Les temples étaient bâtis en grès et entourés d’une enceinte en briques comme la plupart
des grands édifices de cette époque; mais des débris et des vestiges de murs sont tout ce qui
reste maintenant, et les édilices en pierre ont été si complètement détruits qu’ils ne laissent aucune
trace distincte des distributions intérieures.
Plusieurs habitations en briques crues n’ont pas été détruites et ont échappé à la main des
hommes et aux ravages du temps; cependant il n’en reste guère que les substructions ; mais elles
donnent encore une idée assez exacte de leur forme et de leur distribution. Ce sont les mieux
conservées et les plus anciennes de la vallée du Nil.
Dans cette capitale, élevée rapidement pour offrir un centre au nouveau culte du Soleil, loin
des idées traditionnelles, que réveillaient constamment les monuments de Thèbes, on a dû faire
usage des matériaux les plus faciles à se procurer : aussi la brique séchée au soleil jouert-elle un
grand rôle dans toutes les constructions. On voit, dans la rue principale, s’élever au-dessus des
décombres, les deux massifs d’un pylône dont la porte colossale, de 11 mètres d’ouverture, n’a pu
être couronnée que par une voûte à plusieurs cintres concentriques comme celle des pylônes d’el-
Assacifà Thèbes. Les murs ont 7 mètres et demi d’épaisseur ; leur appareil est fort soigné, car
les briques sont posées alternativement de plat et de champ, et dans des proportions en rapport
avec le monument. Elles ont 37 centimètres de long sur 18 de large et 12 de haut, et quoique faites
d une terre un peu sablonneuse, elles sont encore aujourd’hui assez dures pour être employées
par les habitants du voisinage.
P l a n s c a v a l ie r s d e s é d if ic e s . d e Te l l e l -Am a rn a. — Bas-reliefs des hypogées.
M e — x v i i i * dynastie.
Le plan supérieur paraît représenter la partie la plus reculée d’un temple, qui ne peut être
que celui du Soleil, seule divinité adorée à Tell el-Armana. A droite, dans le temple, une grande
porte débouche sur une vaste cour où l’on voit, en se tournant vers la gauche, .une stèle monumentale,
ou colonne hermétique. Entreles colonnes d’une espèce de pronaos, sont des statues
royales coiffées alternativement d’une tiare, symbole de la haute Ëgypte, et d’une autre qui
exprime la basse. Un pylône précède la partie intérieure du temple composée de 10 pièces distribuées
autour d’une cour au milieu de laquelle s’élèvent des tables d’offrandes, et un autel
colossal chargé de pains sacrés, de fruits et de fleurs.
Dans l’enceinte du hiéron ou autel en plein air, on remarque un abattoir où gisent deux boeufs
préparés pour le couteau du sacrificateur.
Beaucoup plus compliqué, le second plan, tout chargé de tables d’offrandes, semble appartenir
aussi à un temple du Soleil, où celui-ci était adoré sous la forme d’un globe lançant des
rayons qui se terminent par des mains comme on le voit dans la partie supérieure du pylône.
. On y voit dix mâts, ornés de penons tricolores : ces mâts rompaient la monotonie des lignes
horizontales de l’édifice, et les banderoles, flottant au gré du vent, animaient de leurs courbes
ondoyantes la rigidité des lignes droites de l’architecture. Il est difficile d’expliquer les 8 colonnes
à faisceaux placées entre les mâts de chaque pylône ; elles me paraissent indiquer qu’ils étaient
précédés d’une colonnade, car on ne voit jamais en Égypte d’ordres superposés. Il est difficile aussi
de décrire les deux côtés latéraux de la cour où l’on ne distingue que des portes encombrées,
en deçà et au delà, de tables couvertes de vases ou de victuailles.
