le pharaon, sous lequel Joseph administra, l ’in s titu a maître
de « toute l’Égypte » : Mais u n passage de Manéthon, rapporté d ans Josèphe, semble
prouver l’existence de dynasties collatérales simultanées; il y est d it que. les rois de la
Thébaïde, s’étant ligués « àvêc. ceux du reste de l’Égypte », e n trep riren t une guerre
longue et difficile contre les rois pasteurs : Cependant, nous L’avouons, ce passage
ne nous paraît pas convaincant. On ne p eu t pas prendre pour l’état normal de l’Égypte
celui où elle fut rédùite^pàfe-l’invasion des pasteurs. Illsémble donc n a tu re l de croire
que, pendant la domination des étrangers, l ’Égypte fut partagée en petites p rin c ipautés
que défendaient comme ils pouvaient les petits souverains qui s é taient maintenus
indépendants.
On 'Goïiçoit b ftn q u 'i l » dû se passer alors en Egypte- ce qui se passa plus ta rd en
Espagne pendant la domination des Arabes. Des petits E tats d u ren t se former : séparés
les uns des autres p a r les vainqueurs, ils ne p arvinrent que très-tard à se coaliser,
à réunir leurs efforts pour chasser l ’ennemi commun : Mais une fois que leP p a s-
teurs eurent été expulsés, l’u n ité fu t rétablie. Aussi voit-on dans toutes les parties de
l’Égypte, depuis Thèbes jusqu’à Héliopolis, des monuments fondés p a r la xvm" dynastie,
la plus remarquable de ‘outes. ■
La XX,1" dynastie est originaire d eT an is ; elle, sc compose de sept rois qui régnè rent
de 1109 à 98t>, d’èst-à-dire pendant cent tren te ans environ. Les noms de ces rois sont;
dans Manéthon'. Pour les deux premiers de cette dynastie, il reste- quelques-souvenirs
dans des s tè l|s | provenant d'Abydos"; le premier y est désigné sous le nom de. Man-
douftep, nom qu’ou a rapproché de celui de Mendès ou Ismendès, qui est à la-tête
de la xxie dynastiè dans les listes de Manéthon. Strabon parle aussi d u n roi Ismendès