lisque est un e pyramide dont la base est très-allongée; or, la pyramide par sa forme,
qui offre plus q u ’aucune autre des conditions de solidité, la pyramide était, chez les
Egyptiens l’expression naturelle de la permanence et de la durée : ne serait-ce pas
pour cela qu on a donné une stru c tu re pyramidale aux gigantesques tombes des
anciens rois ?
Ainsi ce que l’on entendait exprimer et en quelque sorte écrire par ces masses de
p ie rre , c é ta it cette idée : solidité, durée, é te rn ité ; et c’est .pour cette raison q u ’on les
plaçait en avant du seuil des temples (ils;.indiquaient que ceux-ci é taient stables à
jamais), et que desjinscriptions hiéroglyphiques contiennent une formule placée dans
la bouche des dieux ; laquelle se te rm in e par la promesse de la stabilité à jamais. Les
deux obélisques, plantés devant les temples, é taient (dit Ampère) deux énormes hiéro-
glyphes, deux lettres ou plutôt deux syllabes de g ra n it; deux mots, enfin, placés là non-
seulement pour ê tre contemplés mais pour être lus.
Ce genre de monuments, qui dérive évidemment de la Pyramide, et est propre à.
l% y p te , y était soumis à des réglés invariables. Les obélisques.étaient toujours
monolithes, c’est-à-dire d’un seul morceau, (ordinairement de granit) taillé à quatre
faces' allant - en •diminuant’ju sq u ’à une c ertaine h a u teu r; après laquelle venait une
pointe pyramydalê, q u ’on a nommée pyramidion : Observons que ces' faces ne sont pas
parfaitement planes; qu ’une légère convexité compense l’illusion d ’optique qui les
ferait paraître concaves s i elles é taient droites.
Ils é taient placés su r u n cube ou dé carré, de même matière, (dépassant de peu la
la rg eu r de leu r fût) et posé lui-même su r un ou plusieurs degrés. Chacune des faces
est décorée de figures et de caractères hiéroglyphiques, sculptés en creux avec le plus
grand soin, et peints jàdis de couleurs variées; comme les hiéroglyphes qui ornaient
les édifices dont ils décoraient l’entrée.
Suivant l'importance du monument, les obélisques é taient sculptés sur chaque
lace d’un e , de deux ou de trois lignes verticales d ’hiéroglyphes. Ceux qui en sont
dénués n ’ont pas été achevés.
Le pyramidion des obélisques é ta it généralement décoré de sculptures en bas-
re lie f où le pharaon était représenté faisant des offrandes à la divinité éponyme
du lieu : Celui dont la pointe était dénuée de sculptures était de bronze. Il n ’en
existe plus aujourd’hui a u cu n ; mais un écrivain arabe du xm® siècle, Abdellatif,
affirme en avoir vu u n à Héliopolis, recouvert de la: sorte ; et to u t porte à croire
que les obélisques de Louqsor é ta ien t ’aussi surmontés de la pointe de bronze : Un
a rchitecte, M. Ilittorf, en a judicieusement revendiqué l’emploi pour l’obélisque de
Paris»
Il paraît qu ’il y eut en Égypte un fort grand nombre d’obélisques. On l’infère,
soit de ceux qui sont encore debout dans la vallée du Nil et des nombreux fragments
qu’on y observe dans les ru in e s ; soit de ceux qu ’on voit à Rome ou en d’autres
lieux, et qui étant de g ra n it rose ne p u re n t être taillés, n ’importe en quel temps,
que dans les carrières de Syène, où l’on en voit encore qui n ’ont pas été terminés.
La tradition historique a ttribue des monuments de ;çe genre aux plus anciens
phàraons; mais aucun des obélisques connus n ’est an té rieu r à l’avénement de la
xii® dynastie. Le plus ancien qu’on connaisse, celui qui se voit encore su r Remplacement
d’IIéliopolis porte les légendes royales d’Osortasen ICP qui vivait plusieurs siècles
avant Sésostris, e t s’était rendu célèbre par ses conquêtes su r les barbares,
comme par l’érection de splendides monuments de l’une à l’autre extrémité de
l’Égypte. Ses quatre faces sont ornées d’une inscription verticale dont les hiéroglyphes,
sauf une légère variante, présentent le même texte,, autant qu ’on peut en
juger par les dégradations, qui ont altéré quelques groupes de signes, et par les
travaux de l’abeille maçonne qui a caché, sous son mortier une face entière du
monolithe. La perfection des hiéroglyphes qui les décorent, témoigne assez de la
splendeur des arts en Égypte à l’époque où florissait l’antique On, appelée Héliopolis
par les Grecs, et déjà en d é c a d e n # : au temps de Strabon : N’est-ce pas miraculeux
que cet obélisque a it pu échapper aux ravages des* pasteurs, comme aux
fureurs de Cambyse.
Il reste encore .d’Osortasen Ier u n superbe monoli the dont la forme qui tie n t de
la stèle et de l’obélisque m é rite ra it d’être mentionnée dans un article su r les pierres
levées.
Ce q u i étonne le plus, après le travail de là .' taille des obélisques e t de la
sculpture de leurs signes hiéroglyphiques, c’est qù’on a it pu triompher de la difficulté
du transport, puis de l’érection de masses aussi considérables : car plusieurs
de ceux qui existent encore aujourd’h u i, ont près de 80 pieds de h a u t; Hérodote en
mentionne, même, de 120 pieds. Tel était celui du roi Nectanèbe, que Ptoïémée
Philadelphe fit transporter à Alexandrie.
Pline nous a laissé quelques notions su r certains moyens de tran sp o rt qui n ’ont
vraisemblablement été particuliers qu ’à l’Égypte, traversée qu ’elle est dans toute sa
longueur, par le fleuve qui é ta it sa grande route : « On dut creuser, dit-il, u n canal
qui, p a rtan t du Nil, a llait passer sous l’obélisque couché à te rre , e t q u ’il s’agissait
d’enlever; on remplit ensuite deux grandes barques de pierres, ju sq u ’à ce que
leur poids fût double de celui de l’obélisque; ainsi chargées, ces barques s’enfoncèrent
dans l’eau du canal de manière à pouvoir passer sous l’obélisque,, dont