Thèbes, suivant Strabon, s’étendait sur un espace de SO stades olympiques de longueur; ce
qui peut s’accorder avec la circonférence de 400 ou 420 stades égyptiens que d’autres écrivains
donnent à cette ville. Quant à sa population, on dit que, dans sa plus haute prospérité, elle pouvait
faire sortir deux cents chariots armés en guerre et dix mille combattants par chacune de ses
cent portes. Cette assertion, et l’expression d’hécatovnpyle employée par Homère, sont de ce hyperboles
dont l’antiquité abonde; il aurait fallu au moins cinq ou six millions d’habitants dans cette
ville pour fournir ce nombre de soldats. Le passage cité par Étienne de Byzance et par les
scoliastes d’Homère, ne s’applique pas à la seule ville de Thèbes, mais probablement à l’Égypte
entière. La critique moderne est maintenant d’accord, qu’en général il faut se tenir en garde
contre les exagérations de quelques historiens qui donnent à Thèbes des dimensions énormes et
une population extraordinaire. Quoi qu’il en soit, cette vaste cité a dû contenir au moins deux
ou trois cent mille habitants, nombre immense dans l’antiquité; aussi la Bible la désigne souvent
sous le nom de la populeuse No.
La fondation de Thèbes est aussi ancienne què la nation même. Mais elle ne devint probablement
la capitale de l’Égypte qu’après l’invasion des Pasteurs : la renaissance qui partit alors
de ce foyer, remonta le fleuve d’un côté et le descendit de l’autre pour ranimer le vieil empire,
après la longue et désastreuse domination de deux ou trois races d’envahisseurs compris sous
le nom d’Hyksos. Elle fut saccagée à diverses reprises, d’abord par les Hyksos, puis par les
Carthaginois, par les Perses, parles Romains, enfin par les Égyptiens eux-mêmes (1). Après le
départ de Cambyse et de ses successeurs, dont le joug pesa cent treize ans sur la malheureuse
vallée du Nil, Thèbes conserva encore assez de richesses pour que, suivant Pausanias, Ptolémée
Philométor s’occupât de l’en dépouiller, afin de la punir d’avoir suivi un parti contraire au sien
dans les démêlés qu’il avait eus avec sa mère. Il assiégea Thèbes pendant trois ans, s’en rendit
maître, et la châtia s i rudement de sa rébellion, que la plus grande et la plus riche cité de
l’Égypte ne put jamais se relever de ses désastres, malgré les travaux de quelques-uns de ses
successeurs. Thèbes fut pillée aussi par les Romains : ces ravisseurs des biens des nations,
suivant la belle expression de Racine, n’épargnèrent pas l’Égypte, bien qu’elle fût le grenier de
Rome. Sous le règne d’Auguste, Gallus sévit contre la capitale pour cause de rébellion. Après
toutes ces disgrâces vint un violent tremblement de terre, qui, suivant Eusèbe, eut lieu l’an 16
du règne d’Auguste, et détruisit une partie de Thèbes.
Le christianisme vint, et, à son tour, renversa les statues, mutila les bas-reliefs, transforma
les portiques en églises, et, pour introniser le culte de la divine trinité chrétienne, détrôna la
grande triade thébaine et les neuf autres divinités adorées dans la ville capitale des pharaons.
Aux chrétiens fanatiques iconoclastes qui se firent plus lard adorateurs de nouvelles images,
succédèrent les Arabes qui ne mutilent guère les idoles qu’ils méprisent ; mais que vous y
rencontrez, encore aujourd'hui avec le fer et la poudre, extrayant des matériaux pour les arts
que la civilisation leur apporte d’outre-mer.
Les villes et surtout les villes capitales ne parviennent à leur apogée de développement que
par l’effort indispensable du temps; c’est lui qui en trace le plan et qui en est l’architecte. Dans
l’antiquité, comme de nos jours, les villes ne présentaient que l’accumulation successive et assez
(1) L e p i ll a g e d e T h è b e s p a r l e s C a r th a g in o is e u t l ie u p r o b a b lem e n t e n t r e 600 e t 550 a v . J.-C . lo r s q u e
l a m a is o n p u is s a n t e d e Magon s e p l a ç a à l a tê t e d e l a R é p u b liq u e . Ce tte i r r u p t io n tom b e r a i t s o u s lé
r è g n e d ’A p r iè s o u H o p lir a , q u i a y a n t é c h o u é d a n s u n e e x p é d itio n c o n tr e C y rên e , fu t o b lig é p a r u n e ré v o lte
d e c é d e r le t rô n e à À m a s is .
confuse des ouvrages de vécu plus que toutes nos villes
à côté des autres sans beaucoup de syniêt . q , édifices les plus anciens et
. d’Europe, elle ne pfésénle choquante Cependant tous les
des monuments qui soient p,u venus jusqu à no • H H ; e H M occupent une
divisions, l’oph on®*!« et ®p o occupalti sur ce(te rivé, tout l'espace q u iy
ville proprement di e P aujourd’hui. Les habitations particulières, bâties en
" :ÿ1 tenÉ1 eDU'e t J et n'ont laissé que des monticules de décombres dans l'espace compris
' “ 'souvent question dans les papyrus grecs de Thèbes, de
R H Z n o n I , ■ quüémble avoir été employé, en opposition M l f l É M !
capitale, les Romains l'en ont àepo’uiHé de préférence pour orner la mère du monde,
An nord ouest deux vallées ont été spécialement consacrées à la sépulture des rois et des reines
de race égyptienne. L’architecture, tant des hypogées royaux que particuliers, en est rat,
ü i l ■ toutes les parois sont couvertes de bas-reliefs et de peintures quueprésentent d
scènes religieuses ou-domestiquijjet donnent beaucoup d’intérêt aux monuments soutenants
1 H partie de Thèbè£ située sur la rive droite qui mérita seule lé nom de Ville des
Villes, de capitale de H vieille civilisation, quoique ville sans enceinte, dont les célèbres
nnrtps n’étaient autres que celles des temples et des palais. ,
■ — S’étalent d’abord rassemblés là, comme un essaim d’abeilles dans unei peu
commune, le travail et la prière; | | deux grands devoirs de l’homme. Aussi de 1 autie côté,