PYRAMIDES.
Nouîî avons cru pouvoir classer, comme l’ont fait la p lupa rt de nos devanciers, les
pyramides parmi les sépultures ; afin de ne pas paraître viser au paradoxe; puis aussi,
parce q u ’en admettant que ces monuments a ient été édifiés pour des fins astronomiques
ou même agronomiques, ils n ’èn ont pas moins servi de cénotaphes, sinon de tombes
véritables.
Les Égyptiens paraissent avoir commencé p a r construire les pyramides situées aux
environs de Memphis, (leur première capitale), au temps de la troisième dynastie, dont
l’avénement est placé parBrügsch, en l’année 3900 avant Jésus-Christ, et par Lepsius à
l’année 3903 : les témoignages des anciens auteurs fixent, également à cette époque,
le développement complet et la détermination définitive de r é c ritu r e ; en même temps
que l ’invention de la construction avec des pierres taillées en rectangle, et la mise en
ordre, suivant la méthode scientifique, des lois de l’astronomie.
En présence de ces témoignages d’une civilisation e t d’une science aussi avancées,
quand l’a rt de la sculpture é ta it déjà supérieurem ent développé dans les tombeaux
qui entourent les pyramides, et qu ’on sait en ê tre les contemporains ; quand on est
forcé de constater l ’admirable emploi qu ’on y a fait des blocs de g ran it ; (en même temps
que la perfection de l’appareil de leu r in té rie u r, qui n ’a jamais été surpassé; ce qui
prouve le degré d’habileté auquel é ta ien t parvenus les Égyptiens bien avant la construction
des murs de Tyrïns); comment ne serait-on pas frappé de la simplicité de leuif
forme, de l’absence d’ornementation architecturale qui les caractérise (tant à l’extérie
u r qu ’à l’in té rie u r), et enfin de la n a tu re des matériaux employés à leu r construction
extérieure, qui est généralement celle de la brique crue, quelquefois sans fondations;
comme on l ’a remarqué dans les petites pyramides en briques crues qu ’on voit à
Thèbes, où les assises sont séparées par des lits de paille et même par des nattes fie
h ali eh.
Si, les pyramides ne fu ren t pas des oeuvres artistiques, si leu r destination, comme
tombeaux des pharaons.(ce qu’on croyait avoir été leu r principal, sinon le u r seul but),
n ’a été que: l ’in té rê t secondaire, tandis que le u r érection aurait été due à u n e -pensée
cüutilité publique inspirée par la science, c’çst à M.Fialin d ePersigny que reviendraient,
et la découverte, et la démonstration, scientifique de cette grande vérité.
D’u n autre côté, c’est à Daniel Ramée qu’on doit la théorie de leurs proportions,
seconde découverte confirmée depuis par les travaux de Perring ; car, celui-ci, en prouvant
que la même loi de proportion se répète dans toutes les pyramides de Gizeh,
aurait fourni* à l’appui, iis se ï,dM M iS en » d e ^* itu d e -.p ow qu ’on pût constater l'exactitude
d’unè aussi grande déboüYerte; d’après-laquelle, les proportions .de pes édifices
étant régies p a r le trianglè rectangle, lé?: pyramides seraient la démonstration tangible
du' théorème qui veut q u e * c a rré dejBiypotémise-sbjt-égal à-la somme des carrés des
deuxl'autres côtés : en même temps, en o u tré ÿ il en ré su lte ra it que ce théorème n e s t
pas de rinventiob de Pythagorg-jipuisqne 14$Égyptiens en au râ ién t connu la solution
plus de trois mille ans: avant n o tre ère.
On sait q u ’il aété: .retrouvé, dans le voisinage d e î à pyramide de Chéops, a 1 ouest,
u n -tombeau parfaitement, conservé, couvert de. b rillan te s • p e inture s, celui du p rin c e
Merhet. Celui-ci, e n .ra iso n -de,sa fonction de prê tre dé Choufou.(que les Grecs traduit-:,
sent par C héops), donna à l’un de ses fils le nom d e « Choufou-mer-nouterou », e’est-à-
dlre .'.C h o u ^ i: ¡aimé a d * - dieux. Cette appellation est très-reiparquablM elle .semble
ältester, e n effet. que Chéops.n’était pas u n contempteur .des d ieux.
' -Rappelons également que. ce p rince posSiédait h u it mille villages dont les noms sont
tous des épithéteS'dé Choufou, d o n tïil p a ra îtra it,.q u iïl|àu ra it été, lu i-m êm e |g e fils ou
l’un des .fils. Il était surintendant- g énéral des bâtiments royaux .et avait le rang de
grand-architecte-royal, poste fbrtfifevé, dansfSliitemps de magnificence monumentale,
e t soiîçèÿî'confié à des princes et même : à - des,membres, de la-famille royale : si nous
Ä o n s pa rlé de v ÿ 'p r in c e , ,c’;est qu’il y a to u t,lie u de conjecturer que c’e s t lu i qui
dirigea-la construction de là grande pyramide. En outre, il.ex rste ep e ere, de la même
époque, unÇâutre tom b e a u ;c e lu i-d ’u n nomméEim-aï.
On ne regrettera p a s, nous l’espérons', que nous;ayons fait précéder^1 d e p e t aperçu
général, l’étude, .tant des caractères spéciaux de:. cette é tra n g e c ré a tio n monumentale,
que de l’influence qu’elle exerça, incontestablement, su r toute l’architecture en Égypte
ou ailleurs.
La pyramide e s t le plus , simple desjcorps géométriqq.es,-„en>).même temps que la
la g arantie,du plus de.'stabilité-possible; (fäsbpour cela q u ’elleia été employée p a r les
peuples les plus divers dès-le début,de le u r civilisation. On la retrouve,;èn effet,;sous la
forme tronquée,- dans les terrasses.de. l’Assyrie e t dans celles.des Mexicains, e t o n :la
reconnaît même, soiS une apparence moins régulière, dans .les tumuli des. peuples
celtes ; conception simple, qui se prête et. correspond,-..parfaitement;, à l’emploi de la
te rre dans-l«s tum uli, en même temps qu’à, celui: des briques crues. ; parce que la forme
pyramidale est. celle qui empêche, le. mieux,-le déplacement des,matériaux.
La propriété-, de. stabilité, de - cette forme offre-donc u n véritable -attrait p our des
peuples primitifs qui aspirent à élever des monuments durables,: e t q u i, pour atteindre
ce b u t, n ’ont encore que des forces matérielles. Mais si la pyramide en Égypte, comme