Au milieu de cet arca s’élève une espèce d’autel semblable à ceux que'l’on voit encore à l’ex-
:t f* n .U A des d rom â e t qui #*ajent être, comme celui-ci, ^uverts d'offrandes aux jours des
solennités!religieuses; Plus loin desfjiylônes se dressent; puis viennent des colonnades symétriques
qui entourent de chaque côté d'autres semblables constructions. Le plan ongtnal se prolongeait
évidemment encore plus loin, mais sans donner de renseignements plus précis sur la
distribution des édifices érigés au culte du SoleU. Néanmoins on voit, par ce qu'on en peut comprendre,
que leur disposition, leur architecture, leur ornementation ressemblaient assez à celles
des temples qui les ont précédés et suivis.
Un papyrus conservé au B rü ish Muséum nous donne une description remarquable de ces
ilbmptueuses résidences royales, Il s’agit de la demeure que Rarnsès II se fit construire à l'est dp
Delta et selon toute probabilité É |c la ville, nommée Ramsès, bâtie par les Hébreux esclaves;
’car elle semble parler'de la ville elle-même autant que de la résidence pârticuiièredu roi. C’est
une lettre écrite par lé scçibg Penbésa à l’occasion de sa visite : . .
« Je suis arrivé à Pa Rainsès-Meiamoun. Je l’ai trouvée en parfait état; elle est.,.. (4) belle,
belleI Rien de semblable A e*. parmi lés édifices de Thèbes; .., l’arcane des délices delà
vie Ses champs sont remplis de lieux exquis, abondant en produits comestibles chaque jour;
Ses viviers sont plans de poissons ;■ ses étangs, de canarfi ses prairies sont verdoyantes d’her-
bagèé; le berceau, de festons fleuris. Le parterre répand le goût du miel; c'est une orame
imprégnée d'humidité. Ses’ greniers sont remplis de blé et d'orge entassés jusqu’au ciel ; légumes
et roseaux dans les potagers, fleurs Abou dans la serre; limons, cédrats,; citrons, figues, au
fruitier; vin doux de kakèmé qu’on prend avec du miel; poissons rouges du fleuve des
lotus; poissons Cti-anou du fleuve Har; poisson? Biriou mêlés de poissons Bek de l’Euphrate,
poissons des canaux; poissons Hauana. du.... J | |W présentés); au plus grand des
vainqueurs; l'étang d’Harphra contenant du »1; le puits contenant du natTOn.*^ (navires)
partent et abordent, chargés de produits comestibles chaque jour. Les joies y ont établi leur
siège ; on n’y parle pas de privations ; les petits y son! comme les grands.
« Allons ! célébrons-lui ses fêtes du ciel ainsi que ses commencements de saisons. Que viennent
à lui le Taufi et IeMentS; l’étang d’Harphra avec des,rameaux, 'désiljouquets du verger, des
guirlandes pu jardin ; f oiseleur, avec des miliersde volatiles; la mer lui complaît (en lui fournissant)
des poissons Beka ayec;des poissons Atou. Les lieux reculés lui apportent leurs tributs.
Les tributaires du plus grand des vainqueurs s’habillent chaque jour et (portent) sur leurs têtes
K douce liqueur Bak, dans des outres neuves. Ils se tiennent auprès de leurs portes, leurs mains
agitant des bouquets et des rameaux de Pa-Athor, des guirlandes de l’ehoi-, le jour de l’enti-ée de
Ramsès II. Mount sur la terre, au matin de la fête de kahika. Tous s’encouragent mutuellement
à exprimer leurs voeux. De doux breuyages.au plus grand des vainqueurs ; ses liqueurs tebi sont
comme ; ses liqueurs khouawa sont comme le goût des fruits anuou apprêtés au miel; le
Hak de kati vient du port, le vin dès vignobles; les boissons douces, du fleuve Sakabi. Festons
du bocage aux douces suivantes du plus grand des vainqueurs (qui vient) par la porte de Hakaptah
(Memphis)I Que le plaisir règne et progresse! Que rien ne l’arrête; Ra-ausor-ma-Sotip-en-Ra,
Mount sur la terre, RamUêsou-Mei-amovih, vie, santé et force; (toi qui es) Dieu 1 »
(1) Les en d ro its po n ctu é s c o rre sp o n d e n t â des la c u n e s du p ap y ru s .