Ceci explique parfaitement pourquoi on soumettait les corps à une purification
préliminaire, et fait aussi comprendre comment les embaumeurs, initiés aux secrets
du sacerdoce, quoiqu’ils ne fussent que domestiques des prêtres e t par suite des
olliciers de second ordre, jouissaient d’une si grande considération et sè trouvaient
très-respectés. Il y avait, d’après Hérodote, trois sortes d ’embaumements : les personnes
de qualité é taient soumises au p u s important, à celui qui devait procurer
§ |i corps du défunt la longévité de troisggnille ans à laquelle l’âme était/soumise
avant d ’avoir traversé toutes les épreuves mentionnées dans le rituel dès morts.
Lorsqu’on embaumait les corps de ces personnages, d it Porphyre, on en tira it
d abord les intestins qu ’on înettait^dans un coffre; puis l’un des embaumeurs, qui
remplissait le rôle de représentant du mort, après s’être emparé du coffre, prenant
le Soleil à témoin, lui adressait, aü nom .du défunt, les paroles suivantes : « 0 Soleil,
souverain maître, et vous tous, dieux, qui avez donné la vie aux hommes, recevez-
moi, et permettez que j ’habite avec les dieux éternels. J’ai persisté, tout le temps
que j ai vécu, dans le culte des dieux que je tiens de mes pères ;;j’ai toujours honoré
ceux qui ont engendré ce corps ; je n ’ai tué personne, je n ’ai point enlevé de dépôt;
je n ’ai fait aucun autre mal. Si j ’ai commis quelque autre*faute, soit en mangeant,
so it en buvant, ce n ’a pas |fcé pour moi, mais à cause de ces choses. » Apres quoi
on je ta it dans le fleuve le coffre où étaient les intestins, et l’on procédait à l’embaumement
du reste du corps.
Ils l’oignaient alors avec de la gomme de cèdre, de la myrrhe, du cinnamome,
mêlés d’autres, parfums, et lui rendaient sa première forint de façon à conserver
au mort l’a ir de son visage e t le port de sa personne comme :s’il était encore vivan||§
on .avait soin de démêler ses cheveux, ainsi que les poils de ses sourcils et de ses:
paupières.
Le quatrième jo u r après le décès, on plaçait le mort, assis et attaché à une
sorte de trône de façon à lui éviter toute secousse, sur un char semblable à celui
qu ’a décrit Diodore de Sicile pour les funérailles d’Alexandre le Grand, lorsqu’on
transporta le corps de celui-ci de Uabylone à Alexandrie, qu’accompagnait au temple
destiné à ces c é rém o n ie !fu n é ra ire s le cortège prescrit par les lois religieuses'. Alors
les prêtres chargés de présider aux obsèques, au moment de l’approche du cortège,
venaient à sa- rencontre e n s’avançant avec, une démarche cadencée; ce que voyant,
le conducteur du cortège élevait vers eux le rameau qu ’il tenait à la main.
C’é ta it u n signal pour faire avancer su r la rive du lac deux barques mues à la
rame, attachées ensemble, et portant le gouvernail consacré, et deux avirons; auprès
du •gouvernail se te n a it le nocher qui présidait au passage sans retour. Au milieu
de chacune de ces barques s’élevait une chambre dans laquelle se dessinaient deux
figures enveloppées de suaires.
Le passage effectué de l’autre côté, deux acolytes, répandaient, en signé de
purification e t à grands flots, de l ’eau su r le représentant du mort, entièrement
dépouillé de ses vêtements. C’est seulement alors, après la stricte observation de
ces cérémonies, qui avaient pour b u t de la purifier de toutes les souillures contractées
su r la te rre , que l’âme, dont la mort venait de b rise r les liens corporels, pouvait
entre r dans la région lumineuse des esprits immortels : Mais avant d ’atteindré ce
terme de la justification, elle était tenue de traverser les stations célestes, et de combattre
ou d’apaiser, par la p rière, les animaux funestes de Ker-Nater.
• C’est pour cela que devant certaines formes divines elle chante des hymnes,
tandis que devant d’autres elle se justifie de ses fautes. En a ttendant la ré su rrection
de son corps, elle doit placer ses membres sous leu r protection; se p a re r des
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