gré tous ses efforts, n ’a u ra it jamais pu faire publier qu’elle avait été sous leur
dépendance.
Quelle que soit la vérité su r ce point h is to riq u e ,'il est évident que les Égyptiens,
dès la plus haute antiquité, s en tiren t Gombien la couleur ajoute d’élégance et de
beauté à l ’a rchitecture, pt que, dès l’origine, ils ont colorié tous leurs édifices ; mais
qu ’elle ne fut, aussi, en réalité, alors, qu ’une sorte d’enluminure qui ne procédait
que par teintes plates et crues, sansqmhres, sans nuances ; en u n mot, sans dégradations.
On prétend qu ’il n ’en fut pas toujours ainsi ; parpe qu’à Philae, op les copieurs
sont des mieux conservées, on peut remarquer qu’à l’exception des corniches, du cavet,
des portes enclavées dans les pylônes et des chapiteaux, lqs murailles extérieures
ne p o rten t aucune trace de cette espèce de coloriage ; tandis que les autres portes
sont peintes en ornements de couleurs variées su r un fond blanc : mais^là, le cavet
se trouve encore orné de triglyphes, bleu, rouge et vert, alternés de cartouches ou
d’autres ornements. Cependant, il est c ertain que l’on d u t complètement colorier
encore quelquefois, en enluminure, les,colonnes dps petits édifices, comme on le voit
dans le temple périptère de l’ouest, qui doit avoir été entièrement pe in t de la sorte.
Malheureusement, si le fait est vrai, les artistes égyptiens n ’observèrent. pas la
symétrie d ’accord dans la couleur de fond de leurs colonnes : ainsi, pour en donner
u n exemple, dans le portique extérieur du grand temple, il y a des colonnes à fond
blanc, et d’autres, immédiatement après, dont le fond est jaune (ocre).
Mais dans les chapiteaux, ce coloriage par teintes plates et crues n ’en est pas
moins d’un merveilleux effet : et quoique ce soient les chapiteaux tout de caprices
où les couleurs paraissent avoir été mariées'pour produire le plus grand éclat, qui
semblent les plus beaux, ceux dont les formes sont imitées de la na tu re et dans
lesquelles notre goût demanderait, peut-être., une plus grande vérité de rendu, n ’en
sont pas moins d’une certaine v aleur artistique; quoiqu’il nous soit impossible de ne pas
signaler certaines anomalies comme peu acceptables, au point de vue du sentiment artis-r
tique : à moins toutefois, qu ’une nécessité hiératique ne les a it imposées. & l’artiste.
Citons-en quelques exemples : ainsi, dans le chapiteau dactyliforme de la galerie
de l ’est, on est choqué de voir que des écailles du tronc, bleues, jaunes, rouges, vertes,
sont disposées en damier; on ne voudrait pas de. côtes bleues aux tiges ou branches,;
on ne goûte pas non plus ce fond rouge dans le h au t e t bleu dans le bas ; su r une autre
colonne, qui est presque en face, et dont le chapiteau représente des feuilles
de jo n c entrelacées, on n ’aime pas à voir des tiges bleues, des feuilles tantôt jaunes ou
rouges au lieu d ’être vertes comme celles du haut. On sent qu e cette enluminure,
cependant n ’exclut pas la vérité de la n a tu re ; cela fait qu ’on est étonné de n e la point
trouver où le goût l ’exige impérieusement. Mais dans les chapiteaux du portique, on
admire sans restriction l’élégante richesse et l ’étonnante magnificence de l’architecture
colorée.-
On sait que dans leu r in té rieu r, les-édifices: é taient entiè rem ent colorés: plafonds,
parois,^ murs et pavé, tout était splendidement enluminé. Le peu de jo u r que recevaient
les monuments,- leu r ren d a it la couleur nécessaire e t donnait une douceur
incroyable aux teintes plates dont les rondeurs de la sculpture formaient les clairs et
le s : ombres*/ *
Retraçons, maintenant, d’après les sources les plus autorisées, la marche suivie
dans cette application picturale : Les scribes sacrés, qu ’on nommait aussi gramma-
tistes, e t qui é taient tous obligés, à cet effet, d’être habiles dans les éléments du dessin,
dressaient eux-mêmes les représentations et toutes les inscriptions destinées à être
gravéesvôu sculptées et p e in te s; un simple contour leu r suffisait, le plus ordina irement,
pour ind iq u e r les nombreux personnages, aussi b ien que les différentes
espèces de quadrupèdes ou d’oiseaux, que les artistes exécutants ne pouvaient jamais
se dispenser de faire en tre r dans l’ensemble de la composition : à la suite de cette
indication faite par les scribes sacrés, u n dessinateur esquissait in extenso les sujets
contenus dans chaque composition, et les c ern ait d’ocre rouge; après quoi cette esquisse,
revue, était corrigée ou non par u n artiste su p érieur, et par conséquent plus habile.
Ce n ’é ta it q u ’après tous ces préliminaires que survenait le sculpteur ; celui-ci était
chargé de donner la forme artistique définitive, celle qui devait braver les siècles à
v e n ir; et cela, ju sq u ’aux plus infimes détails, dans les reproductions les plus simples
comme dans les plus compliquées, ainsi qu’il est facile de s’en ren d re compte par les
documents que nous avons eu soin de recueillir.
Le travail du sculpteur achevé, le p eintre venait donner à l’oeuvre la d ernière
parure, celle sans laquelle il lui était, pour ainsi dire, impossible d ’obtenir d ro it de cité.
Aucun monument, nous dirons plus, aucun produit plastique de l’intelligence
humaine n ’était donc considéré comme terminé avant l’application des couleurs ; e t