aisément que, bien qu ’ils soient déjà d ’iin style qui ne le cède en rien; aux meilleures
oeuvres de la dix-huitième et de la dix-neuvièmé dynastie, et qui les; surpasse même
quelquefois à beaucoup d’égards ; bien que, en outre, ces hypogées soient parfaitement
sculptés dans la p ierre, il est impossible de ne pas être frappé du phénomène
historique qui donna lieu à l’édification, au milieu d’eux, de pyramides colossales
aux formes simples, co nstruites, d ’abord, ,en briques^crue&j e t, plus tard
c erta in em en t, en grands blocs de p ie rre recouverts d’u n pa rem ent, exactement
taillé.
Ce fait du passage de la brique à la p ie rre , qui constitue un progrès, e t qui
se constate, pour ainsi dire, à vue d’oeil, avait déjà été observé par les anciens auteurs;
car Manéthon, lui-même, avait pru pouvoir l’indique r comme s’étant¿opéré à 1 époque,
des premières dynasties.
C’est la facilité de .rassembler en grande abondance des matériaux peu coûteux,
(jointe à certaines circonstances qui p e rm irent de les mgttre en oeuvre sans beaucoup
de frais) qui a constitué le caractère essentiel de l’archiüecture Égyptienne ; caractère
dont elle s’est ressentie ju sq u ’à la fin, et auquel on a appliqué l’épithète de colossal.
Elle avait constamment eu soin, en effet, de se m a in ten ir de niveau avec les énormes
masses qui p roduisirent les grandes pyramides.
N’oublions pas que cette influence de la pyramide n e s’est pas arrêtée au caractère,
p a rticu lie r à l’archite cture de l’ancienne Égypte ; elle s’est manifestée apssi dans la
forme adoptée pour les monuments postérieurs aux temps pharaoniques, et s est maintenue
à to u t jamais comme u n type indélébile : En outre, l’influence de la pie rre
comme élément de construction s’est encore fait sen tir dans la disposition et dans la
forme des colonnes et des tablettes funéraires les plus anciennes.
À cette abondance extraordinaire, de pierres*à b â tir s’ajoutait ¿encore u n autre
avantage, la facilité des transports que pré sen ta it le cours du Nil, sur les x'ives duquel
s’échelonnaient les principales villes: C’est à cette circonstance qu ’il faut attribuer
l’emploi du g ran it e t: du grès d a n s'to u te s les localités, même de la basse-Égypte,
où l’on ne trouvait que du calcaire à proximité.
Nous avons d it que nous'reconnaissions dans les monuments de pierres., (soit
bâtis, soit excavés dans le roc) les^essais prim itifs de piliers, et de, colonnes accusant
dans leu r forme unie in ten tio n de respect des conditions inhérentes de l’emploi de
la p ie rre , c’est-à-dire la série des colonnes protodoriques qui s dérivent, ;du pilier
carré en p ie rre ; et que c’est de là qu ’en coupant les quatre angles on est- arrivé, à
l’octogonal, et qu ’en taillant, à nouveau, les angles de l’octogonal, on.se rapprocha
encore davantage de la forme ronde des colonnes, puis qu ’en allégeant, ainsi, les
piliers des 'excavations,1 on-leur-constitua un d i a b l em e n t dont les nwtaHes.rappellent
. aussi-le® édifies®en bois.
■ bon d’b b s e « * qud dans le même temps, et dans des tombeaux semblables, on
donna la p référence a u x tom e s f bm f c s dans l’emploi des plafonds ; ce qui prouve que les
Égyptiens, d è s l a x i i ^ t e t i e , p a i e n t déjà une id ^ a rrê tê e :d e la.voûte, qu'ils employaient
m m reste; ¡¡•couvrir les conduits des p y r am id e s |# * tru itê s ie n b riq u e s .c ru e s.I
Enfin nous rencontrons encore, dans la disposition et la forme des tablettes funéraires,.
liées’ à '.de grandes surfaces unies, de véritables eonlre-Eorls ; parce que ces
•.ablettes, devaient quelquefois contre-balancer la poussée du terraiMgçontre lequel elles
é taient adossées. ,
Malheurettsëment,.dev l’innombrable quantité d yftonstructions élevées sous les
douze'premières dynasties, il ne s’est guère'-conservé jusqu'-MÿOs jours que des tombeaux
; et les colonnes protodoriques d u -s an ctu a ire de Karnac et les substfuctions du
la b y rin th e , sout les seuls débris qui nous re sten t des. m e « u « e « ts civils ou religieux
proprement dits : Quant aux tombeaux, ils abondent à tel p o in t qu ’ils nous fournissent,
silr l'architecture générale de ces époques, plu® de documents-techniques qu ’il n ’en
e x i É è c h e z aucun autre peuple de l’antiquité ;,p u isq # e n dehors dès-pyramides et des
vastes?sépultures des plus anciennes familles bâliesiautour d’elles, il nous reste encore,
■comme spécimens à consulter, les nombreux hypogées ren fe rm an t lès restes de hauts
fonctionnaires.
Le manque de temples s’explique par plusieurs causes : D’abord il est à croire que
. les temples1 sous les douze premières dynasties n ’é taient construits, en général, qu’en
matériaux peu durables. La religion p rim itiv e paraissant avoir été très-simple, le culte
des dieux dans ce temps ne se révèle pas comme ayant é té développé tel qu’on.le voit
plus ta rd : Car on s’abstenait encore de les personnifier, aussi ne trouvons-nous aucune
représentation de divinités des tombeaux su r les tablettes funéraires de ces époques ;
tandis que le culte des ancêtres, au contraire, ainsi que le respect pour les morts,
avaient atteint leu r apogée, e t q u e® respect n e dominait pas seulement chez les Égyptiens,
mais probablement aussi-chez leurs vainqueurs, de première date, les Hyksos;
sans quoi lesdombeaux n ’eussent pas ,ét;é:#pargnés-. Est-ce à ces circonstances et à la
conservation des tombeaux que nous devons a ttrib u e r lé caractère sombre et le cachet
sévère qui dominent dans l’arel«teelur.e cgypLiennc, en général, même au delà de, la
période pharaonique? On le croirait,-parce que ce fut-toujours la demeure éternelle,
l’h a b ita tio n iu te r r a in e ,. édifiée d’après les idées reçues chez les premiers Égyptiens,
qui se trouva servir de modèle aux demeures, passagères qui se construisaient à la sur-
face du sol.