nous offre le bois, arrivant en bille, puis débité par la main d’ouvriers chargés de le
dégrossir, pour en re ssortir sous la forme d’une magnifique statue d’ébène chargée
d’ornements d’or ; e t qui représente, sans doute, une divinité ou le pharaon régnant.
Ce qui prouve encore davantage que le goût des bois rares et de bonne qualité,
pour la confection des objets d’ameublement, se, manifesta chez le peuple égyptien dès
la plus haute antiquité ; c’est que l’on en rencontre, à chaque pas, des imitations
peintes dans les tombeaux de Gizeh et de Sakkara : aussi, dès que c e goût fu t devenu le
partage de toute la population sous le nouvel empire et sous les Lagides, voit-on-:les
gouvernements en imposer des. trib u ts aux peuples vaincus (nous en possédons, également,
u n e preuve dans la grande pe inture murale des trib u taires de Thoutmès III,
dont nous avons un calque grandeur d’exécution), ou les obtenir par la voie du commerce.
C’est ce qui explique encore comment à. Karnac, dans la représentation des
hauts faits de Séti Ier, on aperçoit des vaincus occupés à abattre les arbres d’une haute
forêt, dont le bois, par sa forme d ’équarrissage, pa ra ît visiblement destiné à des mâts
de vaisseaux ou à des colonnettes de temples. En outre, à p a rtir du règne d ’Àmasis, dont
le penchant, pour les usages des Grecs, avait in tro d u it en Égypte tous les produits de
l’a rt in d u strie l de la Grèce, il eût été difficile de se prononcer, d’une manière bien certaine
su r l'au th en tic ité de la provenance d ’un objet m obilier, si-les inscriptions nous
eussent fait complètement défaut : aussi n ’avons-nous reproduit que les meubles des
XVIII et XXe dynasties, qui nous ont paru dignes, du reste, de démontrer l’habileté des
artistes égyptiens dans cette branche d’industrie.
Qu’il nous suffise donc de dire, en terminant ce court chapitre, qu ’il n ’est pas
permis de douter si les objets mobiliers des temples, ou de Jaydemeure des pharaons,
pendant la première période historique nationale, fu ren t la h a u teu r des autres
créations artistiques ; c a r , pour les ren d re dignes de participer aux splendeurs
du service divin, on fit appel à tous les règnes de la nature, en même temps qu ’on
m it à contribution les productions des arts plastiques et les. produits des autres
branches de l ’a rt industriel, aussi furent-ils aussi remarquables que l’exigeait le but
auquel ils é ta ien t destinés. On sait, en outre, que, mâlgré l ’invasion d’usages étrangers,
les Égyptiens leu r conservèrent toujours la même influence, dans leurs moeurs, qu ’aux
autres produits de leu r génie national. À ce propos, n ’oublions pas de rappeler que
c’est à to rt q u ’on s’est plu à a ttrib u e r aux Grecsbl’invention des lits de repos soutenus
p a r des pieds de lion, puisqu’on en a retrouvé u n spécimen figuré dans le
temple d’Hermontis ; ici encore les Grecs ont été devancés par les Égyptiens.
ARMÉS ET OUTILS.
W u s R f o n s pas l’in te n tis f i- lé f itr e r dans déÿ explications . circonstanciées au
sujet des armes eh'usdgè, selon toute probabilité, chez les Égyptiens du premier empire
aussi bien q u e s o u s l a seconde période pharaonique et sous des Lagides (quoique nous
regardions comme très-plausible l'opinion; d’après laquelle les premiers Égyptiens y
auraieril été peu exercés,'et aura ient été, pour celte raison, une facile proie lors de la-
rapide conquête de leur pays par les pasteurs : et cela p arce qu’ils avaient du penser que
leu r isolement des autres peuples les leu r rendait peu nécessaires) ; nous savons, en
effet, qu’il suffira de-parcourir les planches de notre Atlas, qui repré sentent, soit les
combats dfeVpharaons du premier empire, soit dés scènes de chasses des premières
dynasties;-pour s’apercevoir qu’ils>firent-usage, avant tous les autres peuples, de presque
toutes les armes usitées dans l’antiquité jusqu à la période romaine,
La- seule p artiéfflarité qu ’il nous paraisse utile de m entionne r, c’est que toutes les
armes du premier et du second empire pharaoniques é taient en bronze, et que le fer
ne semble pas avoir été connu des .anciens Égyptiens ; car on ne rencontre jamais une
seule représentation de forgerons, tandis que-tous les autres métiers sont peints ou
sculptés dans les hypogées ; et cependant ces armes de bronze, auxquelles les représentations
de la XVIir dynastie-'-assignent un e date incontestable-d’an té rio rité de douze
siècles avant la guerre de Troie, se trouvent être semblables à celles qui sont décrites
p ar Homère dans les récits que leu r consacre son Iliade.
N'pu’s ne parierons pas, ici,-non plus, en détail, de la constitution industrielle des
corps de métiers destin# à fabriquer les outils, parce qu’il existe encore trop peu de
documents authentiques en | f qui lés-'concerne, et aussi parce que nous avons eu soin,
en traitant des procédés artistiques spèciaux, de faire comprendre, à propos de la
sculpture é t dé la peinture, /combien il avait fallu que les anciens Égyptiens eussent à
leur disposition de nombreux instruments de précision à leur dernier état de perfec-
tidn; 'nous nous bornerons à mentionner Ce fuit (qui parait tenir du merveilleux, mais
qu’il ne sera permis de contester, cependant, qu’après les recherches minutieuses, qui
enï'auront démôntiÉl’inanité) : que l’on a prétendu longtèmps que c’est avec les instruments
les plias primitifs que-les anciens Égyptiens ont exécuté leurs prodigieux travaux.
Les seuls outils connus, qui présentent une forme remarquable et très-appropriée
aux ouvrages délicats, sont des h a ch e tte su manche courbé, qu’on voit encore employées
dé nos jours en Égypte, dans -certains travaux où la précision et la force sont requises
en même temps; commet-par exemple, dans la fabrication des limes, Il fallait beaucoup