Bijo u x d e d iv e r s e s é p o q u e s .
Dans l’impossibilité de représenter les magnifiques bijoux du musée du Kaire, qu’il ne m’a
pas été, à mon grand regret, loisible de voir, je me suis attaché, dans cette planche, à reproduire
les plus beaux spécimens, que j’ai pu dessiner.
Frontels o u P ectoraux
N04 1, 2, 3, Zi, 5, 6, 16.
Le n° 6 est un épervier à tête de bélier, symbole d’Amon, en or cloisonné d’émaux ou plutôt
de pierres précieuses de diverses couleurs, le travail de prédilection des orfèvres égyptiens^
Ce bijou charmant a été trouvé à Memphis dans les fouilles du Sérapéum ; on le voit au
musée du Louvre.
Est-ce un pectoral ou une espèce de frontel, c’est-à-dire un ornement de front? L’un et l’autre
sont admisibles, les momies étant ornées de bijoux semblables tantôt sur le front, tantôt sur
la poitrine.
On trouve, assez fréquemment, des pectoraux représentant une âme, sous forme d’oiseau à
tête humaine et les ailes étendues : ces bijoux, pour la plupart, sont de l’époque des Ptolémées.
Le musée du Kaire possède, dit-on, un frontel de la reine Aah-Hotep (xvm# dynastie), orné d’un
vautour, les ailes éployées, en or cloisonné de lapis, de cornaline, et de pâte de verre de la couleur
du feldspath : une boîte représentant un cartouche royal, gardé de Chaque côté par deux
petits sphinx affrontés, en forme le motif principal ; les sphinx sont aussi en or, et si petit qu’ils
soient, leurs yeux sont rapportés en pierre fine : le couvercle de la boîte reproduit le cartouche
d’Amosis, en or sur fond de pâte bleue imitant le lapis.
Pendants d'oreilles. — Colliers en or.
N04 7, 12, 13, 22, 23, 2Zi, 25, 26, 27, 28.
Le n° 13 est une émeraude brute, uniforme, renfermée dans une résille d’or : ce travail, qui
a été obtenu par la soudure successive de chaque petite maille, est très-remarquable.
Les n04 7 et 12 représentent des pendants d’oreilles et un collier en or, portant le nom de
Menaï, identique à celui de Ménès, le plus ancien roi d’Égypte.
Les pendants, formés chacun d’une feuille d’or estampée ou repoussée, sont d’un travail
très-simple, assez grossier même, et. pourraient bien remonter au règne de ce Pharaon.
Une partie du collier est évidemment de la même main que les pendants d’oreilles ; elle est
formée, également, de feuilles d’or repoussées dont les 8 principales portent le nom de Menaï,
tandis que les intermédiaires présentent une espèce de noeud et sont rattachées aux autres par
une.double torsion ; mais les petites corbeilles, finement estampées, sont d’un travail trop élégant
pour le reste ; ils me semblent avoir été ajoutés, postérieurement, pour rendre ce bijou plus
riche et plus élégant.
Je n’oserais affirmer que ces objets, qui ont été trouvés, dit-on, dans un vase funéraire aux
environs de Denderah, soient contemporains du chef des dynasties égyptiennes, quoique certainement
d’une époque très-ancienne.
Il est incontestable que l’industrie et le sentiment artistique avaient déjà acquis un développement
digne d’attention, puisque les soudures des différentes parties sontsinèttes qu’il n’en
reste aucune trace perceptible à l’oeil.
Le n° 28 est un collier d’yeux symboliques; il est composé de deux séries d’yeux en or, cloisonné
de lapis et d’autres matières qu’il est difficile de préciser. Les appendices dont ces yeux
sont ornés en font un symbole de l’épervier solaire et du dieu Phré, le soleil : quelques archéologues
croient que ce symbole, appelé en égyptien Ouoti, est une combinaison de l’oeil et de la
langue, et représenté la puissance génératrice et conservatrice : du loyoa ou verbe divin.
, Ghampollion, de son côté, attribue l’oeil droit à Phré, le soleil, qui domine sur l’Orient, et
l’oeil gauche à Atmon, son émanation, qui domine sur l’Occident.
Chaîne.
Le nM 9 est une chaîne composée de trois mouches, en or-massif, suspendues à un chaînon
d’or : ëüe est travaillée avec une si. complète entente de sa destination, qu’on la croirait fa-
bnquée de n S p u is : M. Mariette prétend, mais je demande à en douter jusqu'à preuve absolue,
que la mouche était une décoration honorifique.
Bagues diverses.
0 N04 8, .9, 10, 11, 18, 20, 21, 29, 30.
Le n° 8 représente une bague très-massive et qui servait uniquement de cachet. Cette bague
en or, porte les cartouches et les titres de Thoutmès III (xvma dynastie) et fait partie de la collection
de lord Ashburnham. Elle a été trouvée dans un tombeau de' Sakkara, sur une momie
entièrement enveloppée d’une feuille d’or, avec une chaîne portant un scarabée et une paire de
bracelets orqés du même Cartouche. Le personnage embaumé avec tant de luxe était probablement
un prince de la famille de Thoutmès, ou un haut fonctionnaire auquel le pharaon avait
délégué une partie de son autorité.
Les n04 20 et 21 représentent des bagués ayant un chaton mobile formé d’un scarabée monté
en or et qui porte sur sa base le nom de Thoutmès III.
Le n° 29 représente une bague ornée de chatons de pierre lazuli et de eorail.
Le n° 30 représente une bague assez singulière j elle est composée dè trois scarabées soudés
par le milieu du corps, et qui lui servent de chaton.
Bracelets.
N64 4 Zi, 4 5, 17, 31, 32, 33.
Le n° *14 est la moitié d’un bracelet en or cloisonné de pierres fines représentant deux
griffons affrontés et séparés par une tige de fle u rs.’ Cette représentation, assez commune sous la
xvni* dynastie, me porte à, croire que ce joli bijou date de cette époque. On en voit un du
même genre au musée égyptien du Louvre : il-représente deux chacals affrontés.
Le n° 31 reproduit un braceletHèn or cloisonné, trouvé dans une des pyramides de Méroé.
Ce bracelet*articulé porte sur la charnière une petite figure ptérophore, celle d Isis, coiffée du
pschent, les bras erfipennés de longues ailes, tenant de la main droite la croix ansée et debout
sur une fleur de lotus- Toute cette, figure est détachée du corps du bracelet qui forme ¿leux
bandes, sur lesquelles sont six chatons ayant chacun un petit buste en relief. Le bracelet qui
complétait la paire était orné d’une divinité mâle, également ailée, et ayant sur la tête un
épervier supportant lé globe. La collection Ferlini, qui se trouve aujourd hui, Jë: crois, au musée
de Berlin, renfermaifplusieurs autres Bracelets de ce genre, ou portant, au lieu de figures, un
édicule, une égide en relief, ou bien encore des bracelets articulés formés d un bandeau varié
de dessins et d’émaux comme ceux représentés sous les n04 31, 32 et 33 ; ce sont des bijoux de
style gréco-égyptien. T