sible à son caractère sombre, en même temps que comme le seul frein assez puissant
pour affaiblir ou faire ta ire des passions désordonnées.
On a pu voir que n o u s . possédons peu de renseignements su r la manière dont
les Égyptiens exécutaient leurs peintures murales ; cependant nous nous réfutons :à
leu r donner le nom de fresques, parce quel®enduit é ta it p réparé longtempélà l’avance
e t qu ’on a trouvé des peintures inachevées su r de vastes surfaces esquissées au c arre au .
Les fonds é taient teintés d’un ton jau n â tre ou gris de perle pour mieux faire ressortir
les bl ancs.
Dès que l’en d u it qui devait servir de tond à la p e in tu re é ta it assez sec, on traçait
l’esquisse en rouge, ensuite on appliquait les couleurs empâtées dans certaines parties^
en demi-teintes su r d’autres, principalement les noirs qui devaient recevoir
des détails ; enfin, on passait quelquefois des glacis pour faire valoir certains endroits
ou harmoniser le tout.
Les fonds sont généralement-assez grossiers; mais quelquefois, ils sont faits avec
u ne recherche extrême. Les Egyptiens, pour ces fonds, ont dû employer (comme on le
faisait encore chez nous au moyen âge), soit de la craie, soit du plâtre brûlé comme
de la chaux, broyé avec de l’eau, q u ’on mélangeait dans u n vase de te rre cuite avec
de la colle de peau qu ’on avait chauffée su r des charbons p our q u ’elle devînt liquide :
dans cet é ta t on en donnait une couche très-légère, puis u n e seconde très-épaisse,
puis on polissait.
Il ne faut pas s’étonner davantage que le ciel, qui se montre si différent en
Orient et en Occident, a it communiqué aux hommes qui h ab iten t ces deux régions,
une manière diverse d ’entendre les couleurs. En Orient, on a toujours fait usage des
plus tranchées.; en Europe, on s’est peu à peu formé à n ’aimer que celles qui, mêlées
et fondues, présentent les nuances les plus capricieuses. Sous un soleil b rû la n t, le
regard ne distingue que ce qui en rappelle ou en brise l ’éclat ; sa flamme vive,
l’azur où elle b rille, se répètent naïvement dans les ouvrages des peuples qui sont
fortement frappés par leurs oppositions. Le rouge, le jaune,,1e bleu, le v ert, le blanc,
le n o ir s’y m ontrent seuls et par tons entiers. Au contraire, dans les pays ouçia lumière
ne paraît n i si p ure , n i si ardente, où les nuages la voilent souvent e t l’a ltè re n t
presque toujours, l’oeil habitué à des mélanges singuliers qui to u r à to u r le fa tig u en t
e t le reposent, demande qu’on les reproduise dans les oeuvres de l ’art.
L’idée que les Orientaux et les peuples formés p a r eux, attachaient aux couleurs
primitives, a sans doute contribué e en prolonger l ’emploi. Le rouge, qui semblait
ê tre u n rayon emprunté au soleil, fu t consacré pour le culte de cet astre, et après
avoir servi à .désigner les dieux, dût devenir le signe d istin c tif des rois. A Rome, dans
certains jours de fête, on peignait aussi de vermillon la s ta tu e 'd e Jupiter Capitolili.
Lorsque Camille re çu t les honneurs du triomphe, il obéit à l’usage national qui exigeait
que les triomphateurs se teignissent de cette couleur ; de là vient que le jo u r où César,
à l’imitation des pharaons, monta au Capitole, dans son triomphe, le visage et les
bras colorés de la sorte, le Peuple Romain se plut à croire au re to u r des anciens usages.
L’a rt varie dans la manière d’appliquer les couleurs, comme dans leu r choix. La
méthode la plus simple, en même temps que la plus ancienne, p a ra ît ê tre celle de les
étendre avec le pinceau, après les avoir délayées dans de l’eau. Si on mêle de la gomme
ou de la colle à l’eau où elles sont délayées,*.on les ren d plus solides e t p lu s vives ;
cette méthode, qu ’on appelle la pe inture en détrempe, p a ra ît avoir été employée pour
o rn e r les temples de l’Égypte. 11 n ’y a pas de doute que les Égyptiens ne mêlassent
aux couleurs d’autres substances qui en renforçaient ou en modifiaient l’effet n a tu re l ;
comme' les peintures, qu ’ils tra ç a ien t quelquefois su r la p ie rre la plus dure, y ont
pénétré assez profondément,? on a été forcé de conclure q u ’ils les y fixaient par des
mordants très-vifs.
Pline prouve, d’ailleurs, qu’ils: avaient, à cet égard, u n e chimie très-avancée,
lorsqu’il raconte qu’après avoir préparé leurs étoffes par des réactifs, ils pouvaient en
les plongeant dans une seule te in tu re , les empreindre de couleurs et de figures différentes.
Tout pòrte à croire, en effet, qu ’u n peuple qui possédait des connaissances
aussi étendues, avait dû s’assurer que les couleurs appliquées su r u n m u r fraîchement
en d u it à la chaux, s’y incorporaient d’une manière durable, pourvu q u ’on sû t choisir
celles que la chaux ne repousse p o in t ; c’est là ce qui a fait penser que quelques-unes
de leurs peintures é ta ien t de véritables fresques.
Rappelons aussi, en ce qui concerne les peintures appliquées à la s culpture , que
les reliefs des images et des hiéroglyphesrreprésentés sur les diverses parois des édifices,
étaient, en général, très-peu saillants. — Vues, en effet, à une c ertaine distance
e t sous.‘Certains effets de lumière, ces Sculptures au ra ien t été, la p lu p a rt du temps,
inaperçues, sans le secours des couleurs qui les détachaient les unes des autres* et les
enlevaient en silhouette su r le fond.
On sait que Platon fait dire, par u n in te rlo cu teu r anonyme de ses Dialogues,
qu’on voyait en Égypte des p eintures faites depuis dix mille ans. Il est nécessaire
d’observer, pour le bien comprendre, qu’il n ’avait été admis à visiter que les temples
souterrains, e t que les couleurs appliquées, dans toute leu r pureté naturelle, contre
les parois des grottes de la Thébaïde, pouvaient aisément y résister p en d an t un aussi
long laps de temps, parce que moins on mélange les couleurs n a tiv e s , c’est-à-dire
celles qui ne sont tirées ni du règne végétal, ni du règne animal, moins elles s’altè ren t