déjà tant de fois affirmée et maintenue, que les actes de la vie civile et domestique se
trouvaient toujours représentés dans les tombeaux des particuliers, leçon peinte, qui semblait
vouloir dire aux descendants : voilà ce que j’ai été, voilà ce que j’ai su créer et ce dont j’ai su
jouir; ne laissez pas déchoir notre pays de ce degré de civilisation.
A R T I N D U S T R I E L
V a s e s contemporains d e s p yr am id e s . — Nécropole d e Memphis.WÈr- rv® e t v e d yn a sties.
La fabrication des poteries, cet art si facile et pratiqué chez les peuplades les plus barbares,
a dû naître de bonne heure chez un peuple aussi industrieux que les Égyptiens ; et cependant,
combien de générations se sont écoulées dans l’intervalle qui sépare le façonnage grossier des
premiers produits dé l’invention du tour à polir, et de la perfection des vases qui composent
cette planche 1 Ces vases ont été dessinés d’après les bas-reliefs des tombeaux contemporains
des pyramides. Les Égyptiens les employaient aux usages domestiques plus de 3.000 ans
avant 1 époque où les Grecs font remonter l’invention de la poterie par Gôroebus, mort environ
1.500 ans avant l’ère chrétienne.
A en juger par les couleurs que conservent encore plusieurs de ces vases, la céramique
égyptienne était déjà fort remarquable. La plupart peints en rouge, en jaune, présentent certaines
parties décorées en bleu et en vert, ou de façon à imiter le craquelé. 11 est probable, d’après les
originaux qui ont été trouvés dans les fouilles, que ces anciens vases étaient tous en pâte
tendre, sans glaçure, et décorées de couleurs fixées par des mordants sans l’intermédiaire
du feu.
Tous ces vases ont été copiés dans les tombeaux autour des pyramides de Sakkara; on en
retrouve de semblables dans les tombeaux creusés ou bâtis près de celles de Gizeh : leurs formes
primitives persistèrent sans amélioration jusque sous la xii* dynastie.
Les n04 1, 2, 6, 7, 10, 19, 20 et 21 sont tirés du tombeau de Ptahasès à Sakkara; les
n04 3, A et 5 du tombeau de Raasès; tous les autres vases proviennent du tombeau de
Teï. L’un de ces derniers, le n° 9, doit être en cuivre : on en voit de ce métal dans tous les
musées.
V a s e s d u r è g n e d e Thoutmès III. gÉ: Thèbes e t H e rm o n th is. — xvm° dyn a stie.
Cette planche représente des vases d’une même époque, mais de localités différentes.
Les noi 1, 5 et 6 proviennent d’un ancien temple d’Hermonthis, restauré ou rebâti par la
reine Hatasou, soeur de Thoutmès III, et déjà ruiné du temps des Romains, qui ont employé la
plupart de ces beaux matériaux dans les fondations du nouveau temple.
Je n’ai reproduit la table d’offrandes n° 1, que pour montrer les bouquets de lotus qui présentent,
ici, plus de vérité que partout ailleurs.
Les n04 2, 3 et à ont été copiés sur les bas-reliefs du sanctuaire du grand temple de
Karnac.
Les n” 2 et 3 dennént une idée-de la variété des couronnements de ces simples cratères, fort
e n v o g u e s o u s l a X T i x f d y n a s t i e .
Le n” 4, qui représente des éperviers et des vautours les mies éployées, a perdu une grande
partie de sa valeur par le manque Ses détails qui, étant peints seulement, ont disparu avec la
couleur. - '
Le n° 5 offre toute la simplicité et l’élégance des plus beaux produits de cette époque.
V a s e s du r èg n e de Thoutmès III. — Thèbes. — xvm° d yn a stie .
Par leurs foimes variées, élégantes et pures, ces vases attestent que les arts du dessin
étaient arrivés, sous ce règne, à un degré de perfection qui ne fut jamais surpassé, et qui est
reconnaissable dans toutes les productions de l’époque de Thoutmès III, une des plus glorieuses
pour l’Égypte, sous tous les rapports.
La plupart, ont été copiés d’après un bas-relief attenant au sanctuaire du grand temple
de Karnac :; ils sont en or ou en argent, au dire de l’inscription, et font partie des offrandes
faites par ce pharaon, au retour de ses campagnes en Asie. Les autres proviennent des
différentes salles du même temple, décorées par ordre du pharaon. Ils ont été reproduits tels
qu’ils avaient été dessinés, c’est-à-dire sans aucun rapport dans leurs dimensions respectives :
les ramener tous à la même échelle n’aurait servi à rien, car ils paraissent aussi avoir été
sculptés sans autre préoccupation que l’espace à remplir.
On remarquera que ces vases n’ont pas les formes étranges de ceux de Séti Ier et de Ramsès II,
qu’on voit dans le même édifice, et que rien n’y décèle la moindre influence étrangère ; en outre,
ils sont tous d’un galbe correct, élégant, qui fait honneur au goût des artistes égyptiens.
A côté des vases les plus usuels et les plus humbles, la marmite, la cruche;, l’amphore ou le
hanap, dont le poncif semble avoir passé de génération en génération jusqu’à nous, on admire
des vases plus riches et plus distingués, tels que des cratères, des ciboires, des calices, des
calathi et des lampes dont la pureté des contours rivalise avec les oeuvres des Grecs.
J’avais d’abord pensé, en raison de l’époque de leur exécution et de 1 intérêt quils me
paraissent offrir au point de vue des moeurs et coutumes de ce temps, à étudier chacun de ces
vases, quant à leur usage, d’uue manière approfondie; c’est pour cela que je leur avais assigné
un ordre de classement : j’ai dû y renoncer à cause de la difficulté de la tâche.
V a s e s d u p a y s d e K a f a , t r ibu t a ir e Dé Thoutmès III. — Nécropole de Thèbes.
x vh i* d y n a s tie .
Ce groupe de vases, calqué fidèlement sur la peinture originale, fait partie du tribut présenté
par les députés du pays de Kafa à Thoutmès III, ou plutôt à son intendant Rekchara, qui a fait
peindre cette scène dans son tombeau.
On ne sait pas positivement quel était ce pays des Kafa ou Kéfa, qui, au dire du texte hié—